Homéoparty

Sur le marché de l’homéopathie, les années se suivent… et confirment l’inexorable progression des petits granules. Certes, la progression de l’homéopathie avec AMM entre 2007 et 2008 n’aura été « que » de 10 % en volume et 6 % en valeur quand elle pointait à 14 % en unités et plus de 10 % en valeur en 2007. Un « léger » ralentissement qui n’en est pas un si l’on compare ces résultats à ceux enregistrés globalement par les médicaments conseils.

Les granules continuent donc de séduire de nouveaux patients tout en restant dans le même temps soutenus par les médecins puisque les trois quarts des ventes relèvent de la prescription. L’homéopathie est définitivement sortie du giron des thérapeutiques alternatives. Preuve en est le succès de l’indétrônable Oscillococcinum qui reste leader des ventes d’antigrippaux devant Fervex et Actifed ! Il demeure ainsi sur la première marche du podium des ventes de médicaments antigrippaux conseil depuis neuf ans !

Les 148,3 millions de CA glanés grâce à l’homéopathie sont réalisés en grande majorité par quatre classes phares, à savoir les voies respiratoires, les sédatifs et modificateurs de l’humeur, les antalgiques et la dermatologie. Les produits des voies respiratoires représentent à eux seuls 40 % d’unités vendues sur ce marché et plus de 46 % de son chiffre d’affaires. Leur croissance en 2008 est toutefois plus modeste qu’en 2007 : + 8,4 % en unités quand elle était de + 18 % l’année précédente. Des données qui s’expliquent par les pics épidémiques des pathologies ORL, lesquelles se sont en effet révélées plus précoces sur la saison hivernale 2007-2008, « gonflant » les chiffres 2007, et plus tardifs pour l’hiver 2008-2009, bénéficiant cette fois plutôt au marché 2009. Cette classe bénéficie largement de l’« effet Oscillococcinum » dont les ventes ont enregistré une hausse de 14 % en unités durant l’hiver dernier.

Les sédatifs et modificateurs de l’humeur totalisent, eux, près de 20 % de parts de marché en volume et près de 17 % en valeur. Ils enregistrent une croissance de 10 % en volume et 6 % en valeur. Une « contre-performance » par rapport aux excellents résultats de l’année précédente : presque 21 % de progression en volume et 9 % en valeur ! Une explication possible : les vagues de déremboursements intervenues en 2007 et dont les premières répercussions sont apparues en 2008. Sédatif PC reste leader de cette classe devant Passiflora qui pousse L.72 sur la troisième marche du podium après avoir été huit ans dauphin.

Boiron toujours leader en dermatologie

Côté antalgiques, troisième segment du marché avec 11 % de parts en volume et valeur, les ventes restent stables avec une croissance minime d’un peu plus de 2 % en unités et 1 % en valeur. Camilia engrange les meilleurs scores de vente devant Homéoplasmine et Urarthone.

Enfin, la classe des produits de dermatologie, quatrième avec respectivement 10 % des ventes totales en unités et 9 % en chiffre d’affaires, enregistre une croissance du même ordre : un peu plus de 1 % en volume et valeur. Là encore, Boiron domine, raflant les trois premières marches du podium avec Homéoplasmine (grand modèle de 40 g et tube-canule de 18 g) et Calendula LHF. Côté laboratoires, le géant lyonnais tient plus que jamais le marché français dans sa main. Mais si le groupe affiche en 2008 un chiffre d’affaires en croissance de 7,5 %, ce résultat est surtout lié aux ventes à l’étranger. Le chiffre d’affaires réalisé en France en 2008 était en effet de 264,7 millions contre 264,1 millions en 2007. Lehning, qui n’a pas souhaité s’exprimer, semble encore perdre du terrain. Sa stratégie offensive menée les années précédentes pour développer les unitaires ne semble pas avoir porté ses fruits. Le laboratoire pourrait bien se recentrer sur son coeur de métier, à savoir les spécialités.

La situation de quasi-monopole de Boiron ne lui fait pas perdre de vue une éventuelle menace venue de l’étranger. D’autres laboratoires européens pourraient en effet s’intéresser au marché français et à son potentiel encore loin d’être tari.

Libre accès : une chance à saisir ?

