Internet m’a dit

Internet m’a dit

Publié le 28 avril 2014
Par Véronique Hunsinger
Mettre en favori

Votre chapô ici

Le Web perturbe, le Web agace, mais le Web est une évidence. Un outil que professionnels de santé et grand public apprivoisent selon leurs besoins. Les patients, Internet et vous est une histoire virtuelle à construire. À la clé, un meilleur accompagnement où l’individu devient acteur de sa santé. Où il n’est plus soumis à la seule volonté toute-puissante du soignant ou d’Internet. Et ceci, un peu grâce à vous.

Si les préparateurs peuvent dire merci à Google pour une chose, c’est bien quand un patient demande un médicament au nom improbable. Le moteur de recherche américain rend alors bien des services pour retrouver le nom du produit déformé par la mémoire défaillante du client. Mais le plus souvent, quand le Web s’introduit dans la relation entre le préparateur et le patient, c’est un élément perturbateur. « Je pensais être confrontée à cela surtout chez les jeunes, confie Lucie Borioli. Mais ce sont les gens de 30 ou 40 ans qui parlent le plus de ce qu’ils ont lu sur Internet. Parfois, on a l’impression qu’ils en savent plus que nous ». Cette jeune préparatrice, avec quatre ans d’expérience, est pourtant très à l’aise avec le Web. Elle a même créé une page Facebook où elle écrit des articles de conseils santé et beauté ( voir encadré p. 25 ).

Un drôle de diable
Face aux patients internautes, les préparateurs plus expérimentés semblent plus à même de ne pas se laisser démonter dans ce genre de situation. Sandra Lièvre a une vingtaine d’années d’expérience de l’officine. Elle a pu observer la montée en puissance de l’influence d’Internet sur les patients. « Cela a surtout commencé il y a quatre ou cinq ans, estime-t-elle. À les écouter, ils connaissent mieux les médicaments que nous et mieux les maladies que leur médecin. J’arrive néanmoins à recadrer les choses parce que j’ai de l’expérience dans le métier, mais les jeunes collègues semblent parfois déstabilisés ». Selon un sondage Porphyre, deux tiers des préparateurs interrogés pensent que « Internet est une mauvaise chose car les patients s’inquiètent trop facilement » et ils ont « déjà eu l’impression que les patients en savaient plus qu’eux ». Malgré tout, la moitié des sondés estime qu’au final, cela n’a pas fondamentalement changé les rapports avec les malades car « il faut toujours leur expliquer ce qu’ils ont lu sur Internet »

Lucie Borioli, une préparatrice connectée
À force d’entendre les patients au comptoir parler de ce qu’ils avaient lu sur Internet, Lucie Borioli a eu l’idée de créer sa page sur Facebook. Cette préparatrice du Mans a ouvert
en juillet 2012 la page Conseil Pharma Beauté Santé (1) sur le réseau social alors qu’elle se trouvait en arrêt de travail après une opération. À son retour à l’officine, elle montre son projet à ses deux titulaires, qui la soutiennent immédiatement. « Par exemple, pour un article sur le sevrage tabagique et l’homéopathie, une titulaire m’a donné tout un tas d’informations et de chiffres qui m’ont permis de l’écrire », raconte Lucie, qui compte à ce jour 960 abonnés. Ses thèmes de prédilection : la beauté, les huiles essentielles, la santé des enfants, la grossesse ou l’arrêt du tabac. Souvent, les idées d’articles sont tirées de questions posées au comptoir ou par son entourage. « Je passe beaucoup de temps pour n’écrire que des choses sûres. Je m’aide de ce que j’ai appris, de mes livres et des sites professionnels », ajoute Lucie. Sur sa page, elle ne mentionne pas sa profession et évite que les internautes lui posent des questions directement. Et rappelle toujours de consulter en cas de doute.

Publicité

(1) Une fois connecté à Facebook, tapez Conseil Pharma (Beaute – santé)


> Lire la suite (réservé aux abonnés)
> S’abonner


À lire dans Porphyre n°502 de Mai 2014