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Internet, réseaux sociaux : Quel virage prendre ?

Publié le 22 février 2018
Par Yves Rivoal
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En matière de contenus, le match entre site Internet et page Facebook semble, sur le papier, équilibré. Tous les deux servent à présenter les coordonnées de la pharmacie, ses horaires d’ouverture, les services, les évènements organisés… Ils peuvent aussi relayer les promotions de l’officine et diffuser de l’information santé liée à la saisonnalité ou à l’actualité.

DÉFINIR en priorité ses objectifs

Si votre présence sur la Toile a pour objectif d’offrir des services à distance à vos patients, mieux vaut opter pour un site Internet. « Les éditeurs du marché incluent aujourd’hui des modules qui permettent de proposer aux patients des services innovants, comme la réservation d’ordonnances, le click & collect ou la vente en ligne de produits de médication familiale et de parapharmacie. Autant de services que Facebook ne permet pas de créer », rappelle Philippe Donadieu, président de Kozea group qui édite la solution pharminfo.fr. Mais si votre ambition se concentre sur la capacité à interagir avec les clients hors des murs de l’officine, c’est vers Facebook qu’il faut se tourner. « Un internaute qui s’abonne à la page d’une pharmacie envoie un signal fort : il accepte de faire partie de la famille de l’officine », rappelle Olivier Verdure, directeur de Pharmonweb, une agence spécialisée dans le conseil en marketing officinal.

BOOSTER les interactions avec les réseaux sociaux

Sur Facebook, les possibilités d’interactions sont beaucoup plus nombreuses que sur un site Internet où le visiteur reste en général en mode passif. Les clients ont la possibilité de commenter ou de partager les informations publiées, de donner leur avis sur la pharmacie, de s’inscrire pour une consultation avec une diététicienne envoyée par un laboratoire… « Les internautes peuvent aussi liker la page. Ils diffuseront ainsi sur leur mur les informations publiées par l’officine, ce qui va permettre de démultiplier les audiences. », souligne Vincent Marco, Business developper de Pharmidable. La chasse aux likes est donc un enjeu à ne pas négliger. « Il faut bien évidemment communiquer sur le point de vente pour annoncer que la pharmacie est désormais sur Facebook et inviter les clients à liker la page, rappelle Vincent Marco. Il est également possible d’organiser des jeux-concours où les patients sont invités à liker la page et à la partager avec tous leurs amis, les gagnants pouvant se voir récompenser par un lot offert ou une remise de 10 % sur leur prochain achat… »

MESURER ET ANALYSER son trafic web

Sur le référencement naturel, qui conditionne la visibilité de l’officine sur les moteurs de recherche, le site Internet offre de meilleures garanties. « Lorsque vous tapez sur Google « Pharmacies Paris 9e », ce sont les pages Google MyBusiness puis les sites Internet les mieux référencés qui ressortent toujours en premier, observe Philippe Donadieu (Pharminfo). Le constat est le même lorsqu’on saisit le nom d’une pharmacie en particulier avec la ville. La page Facebook arrive en 3e ou 4e position, plus éloignée donc, mais c’est un vrai complément de référencement. » En revanche, le potentiel d’audience est plus important sur Facebook. « 70 % des clients d’une pharmacie ont une page Facebook, et la plupart la consulte tous les jours, rappelle Vincent Marco, Business developper de Pharmidable. Mais, dans un cas comme dans l’autre, il ne faut pas s’attendre à des audiences stratosphériques. « En proposant des offres de services comme la réservation d’ordonnances ou le Clic & Collect sur un site internet, le trafic moyen oscille entre 1 000 et 4 000 visites par mois. », révèle Philippe Donadieu. Une page Facebook génère en moyenne entre 200 et 250 abonnés. Parfois beaucoup plus lorsqu’une véritable stratégie éditoriale est activée (voir encadré). Le système de “likes” et de partages constitue aussi un réel booster d’audience. « Nous avons une pharmacie cliente qui a annoncé sur sa page Facebook l’installation d’un deuxième défibrillateur à la mairie, confie Olivier Verdure (Pharmonweb). Cette publication a été vue 900 fois, alors que la page ne comptait que 100 abonnés. »

