« Dans mon officine, j’ai réalisé plus de 1 000 téléconsultations »
Pour lutter contre la désertification médicale, François Clouet, cotitulaire avec sa fille Camille Soubieux dans la Beauce, a lancé un service de téléconsultations plébiscité par les patients. Depuis son lancement en janvier 2019, l’officine en a réalisé plus de 1 000.
En apprenant la signature de l’avenant 15 sur la téléconsultation à l’officine le 6 décembre 2018, François Clouet et Camille Soubieux n’hésitent pas longtemps. Cotitulaires de la pharmacie de Toury, un village de la Beauce en Eure-et-Loir, père et fille lancent ce service dès le mois de janvier. « Notre communauté de communes de 8 000 habitants ne compte plus qu’un seul médecin, contre cinq il y a une dizaine d’années, souligne le pharmacien. Comme le dernier généraliste était dans l’incapacité d’accepter tous les patients, et que la mairie ne parvenait pas à attirer un second médecin, nous nous sommes dit que la téléconsultation pouvait constituer une alternative intéressante. »
Ils installent la station Medicitus et les dispositifs médicaux connectés (stéthoscope, otoscope, dermatoscope, tensiomètre, thermomètre et glucomètre) dans une salle de 16 m2, utilisée jusque-là pour les essais orthopédiques. « Le bouche-à-oreille a tout de suite fonctionné avec une trentaine de téléconsultations dès le premier mois, confie le titulaire de 62 ans. Depuis, nous tournons à une moyenne mensuelle de 80. » Le cap des 1 000 a été franchi en mars. Pendant le confinement, le rythme est retombé à une cinquantaine, car « nous étions en effectif réduit, des collaborateurs ayant été affectés par le Covid-19 », précise François Clouet.
De 1 à 94 ans
Avec le déconfinement, les flux ont retrouvé leur rythme de croisière. Dans la salle défilent des patients de tous âges, du plus jeune (1 an) au plus âgé (94 ans). Pour ne pas se laisser déborder, les cotitulaires ont dû mettre en place une organisation serrée. « Nous ne fonctionnons que sur rendez-vous, entre 14 h et 17 h, même s’il nous arrive d’assurer des urgences », précise le pharmacien. Avant la connexion, le dossier médical du patient, avec ses antécédents et ses traitements en cours, est envoyé au praticien. Dans 95 % des cas, et toujours avec l’accord du patient, un titulaire reste dans la salle afin d’assister le médecin dans la prise de constantes.
« Il y a une quarantaine de médecins sur la plateforme, note François Clouet, mais je travaille essentiellement avec trois ou quatre avec qui j’ai noué une relation de confiance. » Des praticiens qui ne sont cependant pas de la région. « En l’absence de médecins de proximité sur la plateforme, nous sommes dans l’impossibilité de respecter le parcours de soins coordonnés, regrette-t-il, d’autant que la moitié de nos patients n’ont pas de médecin traitant. » Toutefois, toutes les téléconsultations ont été remboursées. « De mémoire, nous n’avons eu qu’un ou deux refus par l’Assurance maladie. Un simple courrier a permis de régler le problème », assure François Clouet qui mise sur la CPTS Beauce-Gâtinais, dont il est membre, pour s’inscrire pleinement dans l’esprit de l’avenant 15.
A la question « ce service est-il rentable ? », François Clouet répond sans ambages. « Nous ne l’avons pas lancé pour gagner de l’argent. D’ailleurs, il y a belle lurette que nous ne sommes plus rémunérés, nous avons dépassé depuis longtemps le cap des 40 téléconsultations par an. Nous le faisons pour pallier les difficultés d’accès aux soins et pour conserver un flux d’ordonnances qui serait probablement parti ailleurs. »
BIO François Clouet
1985 Diplômé de la faculté Paris 11
1991 Cotitulaire de la pharmacie de Toury avec son épouse
2018 Cotitulaire avec sa fille Camille Soubieux après le départ à la retraite de son épouse
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