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Un « modèle » mal vécu outre-Rhin
Malgré une forfaitisation à la boîte, la répartition allemande a vu son chiffre d’affaires décroître en raison d’une baisse de sa marge et du marché des médicaments.
A en croire les répartiteurs allemands, rien ne va plus depuis l’arrivée de l’Amnog il y a tout juste deux ans. Cette réforme du marché du médicament leur a demandé de fournir un effort de 200 millions d’euros d’économies, avec pour levier, une baisse – durable et non renégociable – de un point de leur marge. Une marge qu’une réforme précédente avait déjà brutalement diminuée de moitié en 2004. Résultat, de 12 % en 2003, la marge des grossistes est aujourd’hui d’environ 5 %.
Un forfait à l’instar des pharmaciens
En contrepartie, l’Amnog a apporté aux répartiteurs un nouvel outil qui leur confère stabilité et visibilité : le forfait. Comme pour les pharmaciens*, la boîte est l’unité de mesure de la rémunération du grossiste qui perçoit un fixe de 0,70 centime plus 3,15 % sur le prix de vente du médicament, soit une somme plafonnée à 38,50 euros au total par boîte.
On pourrait croire les grossistes sortis d’affaire, d’autant que leur part au marché global du médicament a traversé la réforme avec une relative stabilité : 3,1 % en 2012 contre 3,5 % un an auparavant. Mais c’est sans compter avec les effets de la réforme sur les ventes de médicaments qui ont reculé de 30,8 milliards d’euros en 2011 à 29 milliards d’euros l’année dernière. Au gré de la marge commerciale, le chiffre d’affaires global des treize répartiteurs allemands est donc passé de 1,08 milliard d’euros en 2011 sous la barre des 900 millions en 2012.
Les répartiteurs allemands s’estiment d’autant plus fragilisés que les volumes de vente directe ont augmenté de 9 % entre 2011 et 2012, détournant ainsi 15,2 % de parts du marché du médicament – ou 4,1 milliards d’euros – du circuit de la répartition. L’Allemagne détiendrait ainsi, après la France, le plus fort taux de vente directe d’Europe. « Une particularité historique », note, résignée, la Phagro, la fédération des grossistes-répartiteurs allemands, tandis que le répartiteur Celesio impute cette caractéristique à la prépondérance du générique. Les pharmaciens allemands sont en effet obligés de substituer au moins l’équivalent de 5 % de leur chiffre d’affaires.
Des prix négociés entre caisses et laboratoires
En ce début février, les répartiteurs se préparent à une nouvelle bataille. L’Amnog oblige désormais les fabricants, qui fixaient jusque-là eux-mêmes leurs prix, à négocier le prix de leurs médicaments innovants avec les caisses. Treize produits ont ainsi fait l’objet de négociations au cours de l’année dernière. Alors que les caisses les somment d’appliquer les nouveaux prix, répartiteurs et pharmaciens font la sourde oreille. Estimant avoir déjà payé leur tribut à la réforme par la baisse de leur marge, ils continuent d’indexer leur marge commerciale à l’ancien tarif (voir Le Moniteur n° 2966) et craignent que les négociations de prix entre laboratoires et caisses soient étendues à d’autres catégories de médicaments.
* Depuis 2004, Le pharmacien perçoit des honoraires par boîte (actuellement 8,35 euros) plus 3 % du prix de vente du médicament (2 euros sont rétrocédés aux caisses).
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