Dossier Médical Partagé : C’est bien parti !
Avec 3,5 millions d’ouvertures au 2 janvier 2019, le Dossier Médical Partagé (DMP) semble enfin lancé sur de bons rails. En grande partie grâce à l’implication des pharmaciens, en première ligne dans le déploiement de cet outil, qui ambitionne d’améliorer la qualité et la sécurité des soins des patients…
Par rapport à notre objectif initial de 40 millions de DMP à horizon 2022, nous sommes dans les temps. Le rythme de créations depuis le lancement officiel du service le 6 novembre dernier est, en effet, conforme à nos prévisions. Et il devrait encore s’intensifier lorsque toutes les pharmacies seront équipées. » Cette confidence d’Annelore Coury, directrice déléguée à la Gestion et l’Organisation des soins de l’Assurance maladie, illustre la place prépondérante attribuée au réseau officinal dans le déploiement de ce dispositif, qui permet gratuitement à tout patient de conserver ses informations de santé et de les partager avec les professionnels de santé de son choix. Et les pharmaciens semblent jouer le jeu, puisque, sur les 3,5 millions de DMP ouverts au 2 janvier dernier, 41 % ont été ouverts en officines.
« Ce niveau d’implication rappelle à tous que la profession fait le job lorsqu’elle est sollicitée, comme cela a déjà été le cas pour le dossier pharmaceutique ou la vaccination grippale », se félicite Gilles Bonnefond, président de l’USPO. Il montre aussi que les pharmaciens d’officine ont bien compris l’enjeu, qui va au-delà de la rémunération symbolique de 1 € accordée pour chaque DMP ouvert. « En accédant à toutes les informations médicales et biologiques contenues dans le DMP, les pharmaciens se voient placés au même niveau que les médecins et les infirmiers dans les équipes de soins primaires. L’accès aux comptes-rendus des examens médicaux, des consultations, des opérations chirurgicales, plans personnalisés de soins ou des protocoles de soins ALD nous permettra, par exemple, de délivrer à un patient à qui on a enlevé un rein des médicaments, des conseils compatibles avec la situation de sa fonction rénale, alors que jusqu’à présent, nous travaillions en aveugle », souligne Gilles Bonnefond, qui prédit une accélération du rythme des ouvertures lorsque toutes les pharmacies seront équipées. « Lors d’une réunion en décembre 2018 avec les éditeurs de logiciels, ces derniers se sont engagés auprès de la CNAM et des syndicats de pharmaciens à équiper le plus rapidement possible l’ensemble des officines », confie Gilles Bonnefond.
SIMPLE et rapide.
Chez Smart Rx, la moitié des officines équipées du logiciel Smart Rx Agile sont d’ores et déjà en capacité d’ouvrir des DMP, la totalité du parc clients devant être équipée courant 2019. Le processus mis en place par l’éditeur se veut le plus simple possible. « La création du DMP est intégrée à notre LGO et peut s’effectuer en début de facturation ou après la validation de la vente, à condition que la carte vitale du patient soit insérée dans le lecteur », précise Stéphane Roux, Directeur de la R&D chez Smart Rx. Comme l’interface de création est pré-remplie avec les informations lues sur la carte vitale, le pharmacien n’a qu’à cocher la case « Le patient consent à la création de son DMP » et à demander à celui-ci s’il veut activer son compte Internet pour consulter son DMP sur le site www.dmp.fr ou sur l’application du même nom. « Si c’est le cas, le patient doit fournir son numéro de téléphone mobile ou son e-mail, afin de recevoir le code d’accès à usage unique qui lui sera envoyé par la CNAM à chaque fois qu’il se connectera à son dossier », rappelle Stéphane Roux. Une fois le DMP validé, le pharmacien doit imprimer et remettre au patient un document indiquant l’identifiant de connexion et le mot de passe qui lui permettront de consulter son dossier sur le site www.dmp.fr. Toujours pour faciliter le travail des équipes officinales, le contrôle d’existant du DMP est automatique. « Dans la prochaine version, qui sera disponible dans le courant du premier trimestre, le pharmacien pourra créer le DMP des ayant-droits », ajoute Stéphane Roux.
