ILS FONT LEUR SHOW !
La photoprotection coche toutes les cases. Dynamique, innovante et rassurante, la catégorie deviendrait presque le porte-drapeau de la dermocosmétique en pharmacie. Vecteurs d’une croissance de fond, les solaires affichent encore de belles ambitions, soutenues par les initiatives tous azimuts des laboratoires.
APRÈS UNE ANNÉE 2022 DÉJÀ FLORISSANTE, LA CATÉGORIE DES SOLAIRES CONFIRME SA BONNE SANTÉ EN 2023. Tous les signaux sont au vert : selon le Groupement pour l’élaboration et la réalisation de statistiques (Gers), la catégorie progresse de 15,5 % en valeur et de 11,6 % en volume. « La pharmacie a un rôle clé, de ce fait c’est un segment important, analyse Charlotte Cabel, responsable trade marketing France & Benelux du laboratoire SVR. C’est le troisième segment de la dermocosmétique, après l’anti-âge et les émollients, et il évolue plus vite que le marché qui est à + 13 %. »
Une surperformance qui n’a pas échappé aux absents de la catégorie. Cette année, Embryolisse, Topicrem, Krème ou encore Soskin font leurs débuts dans la photoprotection. « Nous relevons une évolution très nette des comportements à se protéger des méfaits du soleil, relève Cécile Debièvre, directrice générale d’Embryolisse. C’est véritablement le fruit des campagnes et de la compréhension des conséquences sur le vieillissement cutané ». Et Charlotte Cabel d’ajouter : « La protection solaire est un enjeu de santé publique. Cinq fois plus de tumeurs cutanées ont été diagnostiquées ces dix dernières années, ce qui accroît la sensibilisation. »
Le conseil rassure et booste.
C’est le circuit de la pharmacie qui enregistre les plus belles performances : sur un marché de la photoprotection (tous circuits) qui réalise en France un chiffre d’affaires de 450 millions d’euros à + 8 % (source Biotherm), la croix verte progresse plus vite et réalise près de la moitié des ventes. « La pharmacie joue bien son rôle en proposant une offre sécuritaire, haute tolérance et accompagnée du conseil et de l’expertise de l’équipe officinale qui porte ses fruits, raconte Anaïs Routhiau, chef de produits solaires chez La Roche-Posay. Elle attire donc de nouveaux entrants, ce qui encourage les acteurs à développer des gammes de photoprotection. »
Les « petits » nouveaux.
L’année dernière, La Rosée a fait une entrée remarquée avec sa ligne courte et respectueuse des océans. Son Huile solaire SPF 50 et son Stick solaire intègrent directement le top 10 des produits de la catégorie (respectivement en 4e et 5e position). Cette année, c’est au tour d’Embryolisse de s’engouffrer dans la brèche avec également une gamme composée d’essentiels (deux produits) qui mise sur la très haute protection (SPF 50) des peaux sensibles. Son plus, une formule antioxydante enrichie en huile de roucou pour rester dans l’ADN de la marque, qui revendique tolérance et expertise beauté. Les laboratoires historiques – Avène et La Roche-Posay en tête – réalisent à eux seuls plus de 38 % du chiffre d’affaires du secteur ; cependant, les chiffres du Gers montrent qu’il y a aussi un marché pour une offre moins dermatologique, plus sensorielle, proposée par des acteurs comme SVR, Nuxe, Caudalie et plus récemment Garancia. « La catégorie reste boostée par l’innovation, annonce Charlotte Cabel, avec pour prérequis la très haute protection SPF 50 et la sécurité des formules pour la peau et l’environnement. »
Arguments de vente.
Certaines tendances produits tirent clairement leur épingle du jeu, comme en témoigne le top 5 des produits du GERS (cf. p. 26). La recherche et développement (R&D) offre à la protection solaire une vraie sophistication, tant en termes de galéniques que de formules, bénéfique aussi à l’observance.
Fluides. « Selon les études, le critère prioritaire reste l’indice de protection, 80 % du sell-out se font sur le 50+, raconte Pauline Cazaux, chef de produits chez Eau Thermale Avène. Les consommateurs sont également de plus en plus à la recherche de textures sensorielles agréables, faciles à appliquer, sans effet blanc, avec des parfums. » De fait, les formules fluides restent les plus plébiscitées : celle d’Avène (SPF 50+) est le best-seller du marché, et cette année la marque étend son offre avec la gamme Ultra Fluid.
