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L’Ordre veut des logiciels plus « pros » !

Publié le 12 mai 2007
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Si les échanges avec l’Assurance maladie sont normalisés, via le cahier des charges SESAM-Vitale, rien n’existe encore en matière d’opinion pharmaceutique, de dossier patient ou encore de pharmacovigilance. C’est pour combler ce vide que l’Ordre vient d’élaborer une charte informatique « métier ». Objectif : améliorer la qualité et la sécurité des actes.

Une charte informatique « métier », un référentiel de 60 pages à destination des SSII, est en ligne depuis une dizaine de jours sur le site de l’Ordre des pharmaciens (http://www.ordre.pharmacien.fr/fr/vert/indexA.htm). Objectif de cette initiative : améliorer l’adéquation des logiciels officinaux avec les évolutions de la profession.

En clair, il s’agit d’intégrer à tous les logiciels l’analyse et l’opinion pharmaceutiques, en tenant compte de la réglementation actuelle et à venir. « Nous voulons donner aux pharmaciens les moyens de la qualité et de la sécurité d’exercice en s’appuyant sur l’informatique. Tant que l’opinion pharmaceutique ne pourra pas se concevoir par le biais de l’informatique, tous les officinaux ne l’appliqueront pas », explique Isabelle Adenot, présidente de la Section A de l’ordre.

Une charte métier, pas une certification !

Cette charte n’a pas vocation à certifier des logiciels, mais elle va créer un « gold standard » attribué aux systèmes qui la respectent. « On trouve encore aujourd’hui des systèmes qui ne permettent pas la gestion des stupéfiants », fait remarquer Isabelle Adenot. Le projet ordinal prévoit bien évidemment que le logiciel du pharmacien puisse analyser la prescription en cours, mais aussi les interactions avec les ordonnances antérieures. Car la particularité de cette charte tient à l’élaboration d’un dossier patient, c’est-à-dire un dossier professionnel propre à la pharmacie qui comprendrait pour chaque patient, ses données biologiques, ses caractéristiques physiopathologiques et psychosociales. Un avantage parmi d’autres ? « En cas d’allergie à un médicament par exemple, un message d’alerte clignotera à l’ouverture de chaque dossier », informe Isabelle Adenot.

A terme, le dossier pharmaceutique et le dossier médical personnel pourront communiquer avec le dossier patient. Autre nouveauté, la pharmacovigilance on line. Les fiches seront directement envoyées, via Internet, au centre de pharmacovigilance le plus proche de l’officine.

Pour les SSII, qui ont jusqu’au 15 mai pour donner leur avis, cette évolution n’est pas interprétée comme une révolution puisqu’elles travaillent déjà sur le dossier pharmaceutique et sur un cahier des charges pour l’opinion pharmaceutique. « Nous aurons des améliorations ou corrections à apporter mais il n’y a rien de problématique », affirme William Le Bellego, directeur informatique de Pharmagest.

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Une augmentation des frais de maintenance

Chez Caduciel, on s’étonne que les génériques ne soient pas abordés. Philippe Desquesses, le directeur commercial, s’inquiète aussi d’un manque de normalisation en amont de la charte : « Comment pouvons-nous bâtir un référentiel de données alors que les bases sur les produits ne sont pas standardisées ? » Une vraie bonne question. Et de soulever également la problématique du développement du logiciel en fonction de l’actualité réglementaire. « L’Ordre n’a a priori pas prévu le financement des mises à jour. Nous allons donc être obligés d’augmenter nos frais de maintenance », prévoit-il. Reste que les fournisseurs de logiciels vont devoir se plier à cette charte s’ils veulent conserver leurs parts de marché.