LES ÉVOLUTIONS attendues.
Le DMP est appelé à évoluer dans les mois qui viennent. « Grâce aux données alimentées automatiquement par la CNAM avec les informations contenues dans ses bases de remboursement, un patient peut d’ores et déjà consulter sur son DMP l’historique de ses remboursements médicalisés, la liste de ses consultations chez son médecin généraliste et chez des spécialistes, la durée d’un séjour d’hospitalisation…, rappelle Annelore Coury Demain, il aura accès aux comptes-rendus de ses analyses biologiques, à la liste de ses vaccins remboursés, aux ordonnances en cours chez son médecin généraliste… ». L’intégration du Dossier Pharmaceutique au DMP devrait également intervenir dans les prochains mois. « Pour l’heure, le DMP ne renseigne que les médicaments remboursés, souligne Annelore Coury. L’intégration du DP nous permettra d’indiquer tous les médicaments prescrits ou non, remboursés ou non. Avec un historique qui court jusqu’à 24 mois, alors que le DP se limite, lui, aux médicaments dispensés au cours des 4 derniers mois. Il y a donc une vraie complémentarité entre ces deux outils. »
Du côté des pharmaciens, on attend avec impatience l’évolution qui permettra de consulter les DMP depuis n’importe quel poste de l’officine. Pour des questions de sécurité, la consultation ne peut aujourd’hui se faire que sur le poste équipé avec la carte CPS. « Suite à une réunion avec les éditeurs de logiciels, il a été décidé en accord avec le directeur de la CNAM que l’accès pourrait se faire sur tous les postes de travail, ce qui permettra de garantir que c’est bien un professionnel de santé, sous la responsabilité du pharmacien d’officine, qui consulte et enrichit le DMP, précise Gilles Bonnefond. Cette mesure contribuera aussi à faire décoller le déploiement et les usages en officines, car si l’on veut que les pharmaciens accélèrent la cadence sur la création des DP, il faut leur donner la possibilité de les consulter. » CQFD !
14 856 PHARMACIES
C’est le nombre d’officines qui étaient en capacité de créer des DMP, au 2 janvier dernier. Cela représente les deux tiers du parc officinal.
40 MILLIONS DE DMP OUVERTS
C’est l’objectif fixé par Agnès Buzyn, ministre de la Santé, à échéance 2022.
BilanLes professionnels libéraux à la traîne ?
Avec seulement 3 % de DMP créés, les professionnels de santé libéraux ne semblent pas vraiment impliqués dans le déploiement du DMP. Ce constat n’alarme pas Annelore Coury, directrice déléguée à la Gestion et l’Organisation des soins de l’Assurance maladie. « Lorsqu’on nous a demandé de relancer le dispositif après l’échec des deux tentatives précédentes, nous savions que les médecins n’avaient pas le temps de s’en occuper. D’où cette idée de permettre la création du DMP par d’autres canaux, en misant notamment sur les pharmaciens. Mais, nous attendons aussi beaucoup de la négociation en cours avec les syndicats d’infirmiers, qui pourrait déboucher sur une mobilisation de la profession, notamment en direction des patients qui ont du mal à se déplacer hors de chez eux. »
L’ESSENTIEL
→ Avec 41 % des DMP ouverts, les pharmaciens sont en première ligne dans le déploiement du Dossier Médical Partagé.
→ Le fait d’accéder à toutes les informations contenues dans le DMP place les pharmaciens au même niveau que les médecins et les infirmiers dans les équipes de soins primaires.
→ Pour chaque DMP créé, le pharmacien perçoit 1 €. Une rémunération symbolique, mais l’ouverture d’un DMP ne prend que quelques secondes grâce à l’intégration au LGO.
→ Le rythme d’ouverture des DMP en officine devrait encore s’accélérer, quand toutes les officines seront équipées et que le DMP sera consultable sur l’ensemble des postes de la pharmacie.
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