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Monter son site Internet

Publié le 4 mai 2002
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Ils ne sont guère plus d’une centaine à s’être lancés dans l’aventure : les titulaires qui ont monté eux-mêmes ou qui ont fait réaliser leur site Internet par un prestataire reconnaissent un impact limité, même si certains estiment par ce biais préparer l’avenir. Dans l’attente d’une libéralisation du commerce électronique, ils proposent des informations santé diverses et une interactivité relative par e-mail avec leur clientèle branchée.

Le site fait maison

Les pharmaciens qui ont monté leur propre site reconnaissent qu’il s’agit d’un investissement à fonds perdu dans l’immédiat (certains diront « un pari sur l’avenir ») qui relève plutôt de la campagne d’image (on donne l’adresse de son site sur sa carte de visite, sur la porte vitrée de l’officine le cas échéant).

Jean-Pierre Roy a créé son site (1) en 1999, « pour que, lorsque l’on tape « Giphar », on trouve quelque chose », reconnaît-il, car à l’époque son groupement n’était pas présent sur Internet. Aujourd’hui, le site reçoit en moyenne 6 000 visites par mois. Réalisé par le pharmacien à l’aide du logiciel Clarisse Home Page (Macintosh), il est régulièrement actualisé. « Les internautes posent beaucoup de questions, trois à quatre par semaine. Il y a un vrai intérêt. Je reste bien entendu dans le cadre de la stricte législation en renvoyant les personnes à leur praticien et à leur pharmacien. » Jean-Pierre Roy est en phase d’étude pour le moment : répertoire des mots clés pour accéder au site, pages les plus fréquentées… Sans appeler de ses voeux ce qu’il nomme « une dérive commerciale ». Il se déclare prêt, le cas échéant, à une ouverture commerciale du site, adossé au site national de son groupement.

Le sur mesure

i-Pharm, concepteur d’un logiciel de gestion et de transmission de commande, propose au pharmacien de concevoir son site Internet, sa vitrine virtuelle institutionnelle, moyennant une somme de 3 800 à 4 600 Euro(s)Euro(s)(2). « Il est évident que la rentabilité immédiate de cette démarche est peu importante », précise Jimmy Cohen, directeur d’i-Pharm, qui s’empresse d’ajouter qu’il s’agit de créer une notoriété sur le réseau pour se préparer dans un avenir proche au commerce électronique. Il estime qu’à terme 10 à 15 % des officinaux seront concernés. Les sites proposés aujourd’hui aux pharmaciens sont généralement programmés en HTML (sans animation) pour favoriser un accès rapide aux pages sans nécessiter l’installation d’un « plug-in » qui prend une dizaine de minutes (pages programmées en Flash), ce qui peut décourager les internautes disposant d’un matériel peu performant. A l’heure actuelle, on préfère sacrifier l’esthétique et l’accroche marketing à la rapidité de navigation : seulement 10 % des sites aujourd’hui sont programmés en Flash, précise Jimmy Cohen, qui estime que seulement 30 % des internautes peuvent les lire. « Notre but, à terme, est de permettre au pharmacien d’administrer son site web à travers son outil de gestion de commande informatique i-Pharm. »

Les groupements

Patrick Lebranchu, responsable Internet du groupement Plus Pharmacie depuis deux ans, reconnaît que le projet Internet prend une nouvelle ampleur : le groupement propose une aide efficace à l’élaboration de sites individuels à ses adhérents. Une vingtaine d’entre eux possèdent aujourd’hui leur site dont 50 % présentent des signes de reconnaissance identiques (page d’accueil « Plus Pharmacie », arborescence) les affiliant directement à l’enseigne (3). Le nom de domaine reste propre à chaque pharmacie et les contenus peuvent être individualisés à volonté. « Un nouveau cahier des charges va nous permettre de proposer des prestataires webmasters à nos adhérents désireux de monter leur site, à des prix négociés qui devraient avoisiner les 800 Euro(s) par site de dix à quinze pages en HTML avec procédure d’actualisation simple, en quelques clics. » Moyennant quoi, les sites proposés s’inséreront dans des masques préétablis de qualité professionnelle, mais conformes à la charte graphique du groupement. Compte tenu des contraintes d’une actualisation régulière, le groupement envisage également à terme de pouvoir effectuer pour les pharmaciens des mises à jour ponctuelles. Patrick Lebranchu précise également qu’un projet en cours pourrait aboutir à l’établissement d’un réseau de pharmacies virtuelles Plus Pharmacie reliées au site central du groupement.

Le site clefs en main

Pour ceux qui n’ont pas l’âme d’un bricoleur et encore moins celle d’un concepteur, des solutions toutes faites permettent, avec un investissement en temps et en argent réduit au strict minimum, d’être présent sur la Toile. Alain Pichon (4) propose ainsi aux officinaux de « bénéficier sur son site de leur propre page personnelle avec leurs coordonnées, un plan d’accès, les horaires d’ouverture et leurs spécialités. Nous mettons à leur disposition des pages d’informations thématiques, des conseils, actualisés chaque mois ». Ce site offre également en option un module qui permet au client de faire préparer sa commande et de venir la chercher à l’officine plus tard. Le coût de ces services s’élève à 68,6 Euro(s) (construction des pages) auxquels il faut ajouter 96,04 Euro(s) pour la première année (hébergement, contenu, actualisation).

