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CNAM-Officine : mise au point mi-novembre

Publié le 3 novembre 2001
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La FSPF a recueilli le sentiment d’un millier d’adhérents : au plan technique, pas trop de mauvaises surprises ; quant à SESAM-Vitale au quotidien, Pierre Leportier, chargé de la protection sociale à la Fédération, se fait plus pressant vis-à-vis des caisses. Interview.

« Le Moniteur » : Comment se déroule la migration vers SESAM-Vitale au plan technique ?

Pierre Leportier : Le branchement des officines par les éditeurs s’accélère, ces derniers ayant pris le pli d’une certaine automatisation des installations. Reste un délai minimal incompressible par pharmacie. Au plan informatique, l’actualité c’est le passage du cahier des charges 1.20b à la version 1.31. Et ça semble se présenter correctement. Mais comme toujours en informatique, les premiers à basculer connaissent quelques bugs, toutefois ni plus ni moins importants que pour toute nouvelle édition logicielle. La différence, c’est qu’avant les éditeurs avaient le temps de tester leur produit grandeur nature. Aujourd’hui les délais qui leur sont imposés entre deux versions du cahier des charges sont si resserrés qu’ils peuvent diffuser des versions logicielles moins contrôlées. Toutes les officines en SESAM-Vitale basculeront en 1.31 d’ici la fin de l’année à cause de l’euro. Par contre, toutes ne seront pas SESAM-Vitale d’ici le 31 décembre. Il faudra bien pourtant que ces dernières passent à l’euro… Le problème pratique rencontré en ce moment est dû au fait que le régime général paie en euro depuis le 1er octobre. Les éditeurs ont donc fourni aux pharmaciens des programmes « moulinettes » permettant de reconnaître les euros dans les retours électroniques des caisses, pour que la liquidation soit automatisée. Le souci, c’est que les régimes obligatoires et complémentaires ne mettent pas toujours l’indication de la monnaie de paiement dans la norme retour. Bilan, votre titulaire confond francs et euros et traduit qu’un sixième de la facture a été payé ! Et la MSA, elle, envoie des retours électroniques en euros mais continue pour l’instant de régler en francs !

L’évolution des lecteurs de cartes suit-elle le rythme ?

Nous n’avons pas entendu parler de problèmes. Il faut juste se rappeler que la migration d’une version logicielle du cahier des charges 1.20b à la version 1.31 correspond aussi à une évolution des lecteurs. Ici, des problèmes se sont tout de même présentés avec des officinaux ayant acheté leurs lecteurs dans le commerce. Quid alors de l’évolution du lecteur quand votre logiciel migre ? La SSII ne s’en préoccupera sans doute pas si ce n’est pas elle qui l’a fourni… Ce point est d’actualité car des revendeurs de lecteurs à bas prix font actuellement de la promotion vers les officines.

Les lecteurs multiap-plications fonctionnent-ils ?

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Techniquement, oui. Mais le GIE interbancaire ne favorise pas leur application en officine car il exige un lot de facturettes par lecteur. Et une pharmacie moyenne fonctionne avec trois ou quatre postes informatiques, c’est-à-dire autant de lecteurs. On voit mal l’officinal adresser trois ou quatre lots de facturettes au GIE interbancaire tous les jours.

Certains regrettent de ne pas pouvoir mettre à jour des cartes à l’officine…

La mise à jour sur le poste de travail est une très mauvaise idée : non seulement ils feront alors le travail des caisses, mais en plus ils prendront la responsabilité de la bonne fin de ce travail. Alors, adieu garantie de paiement… inscrite dans la convention, justement parce que nous avions prévu que les cartes ne seraient pas mises à jour et que nous ne voulions pas que celle-ci soit à notre charge.

Pour télétransmettre, le recours au RSS (Cegetel) ou à Wanadoo santé (France Télécom) est-il fréquent ?

Notre enquête montre que 90 % des confrères en SESAM-Vitale continuent de passer par leur concentrateur (le GIE SESAM-Vitale annonce 80 %). Le pharmacien n’étant pas informaticien, il n’a pas voulu se retrouver en première ligne pour les soucis informatiques. Les problèmes d’accusés de réception logique, de retours Noémie, de panne de frontaux de caisses, du RSS, ou de Wanadoo, ça arrive. Des concentrateurs aussi d’ailleurs, mais eux, au moins, communiquent avec les officinaux.

Beaucoup d’officinaux se plaignent d’une grosse inflation du papier…

D’après les retours que nous avons, ce n’est pas l’inflation papier qui arrive en tête des demandes. Pour moi, les deux objectifs principaux restent de résoudre les problèmes de rapprochements des retours caisse et de faire respecter la garantie de paiement. En ce qui concerne le premier, les CPAM payent encore souvent par bout de journée, alors que selon la convention, nous devons être payés par journée comptable : un virement pour un nombre de factures bien identifiées correspondant à un montant total par jour. Le problème de la procédure dégradée, génératrice de papier, sera le premier chantier de 2002 : on pourrait imaginer de réaliser des FSE, même en l’absence de carte Vitale par exemple, mais sans les garanties de la convention. D’autres professions de santé le font, pourquoi pas nous ?

Quels sont vos moyens de pression ?

Une commission technique paritaire nationale a été repoussée de septembre à mi-novembre car on n’avait pas de réponse à nous donner sur les deux principaux dossiers précités. Nous voulons des réponses concrètes pour cette date et nous comptons bien adresser un ultimatum si nous n’obtenons pas satisfaction sur les rapprochements et la garantie de paiement. La convention SESAM-Vitale a été publiée au Journal officiel. Or la non-application d’un texte réglementaire peut faire l’objet de recours devant la justice administrative. Par ailleurs, l’officine est représentée au bureau du Centre national des professions de santé, celui-ci étant lui-même membre du comité directeur du GIE SESAM-Vitale. Autrement dit, le GIE a aussi besoin de nous pour faire valider ses cahiers des charges…

La situation se dégrade ?

Disons que certaines caisses ont pris la peine depuis des mois de retraiter certains dossiers à la main pour assurer la garantie de paiement au pharmacien, même si cela impliquait de plus grands délais et des difficultés de rapprochements, les numéros de facture étant modifiés. Mais lassées d’attendre une modification des chaînes de traitements au plan national (de responsabilité de la CNAM), on s’aperçoit qu’elles arrêtent cet effort. On en revient à la case départ.

Quels conseils donneriez-vous à vos confrères ?

Le basculement en SESAM-Vitale reste un cap délicat. Mais, hors des considérations techniques, les SSII de la profession maîtrisant plutôt bien la situation, je leur demanderais surtout de veiller au respect de la convention. SESAM-Vitale ne s’entend en officine que s’il apporte un plus dans la gestion du tiers payant et la trésorerie. Ne vous laissez pas faire quitte à harceler la caisse.