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La digitalisation du back-office s’accélère…

Publié le 1 juin 2019
Par Yves Rivoal
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La digitalisation du back-office entre dans une nouvelle ère, avec des logiciels métiers et des plateformes qui ont pour ambition de générer des gains de productivité, en permettant aux équipes officinales de se concentrer sur le cœur de métier : l’accueil des patients et le développement des nouvelles missions du pharmacien.

Via notre plateforme Nep, qui est à ce jour la plus grosse place de marché BtoB de la pharmacie, nos titulaires ont accès à un plateau numérique qui leur permet de piloter l’ensemble des activités du back-office. » Christian Grenier, le président de Népenthès, annonce la couleur. La digitalisation du back-office est en train de s’accélérer avec des groupements, qui investissent dans des plateformes agrégeant une multitude de services.

OPTIMISER la productivité

Avec Nep, les 2 000 adhérents Népenthès peuvent piloter l’ensemble de leur mécanique d’achats et accéder à une série de fonctionnalités qui facilitent le quotidien des équipes officinales. « Vous pouvez acheter en ligne des fournitures chez Office Dépôt, concevoir vos supports promotionnels ou adhérer au service de téléconsultation médicale de Medicitus. Et ce, à des conditions préférentielles que nous avons négociées avec tous les partenaires », argumente Christian Grenier. De son côté, Pharmactiv a agrégé sur Link l’ensemble des canaux d’achats proposés par OCP. « Sur cette plateforme, les 1 400 adhérents Pharmactiv peuvent piloter 95 % de leurs achats, souligne Serge Carrier, le directeur général de Pharmactiv. Ils peuvent également optimiser leur sell-in avec le logiciel My Data et leur sell-out avec les outils d’Ospharm. » Link comprend, en outre, deux autres modules dédiés au pilotage de l’activité de l’équipe et à la gestion des patients, comme l’explique Serge Carrier. « Sur la plateforme, les équipes officinales peuvent programmer des rendezvous pour des entretiens sur les avk, l’asthme, le diabète ou le sevrage tabagique et compiler sur les fiches des patients les données recueillies. »

UNE UTILISATION sous-exploitée

Tous ces nouveaux outils digitaux ont pour ambition d’optimiser la productivité des équipes officinales. « Rien que sur la partie achats, nous faisons gagner 7 heures par semaine à nos pharmaciens et 4 à 5 % de marge à ceux qui acceptent de réaliser 100 % de leurs commandes via notre place de marché », assure Christian Grenier qui est convaincu que « dans les années à venir, les pharmaciens Népenthès réaliseront 100 % de leur C.A via la plateforme NEP, à qui ils sous-traiteront l’intégralité de leur back-office. » En attendant, ces nouveaux outils ne sont pas encore exploités pleinement par les équipes officinales, comme le reconnaît Serge Carrier. « Au quotidien, les 12 000 pharmacies équipées de Link l’utilisent essentiellement pour les commandes et les informations produits. L’appropriation est plus compliquée pour les services de santé ou les solutions de pilotage de l’activité et de l’équipe. » Pour Hélène Decourteix, fondatrice de la société de conseil La Pharmacie Digitale, le déploiement des usages se heurte à un obstacle de taille : « La plupart de ces solutions ne sont pas encore interfacées avec les Logiciels de gestion d’officine (LGO). Ce qui impose une double saisie. »

DES AMÉLIORATIONS à trouver

Dans les années à venir, l’enjeu consistera donc à connecter ces plateformes, via des API (Application Programming Interface), aux LGO du marché. Ce sera le cas pour la plateforme NEP avec Smart RX et Winpharma dès le mois de juillet. Le souci, c’est que les négocations avec les éditeurs de LGO se révèlent parfois compliquées, et les groupements doivent mettre la main à la poche pour développer ces API. Les éditeurs sont par ailleurs, eux aussi, en train de développer leur propre écosystème concurrent. C’est le cas, par exemple, de Pharmagest. « Sur notre LGO et nos solutions, les pharmaciens peuvent d’ores et déjà piloter leurs achats et leurs livraisons, en récupérant automatiquement via des API des informations sur les stocks et les prix des fournisseurs et être en connexion directe avec le logiciel de gestion d’entrepôt de leur groupement, rappelle Jean-Michel Monin, le directeur activité Pharmacie France de Pharmagest. Ils peuvent aussi créer des DMP, piloter leur programme de fidélité en temps réel, mettre à jour les prix en temps réel, publier leurs promotions sur leur site Internet et leur application ou, encore, proposer un service de téléconsultations. »

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DES OUTILS en interconnexion

« Notre objectif est de proposer aux pharmaciens un Logiciel métier d’officine capable d’orchestrer en temps réel l’ensemble de l’activité de l’officine, d’intégrer des usages en mobilité, via les tablettes et les smartphones, et de proposer des interactions avec les outils des autres professionnels de santé et des établissements de santé », ajoute Jean-Michel Monin. Hélène Decourteix fixe, elle, une autre ligne d’horizon aux éditeurs de LGO. « Leurs logiciels proposent une expérience utilisateur loin d’être optimisée, notamment sur tout ce qui touche à la relation avec le patient et les entretiens pharmaceutiques. Ils devront également améliorer les algorithmes de la commande, grâce aux données exogènes et à des indicateurs pertinents comme la météo ou les pics d’épidémie, afin d’anticiper les ventes et d’ajuster les stocks. »

ON EN PARLE

NUMÉRIQUE

La feuille de route d’Agnès Buzyn

Parmi les priorités d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, figure l’intensification de la sécurité et de l’interopérabilité des systèmes d’information, notamment à travers le déploiement de l’Identifiant National de Santé. Les moyens d’authentification seront, eux, dématérialisés via l’application Carte Vitale et la e-CPS. La ministre entend, aussi, accélérer la cadence sur le déploiement du DMP, l’usage des messageries sécurisées de santé et la e-prescription. Deux nouvelles plateformes seront développées. Un espace numérique de santé permettra aux patients d’accéder à une offre de services. Les professionnels disposeront, eux, d’une plateforme de bouquets de services communicants. Y.R.

LEADER

Qui sera le leader du marché de la santé en 2027 ? D’après une étude publiée par Morgan Stanley, il s’agit… d’Apple. La marque à la pomme pourrait réaliser en 2027 un C.A de 313 Mds de dollars sur ce segment, si elle se lançait dans le développement d’objets connectés de santé. L’Apple Watch pourrait, en effet, à terme embarquer un lecteur de glycémie, un tensiomètre, un capteur de suivi du sommeil…. Y.R

L’APPLI DU MOIS

L’application Effic’Asthme a pour ambition d’aider les parents à gérer les crises d’asthme de leurs enfants de 6 mois à 5 ans, une tranche d’âge qui correspond aux patients les plus hospitalisés. Grâce à un simulateur de crise virtuelle, les parents apprennent à réaliser les bons gestes, l’application se chargeant de vérifier si la prise en charge est correcte. Disponible en téléchargement gratuit sur Google Play et l’App Store, Effic’Asthme a été développée par une équipe de pédiatres spécialisés en pneumologie pédiatrique à l’hôpital Necker-Enfants Malades, en partenariat avec des spécialistes du département de simulation en santé, iLumens, de l’université Paris Descartes et l’éditeur de serious game, Dowin. Y.R.