Clients sous e-contrôle
Pallier à la désertification médicale, améliorer la prévention et l’observance, apporter une nouvelle source de revenus aux pharmaciens… Sur le papier, le suivi connecté des patients à l’officine est séduisant. Qu’en est-il sur le terrain ? bilan des dispositifs pharmaclinic et sympad, mis en place depuis un an.
Sur les six premiers mois, les huit pharmacies qui expérimentent PharmaClinic ont réalisé 2 170 mesures connectées qui ont généré 700 connexions à la plateforme médicale H2AD et 432 alertes de régulation par les médecins de cette plateforme. Et ces derniers mois, nous avons assisté à une montée en puissance avec plus de 50 consultations par mois dans chaque pharmacie. » Un an après avoir lancé PharmaClinic, Xavier Bouhet, directeur général de What Health, dresse un premier bilan positif. Titulaire de la Pharmacie du Château à Beaumont-sur-Oise, Xavier Maillard a été l’un des premiers à tester PharmaClinic. Son bilan est moins enthousisaste. « Pour l’hypertension, le démarrage a été rapide puisqu’en trois mois, nous avions déjà effectué 180 prises de tension. La montée en puissance a été plus progressive pour le diabète. » Le problème, c’est qu’au fil des mois, le volume des mesures a baissé. « Essentiellement parce que nous n’avons pas le temps de nous occuper du suivi de nos patients », reconnaît le titulaire.
RETOUR sur investissement ?
Déployé lui aussi début 2016 dans une quinzaine de pharmacies, le projet Sympad n’a pas connu la même trajectoire. Le dispositif est pourtant sensiblement le même. Le pharmacien est équipé d’une batterie d’objets connectés, d’une interface pour accéder aux données des patients, et il a la possibilité de poser en direct une question écrite à une plate-forme médicale, en l’occurrence celle de Médecin Direct. « Le premier bilan est assez décevant en termes de prise en charge, admet François Lescure, président de Médecin Direct. Après un début prometteur, et des retours positifs de la part des patients et des pharmaciens, ceuxci ont petit à petit abandonné le dispositif. Par manque de temps, mais surtout parce qu’ils ne sont pas rémunérés pour ce service. » Co-titulaire avec Vincent Duménil de la Pharmacie Martin-Pinel à Pont-de- Chéruy, David Thierry reconnaît que son équipe ne se sert plus de Sympad. « Nous préférons utiliser les outils que nous avons développés au sein du groupement Hello Pharmacie qui nous permettent de mutualiser les résultats des actions de dépistage que nous menons régulièrement dans nos 35 officines. »
L’absence de rémunération, et le coût des dispositifs constituent les principaux freins au développement du suivi connecté des patients à l’officine. Pour utiliser Sympad, une pharmacie doit payer 200 € par mois. Pour PharmaClinic, le loyer mensuel est de 500 €, auquel il faut ajouter 2 700 € pour acquérir les dispositifs médicaux connectés et 3 500 € de droit d’entrée. « Tant que ces consultations ne nous serons pas rémunérées par la CPAM, les mutuelles ou les complémentaires, nous ne pourrons pas rentabiliser ce type d’investissement, assure Xavier Maillard. Ceci étant dit, pour une pharmacie positionnée sur le service, les bénéfices en terme de reconnaissance par les médecins, les infirmières et les patients ne sont pas directement chiffrables, mais réels. » Cette équation insoluble en matière de rentabilité ne devrait pas être un frein pour les pharmaciens d’après David Thierry. « Si l’on veut un jour être rémunéré pour ce service, il faut d’abord que la profession démontre à la CPAM et aux mutuelles que le suivi connecté des patients à l’officine améliore la prévention et l’observance, et génère des économies. »
NOUVELLE donne
Malgré ces débuts décevants, François Lescure n’entend pas renoncer. « Nous allons suspendre le déploiement de Sympad au profit d’une solution de téléconsultation combinée avec l’application de suivi des patients chroniques Qalyo. Dans ce nouveau dispositif, les pharmaciens devront s’équiper en objets connectés et l’accès à Qalyo sera gratuit dans sa version de base. » La prise en charge par certaines mutuelles et complémentaires santé des téléconsultations sur Médecin Direct permettra aux patients adhérents d’échanger gratuitement sur leur état de santé avec les médecins de la plate-forme. Grâce à une autorisation obtenue en juin dernier, ces derniers peuvent désormais dispenser, sous certaines conditions, des ordonnances aux patients qui le nécessitent.