Une récente étude, diligentée par un site grand public santé, montre en effet que les Français citent parmi les premiers critères de choix d’un médicament l’absence d’effets secondaires. L’homéopathie devrait donc, dans les années à venir, logiquement continuer sa progression. La possibilité de mettre en accès libre certains produits augmentera-t-elle les demandes spontanées ? Difficile de le dire pour le moment, car nous ne disposons pas encore de chiffres quant au nombre d’officines ayant opté pour une mise en libre accès de l’homéopathie.

Chez Boiron, une vingtaine de produits sont concernés. « Nous avons proposé aux officines qui le souhaitaient trois PLV spécifiques pour la zone en libre accès. Ce sont des meubles compacts qui permettent aux pharmaciens de les intégrer sans changer leur agencement. Nous établissons des plans types et conseillons aux pharmaciens de mettre en libre accès les produits de façon saisonnière, notamment pour Arnigel, Sédatif PC et Cocculine », explique Marc Bouchu, directeur marketing de la division Médication familiale des laboratoires Boiron.

Mais l’homéopathie reste un marché où le conseil tient une place importante. Difficile de développer les unitaires sans le soutien d’une prescription ou les conseils d’un pharmacien expert… Les laboratoires le savent et continuent de miser sur la visite médicale et officinale. Parmi les événements de 2008, notons justement la certification de la visite médicale chez Boiron. « Pour nous, c’est une vraie récompense », note Marc Bouchu. Le service compte 90 visiteurs qui ont en charge la visite des médecins, sages-femmes et équipes officinales.

Côté innovations, pas vraiment de lancements, hormis le gel Arnica Lehning, mais il est vrai que ce marché ne s’est jamais caractérisé par une avalanche de nouveautés. Des produits sont toutefois dans les pipelines et l’homéopathie explore de nouveaux territoires. En 2008, vingt-cinq nouveaux projets d’études ont été initiés chez Boiron. Objectifs : évaluer l’efficacité de nouveaux produits et tester les possibilités de médicaments existants dans de nouveaux domaines, avec pour priorité d’améliorer l’accompagnement des patients atteints de pathologies lourdes ! Le laboratoire travaille notamment avec divers pôles hospitaliers spécialisés en cancérologie.

L’homéopathie, toujours en quête de reconnaissance, tente de trouver dans la recherche et le rapprochement entre laboratoires et équipes hospitalières la crédibilité qui lui manque…

+ 5,8 %

En 2008 les ventes de spécialités homéopathiques avec AMM ont représenté un CA de 148,3 millions (+ 5,8 %), correspondant à 31 millions d’unités vendues (+ 8,4 %).

LES MEILLEURES VENTES

Voies respiratoires

1 Oscillococcinum doses (6)

2 Stodal sirop

3 Coryzalia (40)

Sédatifs et modificateurs d’humeur

1 Sédatif PC cp (40)

2 Passiflora composé granulé

3 L..72

Antalgiques

1 Camilia unidose (10)

2 Arnigel Premiers soins

3 Urarthone Elixir

Dermatologie

1 Homéoplasmine (40 g)

2 Homéoplasmine (18 g)

3 Calendula LHF crème (20 g)

LES MEILLEURES VENTES

Vitamines et minéraux

1 Biomag cp (90)

2 Rexorubia granulés

3 Weleda sels calciques

Antinauséeux

1 Cocculine cp (30)

2 Cocculine doses (6)

3 Nux vomica Complexe N49

Exemple d’organisation du rayon

LES SPÉCIFICITÉS À PRENDRE EN COMPTE

Les références de forte demande spontanée seront implantées en parallèle dans le rayon de médication familiale à l’arrière des comptoirs, dans leur classe thérapeutique correspondante (rhume, sédatifs, irritation…) et en libre accès pour les références autorisées.

Certaines références de conseil seront associées en complémentarité dans le meuble conseil arrière avec des références allopathiques (ex : verrues, diarrhée…).

PROFILS DE MEUBLES LES PLUS ADAPTÉS

Meubles hauts, avec ou sans tiroirs « homéopathie » en dessous.

LES CLÉS D’ENTRÉE DU RAYON

Entrée 1 : laboratoire.

Entrée 2 : fonction.

CONSEILS POUR OPTIMISER L’IMPLANTATION

Facing large pour les grosses rotations, plus étroits pour les références de conseil.

Voies respiratoires en partie haute du rayon en hiver.

Dermatologie en partie haute du rayon en été.

Création d’un niveau spécifique pour la pédiatrie.