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« Pour la pharmacie, la meilleure défense c’est l’attaque »

Publié le 23 janvier 2016
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Quels enjeux se dessinent derrière le développement de gammes OTC à partir de marques emblématiques du médicament remboursable ?

Cette démarche s’inscrit dans la nécessité de faire évoluer un modèle économique du médicament fondé sur l’innovation et la valorisation de blockbusters. La baisse de la productivité de la recherche et la concurrence forte des génériques incitent les laboratoires à dégager de nouveaux relais de croissance durables. Or l’automédication a encore une marge de progression importante en France. Forts d’une vision à long terme, les laboratoires cherchent donc à accroître les ventes de leurs spécialités en étendant leurs gammes à des produits OTC formulés avec des dosages plus faibles ou sous des présentations différentes. Il s’agit donc d’une stratégie à la fois offensive, en termes d’innovation, et défensive, de restructuration autour de l’automédication, même si la rentabilité de cette activité peut se discuter.

De quels leviers de croissance l’OTC dispose-t-elle dans les années à venir ?

Il y a la révolution numérique en cours, qui entraîne une forme d’ubérisation de la santé : sur les petits risques, les patients sont de plus en plus enclins à gérer eux-mêmes leur prise en charge. Mais ce phénomène a aussi une incidence sur l’organisation des soins et le rôle des professionnels de santé, notamment celui des pharmaciens en tant que garants d’une automédication responsable. Autre élément majeur, la nécessaire réforme du financement de la santé implique une sélection de plus en plus stricte des molécules soumises à remboursement et favorise ainsi l’essor des produits OTC, sans nécessairement entraîner d’inégalité d’accès aux soins au vu des modestes budgets concernés.

Cette montée en puissance et les stratégies d’entreprises qui en découlent justifient-elles des inquiétudes sur le maintien du monopole officinal ?

Si l’intérêt que représenterait une sortie du monopole officinal des produits en libre accès reste à démontrer, force est de constater que le lobby de la grande distribution est puissant et fourbit ses armes. Dès lors, la meilleure défense, c’est l’attaque : à ce titre, les officines ont encore des efforts à accomplir en matière d’organisation, de gestion des équipes, de transparence des prix ou de communication pour exploiter pleinement le potentiel de ce segment incontournable qu’est devenu l’OTC.

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