Publicité

Luc Guichard (Exonet) est spécialisé dans la réalisation de sites pour les acteurs de la pharmacie : laboratoires, répartiteurs, groupements de pharmaciens, pharmaciens individuels. C’est au sein du portail Exoliens qu’il a permis aux titulaires d’ouvrir leur pharmacie virtuelle (1 200 en ligne actuellement, plus de 5 000 prévues d’ici à juin 2002). « Nous avons créé sur la partie grand public d’Exoliens. com, qui doit voir le jour sous peu, les 23 000 officines françaises, mais elles ne deviendront actives que sur la demande du titulaire. » Chaque pharmacie virtuelle se compose d’une partie individualisée actualisable en permanence (présentation de l’officine, spécialités, garde, services, conseils, liens vers des sites indépendants) et d’une partie « vitrine laboratoire et groupement » sur laquelle chacun peut livrer une information conseil santé et publicitaire (visuels, vidéos). Au titulaire d’ouvrir chaque matin sa pharmacie virtuelle en se rendant sur la partie professionnelle d’Exoliens pour être présent sur le moteur de recherche grand public, moyennant quoi il bénéficiera à la fin de chaque mois d’une rétribution correspondant à la location de la partie vitrine de son site. « Nous comptons faire connaître le service grand public Exoliens par le biais d’un macaron affiché dans les officines et d’une communication de proximité des officinaux », conclut Luc Guichard.

(1) http://perso.wanadoo.fr/pharma.rocheville.

(2) Voir http://www.pharmacie-choplin.com.

(3) Voir par exemple : http://www.pharmaciebelloir.com.

(4) Cofondateur de pharmacies-de-france. fr.

Pour bien utiliser votre prestataire

Le recours à un prestataire est une démarche au coût élevé. Pour en tirer le maximum de profit, sachez travailler avec lui :

– Demandez un cahier des charges précis (outre le coût, il vous permettra d’avoir une idée assez concrète de l’aspect futur du site et de la façon dont les utilisateurs navigueront à l’intérieur).

– Choisissez avec lui votre nom de domaine – composé d’un préfixe (les 3 w), d’un nom (celui de votre officine) et d’un suffixe (.fr, .com, .org…) et laissez-le réaliser les démarches relatives à sa réservation.

– Fournissez les éléments utiles (textes, photos, logos…) qui seront retravaillés pour agrémenter et personnaliser votre site.

– Enfin, n’hésitez pas à contrôler l’évolution du site et à vérifier son ergonomie au fur et à mesure de l’avancement des travaux (le prestataire vous fournira le moyen d’accéder à votre site en construction).

Traduction simultanée

Plug-in : petit programme ajoutant des fonctions à un navigateur Internet. Généralement téléchargé gratuitement, il permet, par exemple, la réception audiovisuelle.

Flash : programme plug-in de dynamisation des pages Internet.

HTML : langage de programmation de pages web. Sigle de Hypertext Markup Language.

Une loi pas si net… te

Alain Fallourd, avocat, rappelle d’emblée les limites actuelles d’un site Internet pour les pharmaciens qui ne peuvent en tout état de cause réaliser par ce biais l’acte pharmaceutique proprement dit (pas de vente de médicaments sur la voie publique, pas de sollicitation de clientèle, exercice personnel, possibilité de refus de la dispensation, formalisation d’un diagnostic, orientation éventuelle vers un praticien…). Par ailleurs, les juridictions de l’ordre judiciaire ne se sont pas montrées favorables jusque-là à la distribution de produits parapharmaceutiques via Internet sans l’agrément du fournisseur.

En marge de la pratique du commerce électronique se pose, de plus, une seconde question : le pharmacien peut-il réaliser une publicité en faveur de son officine sur le web ? « Aucune règle particulière n’a été prévue pour l’officine de pharmacie, précise Alain Fallourd, et ce alors même qu’une charte pour la communication sur Internet des entreprises pharmaceutiques a été établie par l’Agence de sécurité sanitaire des produits de santé, le 26 décembre 2000. » Les pages web de présentation des officines peuvent donc être assimilées à une information publiée dans un annuaire, livrant les coordonnées de la pharmacie et les annonces relatives aux activités spécialisées autorisées dans l’officine. Si l’on considère le site web de l’officine comme une pharmacie virtuelle, le pharmacien devra respecter dans son élaboration toutes les règles relatives à la publicité faite dans l’officine (réglementation relative à la publicité pour les produits de santé du Code de santé publique et respect de la dignité professionnelle conforme au code de déontologie, notamment en matière de sollicitation de clientèle). Les emblèmes autorisés sur le site se limitent à la croix, au caducée et, le cas échéant, « au nom ou au sigle du groupement ou du réseau dont le pharmacien est membre ; ce nom ou ce sigle ne saurait prévaloir sur la dénomination ou l’identité de l’officine ».

De son côté, l’Ordre se montre clairement défavorable au commerce électronique de produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques. Il sanctionnerait toute publicité excessive pour une officine, jugée contraire à la dignité de la profession. Il existe d’ailleurs au sein de l’Ordre une cellule de veille sur Internet.