« Nous sommes en train de nouer des accords avec les répartiteurs pour la prochaine crise »

Quelles sont les activités de Kolmi-Hopen ?

Gérald Heuliez : Dans les années 1920, l’entreprise était le fabricant des papiers à cigarettes Zig-Zag. Dans les années 1970, avec l’arrivée de la matière première « non-tissé », elle a été la première à fabriquer des masques non-tissés en Europe. Aujourd’hui, nous sommes leader en Europe sur ce marché, mais les vrais leaders sont en Chine. Concernant les masques médicaux, utilisés à l’hôpital et qui évitent de propager les maladies, les plus utilisés en Asie, nous sommes les leaders en France et avons de petits concurrents en Europe. Concernant les masques de protection, qui servent à se protéger des agressions extérieures telles que les virus, l’amiante, les particules fines comme la farine ou le bois, nous les fabriquons depuis 2009. Nous ne sommes pas leaders sur ce marché. Il existe trois autres fabricants en France et peut-être une dizaine ailleurs en Europe. Nous produisons aussi des coiffants médicaux, des couvre-chaussures, des champs opératoires et, depuis 1999, des accessoires pour l’incontinence comme les gants de toilette à usage unique et les carrés de soin.

D’où viennent les matières premières pour vos masques ?

G. H. : Les masques sont composés de non-tissé en polypropylène, d’élastiques tricotés, de barrettes nasales en plastique et métal. Nous sommes le « dernier des Mohicans » en fabriquant ces articles de façon massive en France. Nous défendons l’industrie française, avons investi dans des machines françaises. 100 % de nos matières premières proviennent d’Europe, 70 % de France.

Comment vous adaptez-vous à la demande massive de masques ?

G. H. : Plus rien ne sort de Chine depuis fin janvier. Depuis le 21 janvier, nous nous sommes organisés pour que l’usine tourne à plein, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. C’est effectif depuis le 1^er février. Depuis, nous produisons entre 1 et 1,5 million de masques par jour. En période normale, nous générons un chiffre d’affaires annuel de 44 M€ en Europe et nous sommes 102 salariés. Aujourd’hui, nous sommes plutôt 150.

On voit des tensions concernant l’approvisionnement, et même des pénuries…

G. H. : Nous sommes producteurs en France donc nous sommes habitués à diverses tensions : pannes de machines, personnel de production absent… La situation est aujourd’hui plus tendue mais il n’y a pas péril en la demeure, dans la mesure où Kolmi-Hopen s’approvisionne exclusivement en Europe. Il y a toujours des risques de spéculation sur les matières premières avec des fournisseurs qui pourraient être opportunistes mais ce n’est actuellement pas le cas.

Hors réquisition, les pharmaciens d’officine peuvent-ils s’approvisionner directement auprès de vous ?

G. H. : Non, actuellement nous n’avons pas une logistique adaptée pour livrer les officines. Nous sommes en train de nouer des accords avec des répartiteurs pharmaceutiques, non pas pour cette crise mais pour la prochaine. Il est probable que cela se reproduise, c’est déjà la quatrième en 20 ans. 