Family Friendly. Ces formules sont aussi revendiquées pour toute la famille, un critère désormais mis en avant sur les packagings. « Le marché de la photoprotection est avant tout familial, insiste Katia Nebot Kaminski, directrice de la marque Biotherm. Ces formules waterproof, kids et baby “friendly”, sont un prérequis qu’il faut clairement annoncer. »
Parfum. Le parfum participe à valoriser le levier de la sensorialité. « La crème solaire est aussi un produit de beauté que l’on doit aimer appliquer pour favoriser l’observance, explique Charlotte Cabel. Le parfum permet d’adhérer à une marque plus qu’à une autre et à créer de la fidélité. » Donner envie de s’appliquer de la crème solaire, c’est aussi la ligne de conduite de Topicrem, qui se lance cette année dans la catégorie avec une texture plaisir et un parfum addictif.
Stick nomade. De l’avis de tous, la protection solaire doit devenir un réflexe du quotidien lorsqu’on profite des rayons du soleil à la terrasse d’un restaurant ou lors d’une session de sport, et non plus seulement pendant des vacances au bord de la mer. Le format stick n’a pas son pareil pour faciliter l’application et est désormais un indispensable des gammes solaires des laboratoires.
Les filtres anti-UV au cœur du débat.
Bien que fluide et sensorielle, la très haute photoprotection doit aussi respecter la peau et l’environnement car elle est passée au crible par les applications de notation. Dans leur ligne de mire : les filtres. « Les polémiques régulières, notamment sur les filtres, poussent aussi les consommateurs vers le circuit de la pharmacie, réputé de confiance et offrant des conseils », se félicite Clémence Menez (Mustela). On relève un léger désamour pour les filtres minéraux, soi-disant difficiles d’application et blanchissant sur la peau, qui restent l’apanage des gammes certifiées bio.
Alternative non bio. Les Laboratoires de Biarritz proposent, cette année, une alternative non bio pour offrir la sensorialité attendue. Les cinq nouveaux produits associent 84 % d’ingrédients d’origine naturelle à des textures variées et dans l’air du temps. Les laboratoires formulent une combinaison de filtres organiques qui se doit d’être exemplaire, sinon elle ne passera pas le… filtre d’UFC-Que Choisir ou encore de l’application Yuka, particulièrement consultés avant l’achat.
Filtres nouvelle génération. « C’est la catégorie par excellence qui doit être irréprochable car elle est en contact avec la peau de toute la famille et avec l’environnement », insiste Katia Nebot Kaminski. Et Mahault de Guibert, cofondatrice de La Rosée, d’ajouter : « En tant que marque naturelle, nous avons fait le choix fort de nous tourner vers un système de filtres organiques nouvelle génération, plus respectueux des océans. »
Changement de filtre. Ceci encourage d’ailleurs régulièrement les laboratoires à reformuler leurs produits de protection solaire pour répondre aux attentes du marché et à l’évolution de la réglementation. Leurs effets sur l’organisme et sur les écosystèmes sont largement montrés du doigt. Par exemple, l’octocrylène – ce filtre UV dénoncé mais pas interdit – a été déréférencé de nombreuses formules au nom du principe de précaution, ce qui a entraîné des pénuries d’autres filtres.
En 2023, bon nombre de laboratoires en ont fait les frais. « Effectivement, 2023 a été compliquée à cause des très nombreuses ruptures de matières premières, admet Pauline Cazaux (Eau Thermale Avène). L’année 2024 devrait néanmoins être exceptionnelle pour nos solaires : nous avons largement anticipé pour ne pas subir de ruptures. »
Clémence Menez (Mustela) confirme : « L’année 2024 s’annonce sous de meilleurs auspices car le marché s’est adapté en anticipant ses commandes. »
Désaisonnaliser la photoprotection.
Les conséquences des méfaits du soleil sur le vieillissement cutané ne sont plus à prouver et sont au cœur des préoccupations des consommateurs. « Selon une étude, seulement 13 % des Français se protègent au quotidien alors que 90 % d’entre eux voudraient le faire », confie Katia Nebot Kaminski (Biotherm). De plus en plus de soins de jour se dotent d’une photoprotection, notamment parce que l’utilisation de certaines molécules comme le rétinol nécessite de se protéger le jour des rayons du soleil même modestes.
