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L’automesure de l’INR émerge en France

Publié le 10 janvier 2009
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Depuis juillet dernier, deux appareils d’automesure de l’INR sont remboursés pour des cas spécifiques. Mais, avec 600 000 patients sous AVK en France, le marché pourrait exploser dans les prochaines années, à l’image de ses voisins européens.

C’était il y a quinze ans. Roche Diagnostics concevait le premier lecteur servant à mesurer l’INR (international normalized ratio), le CoaguCheck. Il était à l’époque essentiellement destiné au marché allemand car il y avait dix fois moins de laboratoires d’analyses médicales qu’en France. Résultat : cet appareil détient aujourd’hui 95 % de parts de marché. Outre-Rhin, 180 000 personnes se sont depuis équipées du CoaguCheck, remboursé à 100 % par les mutuelles (1 000 euros environ) sous réserve d’un stage de formation du patient dans des centres indépendants.

Remboursés en France pour les enfants

Si, aujourd’hui, 80 % des patients allemands autocontrôlent leur traitement, l’automesure de l’INR a gagné depuis d’autres pays comme l’Autriche, la Suisse, les pays scandinaves ou encore le Canada. D’autres encore suivent, comme l’Espagne et la Belgique où viennent d’être effectuées des demandes de remboursement pour ce type d’appareils.

En France, ce marché commence à peine à émerger. Depuis juillet 2008, deux appareils d’automesure de l’INR sont remboursés : le CoaguCheck et l’INRatio, au tarif LPPR de 1 136 euros. Le remboursement n’est possible qu’aux moins de 18 ans ayant un traitement antivitamine K (AVK) au long cours. Ce qui répond à une attente forte des médecins et des parents.

Si le marché concerne pour l’instant en France 300 petits patients, le remboursement pourrait à terme s’élargir aux adultes, soit quelque 600 000 personnes.

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Une baisse probable de 20 % des complications

Il faut dire que le développement de l’automesure pourrait générer des économies substantielles, comme une diminution des hospitalisations et des complications liées aux hémorragies graves par le biais de l’autonomisation des patients et du soin à domicile.

Des études le confirment. En 2006, la méta-analyse Henneghan a montré que la mise en place de l’automesure de l’INR diminuait très significativement les récidives thromboemboliques, les risques hémorragiques et les décès liés aux AVK. En outre, une étude STIC (« programme de soutien aux techniques innovantes coûteuses »), sollicitée par 23 CHU (sur 30 en France) et l’hôpital privé Marie-Lannelongue (Hauts-de-Seine), portant sur le suivi par automesure des personnes sous AVK et de son impact médicoéconomique, a débuté en mai 2007 et sera achevée en novembre 2009. Les premiers résultats seront disponibles au premier semestre 2010. Les experts espèrent démontrer une baisse de 20 % des complications (17 000 hospitalisations et 5 000 décès par an sont liés aux AVK selon des études de santé publique menées en 2001 et 2003). De quoi engendrer de notables économies et donner le feu vert à l’expansion de ce marché à partir de 2011.

Pour l’instant, aucun des grands leaders de l’automesure en France (Abbott, Lifescan, Ménarini…) n’est dans la course. Le modèle de prise en charge des patients en matière d’éducation thérapeutique reste à bâtir et le pharmacien pourrait, comme au Canada, y jouer un rôle central.