Action… réactions !
Si 98 % des officines utilisent un logiciel de gestion agréé pour gérer l’ordonnance électronique, les modalités de sa modification et l’obligation de télétransmettre la version papier à l’Assurance maladie suscitent encore des interrogations.
Expérimentée par la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam) entre octobre 2017 et février 2020 en deux vagues sur trois départements, la prescription électronique est officiellement née le 21 décembre 2023 (décret n° 2023-1222) : encore très peu utilisée, le ministère de la Santé vise sa généralisation au 1er janvier 2025. « Je sais que cette date retient l’attention. Mais ce qui compte, c’est le mouvement en cours de transformation de notre système de santé. Aujourd’hui, qui se souvient de la date à laquelle 80 % ou 90 % des remboursements ont été effectués par carte Vitale ? On a même oublié les formalités papier auxquels ils donnaient lieu. Demain, on aura aussi oublié les ordonnances papier », avance Xavier Vitry, directeur de projets de la Délégation du numérique en santé (DNS).
Éditeurs en piste.
Chevilles ouvrières de cette transformation, onze éditeurs ont planché pour intégrer le traitement de cette e-prescription dans leur logiciel de gestion d’officine (LGO). Equasens, Leo et, depuis février 2024, Winpharma, PharmaVitale et Pharmaland ont reçu l’agrément de la Caisse primaire d’Assurance maladie (CPAM), effectué des tests dans un petit nombre d’officines (phase de préséries) et reçu le feu vert de la CPAM pour déployer ce service chez leurs clients. Au 6 mai, Smart Rx, Visiopharm et Pharmony étaient en phase de préséries. Les éditeurs ayant répondu à un même cahier des charges, le traitement de l’ordonnance numérique dans leur LGO sera peu ou prou le même.
L’e-ordonnance en pratique.
Après lecture du QR code, une fenêtre indique les informations envoyées par le médecin dans la base de l’Assurance maladie, qui permet de s’assurer du contenu de l’ordonnance papier présentée : les produits prescrits et le patient bénéficiaire. « Après acceptation de l’ordonnance, les produits prescrits s’affichent en bas de l’écran tandis que les produits à délivrer apparaissent en haut de l’écran à mesure qu’ils sont scannés. Si l’officine dispose d’un robot, un double-clic sur les produits prescrits les place à la délivrance sur le haut de l’écran », explique Stéphane Zemour, responsable commercial chez Pharmaland. Après avoir complété la liste des produits à délivrer, une fenêtre confirme la correspondance entre les produits prescrits et les produits à délivrer. « Pour les produits sans code identifiant de présentation (CIP), les correspondances entre “prescrits” et “à délivrer” se font en cliquant sur le produit de droite et le produit de gauche », poursuit-il.
Pépins à prévoir.
Le traitement débutant par la lecture d’un QR code, si ce dernier ne peut être lu à cause d’une mauvaise impression ou d’un appareil en panne, il faudra recopier dans le LGO un code de 18 lettres et chiffres identifiant la prescription. Autre tracasserie : des modifications d’ordonnance chronophages ont été pointées par plusieurs pharmaciens. Des menus déroulants de 12 motifs avec, pour chacun, 5 à 10 sous-motifs, ont en effet été prévus dans les cahiers des charges pour justifier les modifications. « Un confrère m’a indiqué que ces menus déroulants lui avaient pris 5 à 6 minutes de plus lors de sa dispensation », déplore Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Enfin, quand une officine exécute une e-ordonnance, elle ne devrait pas avoir à télétransmettre sa version papier par Scor [Scannérisation des ordonnances]. Pourtant, sans cela, certaines caisses, souvent hors département, refusent de payer. Nous devons alors forcer les envois », regrette-t-il. Chez Equasens, on indique être techniquement prêt pour s’affranchir de cette étape mais attendre l’agrément administratif. « L’affranchissement des transmissions par Scor devrait être possible au cours du 2e semestre 2024 », selon Raynald Martino, son directeur marketing.
Une généralisation en officine courant 2024 ?
Selon la Cnam, « les éditeurs autorisés peuvent activer l’ordonnance électronique partout en France. La montée en charge est en cours. Les modalités de généralisation sont à la main des éditeurs avec pour objectif que les pharmacies puissent être équipées et formées d’ici la fin 2024 ».
Equasens et Pharmaland prévoient d’activer leur module e-ordonnance à la demande de leurs officines clientes, lorsqu’elles en auront à traiter. La formation, elle, est prévue dans les règles de financement des éditeurs et est due aux pharmaciens par les éditeurs. Attention, nombre d’équipes ignorent l’implémentation des modules Ségur – dont l’e-ordonnance – dans le LGO et l’obligation de cette formation. N’hésitez pas à la demander !
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