MANQUE À GAGNER GÉNÉRAL
Après dix ans de croissance ininterrompue, les génériques marquent le pas. Les pouvoirs publics ont réagi en fixant de nouveaux objectifs de substitution pour 2012.
Fin juillet 2011, malgré un certain dynamisme, les médicaments génériques représentent à peine 17 % du chiffre d’affaires du médicament remboursable. Inquiétant. Malgré l’élargissement du Répertoire, la croissance est freinée par les mentions « NS » (« non substituable ») – ce qui explique la progression des princeps à l’intérieur du Répertoire – et par la diminution des prescriptions. Ainsi, malgré les nombreuses échéances de brevets, le chiffre d’affaires du générique ne croît plus à la même allure que lors de la dernière décennie, d’où un manque à gagner pour les génériqueurs, les pharmaciens et l’assurance maladie.
Seulement 25 % des unités totales vendues sont des médicaments génériques, soit une boîte sur quatre délivrées en officine. Au cours de l’année 2011, le taux de substitution du pharmacien est retombé sous la barre des 70 % malgré les extensions successives du Répertoire, ce qui signifie que la substitution sur les nouveaux produits y entrant faiblit.
UN TAUX DE SUBSTITUTION QUI PASSE À + 15 % !
Les économies réalisées témoignent pourtant de l’efficacité du modèle français de développement du générique, dont le pivot est le pharmacien. Selon la FSPF, elles représentent 1,4 milliard d’euros en 2011 après 1,377 milliard l’année précédente, malgré un rythme moins soutenu de la substitution. Les gains de l’assurance maladie se portent alors à 7,932 milliards d’euros depuis l’octroi du droit de substitution au pharmacien en 2000. En 2010, la mise sur le marché de génériques de Plavix – premier médicament remboursé en 2009 – a contribué à ces économies, représentant à elle seule 200 millions d’euros. Mais le taux de substitution reste trop faible pour certaines molécules leaders, en particulier les plus onéreuses. Ainsi les génériques d’Inexium n’ont conquis que 55 % du marché cinq mois après l’échéance brevetaire. Pour Plavix, le taux de substitution a même reculé, passant de 68 % à 62 % en un peu plus d’un an.
Les pouvoirs publics ont décidé d’agir en relevant de cinq points les objectifs de taux de substitution pour 2012. Ceux des nouvelles molécules génériquées devraient en effet atteindre 60 % à douze mois, 65 % à dix-huit mois, 70 % à 24 mois et 80 % à 36 mois. Cela représente une augmentation de 15 % par rapport à la situation actuelle. Pour les syndicats, cet objectif ne sera atteignable qu’avec l’implication des médecins.
EN FINIR AVEC LE DROIT D’« NS »
Alors, le générique peut-il reprendre du poil de la bête ? C’est possible, à condition que le dispositif conventionnel de rémunération selon des objectifs à atteindre, la « paiement à la performance » des Anglo-Saxons, se montre d’une plus grande efficacité que les CAPI (contrats d’amélioration des pratiques individuelles) incitant les médecins à prescrire davantage dans le champ du Répertoire. « Le déblocage du NS, principal responsable de ce ralentissement, est politique et ne peut se régler que dans le cadre d’un accord interprofessionnel avec les médecins, affirme Philippe Besset, président de la commission Economie de la FSPF. La convention pharmaceutique sera le socle de toutes les négociations. »
La substitution s’avère complexe ou particulièrement lente pour certaines molécules. C’est le cas par exemple de la fluvastatine, du tramadol, du périndopril, de l’anastrozole, du mycophénolate ou de l’olanzapine.
LES FREINS SONT MULTIPLES
Des raisons autres que la mauvaise volonté des médecins peuvent expliquer le ralentissement de la substitution. En premier lieu, il faut évoquer l’élargissement croissant du Répertoire des génériques à de nouvelles molécules. Maintenir un taux élevé de substitution sur un Répertoire qui compte plus de 250 molécules n’est pas chose aisée. Certaines pharmacies ne peuvent référencer toute la gamme de médicaments génériques et ne sont alors pas en mesure de procéder à la substitution. Par ailleurs, les nouvelles molécules concernent parfois des médicaments moins fréquemment délivrés.
Ensuite, la crise de confiance des patients envers les médicaments a inévitablement déteint sur les génériques. Il est ainsi des cas de plus en plus fréquents où le praticien n’a pas indiqué la mention « NS » sur l’ordonnance, mais où l’assuré refuse la substitution du pharmacien.
Enfin, n’oublions pas d’attribuer cet essoufflement aux stratégies antigénériques de certains laboratoires de princeps.
Le retour à une croissance rapide en 2012, riche en échéances brevetaires lourdes (atorvastatine, rabéprazole, irbésartan…), est donc semé d’obstacles qu’il faudra impérativement lever, sans compter que d’autres (baisses de prix, TFR, appels d’offres…) peuvent venir se greffer à tout moment, contribuant un peu plus à démobiliser les pharmaciens.
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