Pour accompagner ces attentes, les laboratoires développent des produits à mi-chemin entre un soin, un maquillage et une crème solaire. C’est la mission que s’est confiée Isdin, un laboratoire espagnol qui fait un retour en force cette année en France avec sa plateforme Fusion Water et ses six photoprotections, dont une petite nouvelle, Magic, qui promet un SPF 50 et un glow immédiat. Ce n’est pas un cas isolé, Skinceuticals accompagne aussi ses routines de photoprotection, à l’image d’Advanced Brightening UV Defense SPF 50 et ses propriétés antitaches. « Nous poussons les textures fluides tout au long de l’année, annonce Anaïs Routhiau (La Roche-Posay). Autant de propositions qui permettent aussi de désaisonnaliser les ventes de solaires, encore très cantonnées à l’été. » « Nous avons fait Le choix d’un parfum “skin” et pas connoté “été” pour nos solaires afin qu’ils puissent être utilisés toute l’année », confirme Cécile Debièvre (Embryolisse). Une catégorie encore prometteuse en somme, où la frontière entre soin de la peau et photoprotection est de plus en plus fine.
+ 15,5 %
221 millions de chiffre d’affaires
Les pharmacies représentent la moitié des ventes de photoprotection en France, devant la grande distribution, les parfumeries sélectives et les parapharmacies. Le triptyque qualité-sécurité-prix a encore frappé.
+ 11,6 %
12,9 millions d’unités vendues
Post-Covid, la reprise des voyages et la météo favorable ont de fait encouragé les consommateurs à plébisciter les crèmes solaires vendues en pharmacie.
Source : Iqvia, en cumul annuel mobile à fin 2023.
Une communication à 360°
La prise de conscience des méfaits du soleil ou encore les formules innovantes des laboratoires n’expliquent pas en totalité les excellentes performances de la catégorie. « Le merchandising en point de vente et les campagnes de communication soutiennent cette catégorie porteuse », affirme Cécile Debièvre, directrice générale d’Embryolisse. Du côté de la marque La Roche-Posay, on soutient les campagnes de prévention des dermatologues. En 2023, SVR s’était fait remarquer en actionnant divers leviers : médias digitaux, sponsoring TV de la météo et campagne d’affichage dans le métro parisien. « Nous avons prévu de renouveler ces opérations dans une quête de notoriété globale de la marque en s’appuyant sur cette catégorie porteuse », note Charlotte Cabel, responsable trade marketing France & Benelux chez SVR. Les acteurs du marché recrutent même des ambassadeurs pour profiter de l’engouement autour des solaires. Biotherm a fait connaître le nouveau visage de sa marque mi-avril, et La Roche-Posay a annoncé qu’il avait engagé Jannik Sinner, le joueur de tennis italien. On n’a donc pas fini d’entendre parler de photoprotection.
Une protection complète contre les UVB et aussi les UVA
Pour vérifier qu’une photoprotection est aussi efficace en matière d’UVB que d’UVA, certains laboratoires affichent le logo UVA encerclé de blanc. D’autres, comme Embryolisse ou Topicrem, ont cependant décidé d’afficher la norme internationale. Il s’agit de la mention PA suivie de 1 à 4 + (PA+, PA++, PA+++ et PA++++). Cette notation répandue dans certains pays d’Asie fait aussi son apparition dans l’Hexagone et permet de valoriser la protection d’un produit solaire contre tous les rayons UV.
CHIFFRES-CLÉS
TOP 5 DES LABOS
PARTS DE MARCHÉ, EN VALEUR*
TOP 5 DES MARQUES
PARTS DE MARCHÉ, EN VALEUR*
RÉPARTITION ET ÉVOLUTION DES VENTES DE PRODUITS SOLAIRES SELON LA GALÉNIQUE
TOP 5 DES PRODUITS
PARTS DE MARCHÉ, EN VALEUR*
1 Spray 200 ml SPF 50+ d’Avène
2,9 % Spray
2 200 ml SPF 50+ enfants d’Avène
2,7 %
3 Fluide Intense Protect 150 ml SPF 50+ d’Avène
2 %
4 Lait 150 ml SPF 50+ de La Rosée
1,8 %
5 Stick SPF 50+ de La Rosée
1,8 %
*Source : Gers data, en cumul annuel mobile à décembre 2023
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