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COÛTS et tarifs

Sur le papier, concevoir un site Internet semble plus cher que la conception d’une page Facebook, qui est, elle, gratuite. « Mais pour qu’une page vive, il faut l’animer avec au minimum trois ou quatre posts par semaine. Cela suppose d’y consacrer un certain temps ou de sous-traiter », rappelle Olivier Verdure. Comptez une quinzaine d’euros par mois pour disposer d’un site avec un fil d’actualité, et une vingtaine d’euros pour une page Facebook alimentée en info Santé. Le choix entre site Internet et Page Facebook dépendra des objectifs que vous vous assignez. « Mais dans l’idéal, toute pharmacie se devrait de posséder les deux supports, estime Olivier Verdure. Nous imposons d’ailleurs systématiquement la page Facebook quand nous créons un site internet, car seule la conjonction des deux est efficace pour booster son référencement et son audience. »

LE CAS DU MOIS

Le web-to-store” est une stratégie qui vise à augmenter le trafic en magasin. Il s’agit de créer une synergie entre Internet et son commerce, dans le but de déplacer l’internaute vers votre pharmacie ! Cette démarche peut être provoquée par une campagne marketing ou publicitaire (bannières ou SMS géolocalisés, etc.) ou être favorisée sur le site par des services spécifiques (localisation des points de vente, disponibilité des produits, click & collect…). Avec le développement de Facebook, qui attire chaque jour 24 millions d’utilisateurs en France, la question de l’intérêt d’être présent sur ce réseau social ne se pose plus. D’ailleurs, les pharmacies sont de plus en plus nombreuses à se contenter d’une page Facebook pour toute présence sur la Toile. Mais, pour promouvoir les services on-line mis en place auprès de votre fidèle patientèle, mieux vaut s’appuyer sur un site. Et si vous hésitez encore entre un site Web et une page Facebook, commencez par déterminer une stratégie précise en fonction de vos objectifs et de vos cibles. Quoiqu’il en soit Internet et les médias sociaux sont devenus des leviers de communication et de développement indispensables, dont il serait bien dommage de vous priver !

LES EXPERTS

Vincent Marco

Business developper de pharmidable

Philippe Donadieu

Président de Kozea Group

Olivier Verdure

Directeur de pharmonweb

AH OUI !

Si vous souhaitez tout miser sur Facebook, remplissez à 100 % la fiche Google MyBusiness de la pharmacie et proposez un lien vers la page Facebook.

OH NON !

Lancer une page Facebook sans l’animer régulièrement. Cela donnera une mauvaise image de la pharmacie. Optez dans ce cas pour un site Internet.

TÉMOIGNAGE

Une officine à la page

Co-titulaire de la pharmacie Mozart à Lisieux, Ariel Bernard n’a pas choisi entre site Internet et page Facebook lorsqu’il s’est positionné sur la Toile en 2013. « J’ai tout fait en même temps », raconte le pharmacien. Sur le site vitrine, les internautes retrouvent les informations essentielles comme les horaires d’ouverture, l’équipe ainsi qu’un flux d’information santé. L’orthopédie et le matériel médical, deux expertises développées par l’équipe, sont également mises en avant. Un onglet Promotions renvoie vers la page Facebook qu’Ariel Bernard a conçu lui-même. Elle diffuse des informations pratiques comme les promotions en vidéo et des informations institutionnelles et médicales… Les animations proposées par l’officine sont également annoncées, avec la possibilité de prendre des rendez-vous. « J’ai pendant longtemps animé moi-même la page, confie Ariel Bernard. Mais comme ce travail était chronophage, j’ai décidé de confier l’animation éditoriale à la société Pharmonweb, qui nous fournit un flux d’informations institutionnelles et médicales. » Ariel Bernard continue de gérer tout le reste, et cela lui prend en moyenne trente minutes par jour. Mais selon le titulaire, cet investissement en vaut la chandelle. « Sur le site Internet, l’audience reste confidentielle avec une trentaine de consultations par jour », confie Ariel Bernard. Les résultats sont plus significatifs sur Facebook. 745 personnes ont liké la page et chaque publication est consultée en moyenne par 500 internautes. C’est en grande partie grâce aux jeux concours qu’Ariel Bernard a construit sa communauté de fans. « Mais je n’en fais plus car si les jeux permettent de drainer de l’audience, il s’agit en général de gens qui habitent loin de Lisieux. » Pour maintenir la croissance de ses likes, le titulaire a investi dans un compteur Smiirl positionné sur un mur, à côté des comptoirs. « Lorsqu’un client nous demande ce que c’est, nous l’invitons à liker la page Facebook sur son smartphone, précise le titulaire. Deux secondes plus tard, le compteur se met à jour. Cela produit toujours son effet… »