Preuve que le marché du suivi connecté a du potentiel, il attire les convoitises. Visiomed vient de lancer VisioCheck, une station de télémédecine connectée de la taille d’un Smartphone qui embarque toute une série de dispositifs médicaux connectés pour mesurer les constantes physiologiques vitales. Elle est aussi équipée d’un écran LCD tactile et d’une caméra pour filmer ou photographier des plaies, des boutons, ausculter la gorge et les amygdales… « Lorsque les résultats révèlent quelque chose d’anormal, la station permet de réaliser des visioconférences avec la plate-forme médicale de téléconsultation MyDoc », complète éric Sebban, le PDG de Visiomed. Ce petit bijou de technologie est vendu 2 500 € HT, auquel il faut ajouter un abonnement mensuel oscillant entre 49 € HT et 79 € HT. Une deuxième option est proposée sans achat, avec un abonnement mensuel compris entre 199 € HT à 249 € HT. « Avec cette station de télémédecine révolutionnaire, nous ciblons un marché potentiel de 10 000 pharmacies », conclut éric Sebban.
ON EN PARLE
WITHINGS
Ça balance pas mal !
C’est une petite révolution que propose Withings dans la pesée des bébés. Ses deux balances connectées, Withings Body et Body Cardio, permettent en effet de peser son enfant en le portant dans ses bras. Il suffit pour cela de lui créer un profil dans l’application Health Mate, et de monter sur la balance avec son bébé dans les bras pour que son poids s’affiche à l’écran, à 100 grammes près. Ces données sont instantanément synchronisées avec l’application pour que l’utilisateur puisse surveiller la croissance de l’enfant entre chaque visite chez le pédiatre. Withings Body est vendue au prix de 129,95 €, Body Cardio à 179,95 €.
Y.R.
77 % DE PHARMACIENS N’ONT JAMAIS VENDU D’OBJETS CONNECTÉS DE SANTÉ. MAIS ILS SONT 65,6 % À SE DÉCLARER PRÊTS À EN VENDRE…
Y.R.
Source : 4e édition du baromètre du pharmacien connecté réalisé par Medappcare, Le Moniteur des Pharmacies et Direct Medica
L’APPLI DU MOIS
Créée par Sterling Pharma, l’appli Conseil Santé permet aux pharmaciens de se rapprocher de leur clientèle. Comment ? Une fois que le client a sélectionné sa pharmacie d’après son code postal, il répond à un questionnaire pour constituer son profil bien-être. Il reçoit ensuite quotidiennement des conseils personnalisés, rédigés par un comité éditorial composé de pharmaciens et journalistes scientifiques. L’application – gratuite pour le pharmacien et ses patients – permet aussi d’accéder aux promotions de l’officine, de lui envoyer son ordonnance. Une nouvelle façon de générer du « drive to store ». M.L.
WEBINARS
Naturactive vient d’inaugurer une plateforme sur internet qui propose des webinars trimestriels de 30 minutes aux pharmaciens et équipes officinales. Ces séances de formation sont délivrées en audio par deux médecins spécialistes en phytothérapie. La prochaine session se déroulera les 12, 19 et 28 septembre, et le 3 octobre. Elle sera consacrée à la vitalité et aux maux de l’hiver. Pour s’y inscrire, il faut être client naturactive et demander un code d’accès au délégué du laboratoire.
Y.R.
ALLO
Vos patients ont de plus en plus de mal à accéder à un médecin généraliste ?
Orientez-les vers Hello Care. Cette application permet de consulter à distance un médecin généraliste 7 jours sur 7, de 7h à 22h. Les trois premières consultations sont gratuites. Les suivantes seront facturées 29 €, non remboursés. Des négociations sont en cours pour une prise en charge par des mutuelles.
Y.R.
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