Doctolib deviendrait-il une menace pour l’Assurance maladie ?

Ce projet, perçu par certains comme une concurrence directe au carnet de santé numérique public Mon espace santé, relance le débat sur le rôle des acteurs privés dans la gestion des données de santé.

Centraliser pour mieux partager

La fonctionnalité, prévue pour fin 2024, permettra aux utilisateurs de rassembler leurs données médicales – antécédents, traitements, allergies, carnet de vaccination – et de les partager en quelques clics avec leurs soignants ou leurs proches. Des rappels personnalisés pour la prévention santé seront également proposés. « L’objectif est de rendre les patients plus autonomes en leur donnant accès à des informations utiles au bon moment », explique Stanislas Niox-Chateau, cofondateur et président de Doctolib. Selon lui, Mon espace santé et Doctolib n’ont pas vocation à s’opposer. « Nous discutons avec les pouvoirs publics pour créer des passerelles entre nos solutions », assure-t-il.

Un projet qui inquiète

Ces explications ne dissipent pas les doutes de l’Assurance-maladie. Dans un entretien au Monde, son directeur général, Thomas Fatôme, s’est montré prudent. « Il ne doit pas y avoir concurrence », a-t-il averti, estimant que la nouvelle fonctionnalité de Doctolib « semble très proche de ce que propose Mon espace santé ». Pour le responsable, le cadre législatif confie au service public la responsabilité de référencer et d’héberger les données de santé. « Il y a une vraie ambiguïté à voir émerger une alternative privée », a-t-il souligné, tout en appelant à une clarification rapide.

Une stratégie offensive

Au-delà de cette controverse, Doctolib poursuit son expansion dans le secteur du numérique de santé. La plateforme, déjà incontournable pour la prise de rendez-vous en ligne, développe de nouveaux services pour les professionnels, comme un assistant de consultation basé sur l’intelligence artificielle.

Pour les patients, Doctolib prévoit également des outils inédits d’ici 2025-2026, notamment des contenus médicaux personnalisés selon les pathologies. Cette diversification vise à renforcer sa place dans un écosystème en pleine mutation, où les attentes des patients et des soignants s’intensifient.

Alors que le numérique redessine les frontières de la santé, la cohabitation entre initiatives publiques et privées pourrait bien devenir un enjeu majeur des années à venir. Pour l’heure, la collaboration entre Doctolib et Mon espace santé reste à clarifier.