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En finir avec les tensions d’approvisionnement

Publié le 2 septembre 2019
Par Yolande Gauthier
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Antiépileptiques, corticoïdes oraux et injectables, sartans, antiparkinsoniens, anticancéreux, vaccins… Depuis de nombreux mois, les pharmacies sont confrontées à des problèmes récurrents d’approvisionnement en médicaments, provoquant la colère des patients. Les chiffres sont significatifs : l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a géré 44 signalements de rupture ou tension en 2008, 538 en 2017… et plus de 850 l’an dernier. Selon une enquête des entreprises du médicament (Leem) présentée en février, 47 % des patients chroniques ont été confrontés une ou plusieurs fois à des ruptures de stock en 2018. La faute à qui ? Aux industriels, estiment dans leur immense majorité les malades et certains pharmaciens. Délocalisation de la fabrication des principes actifs en Chine ou en Inde, éclatement de la chaîne de production dans plusieurs pays, perte d’intérêt pour des molécules anciennes peu chères ou encore basculement des ventes vers des pays où les médicaments ont des prix plus élevés sont autant de facteurs avancés pour expliquer les problèmes d’approvisionnement rencontrés.

Les autorités font face en mettant en place un contingentement des stocks, des importations de spécialités équivalentes ou encore une distribution réservée à l’hôpital. Fin juillet, l’ANSM a même restreint l’approvisionnement des pharmacies en corticoïdes oraux à base de prednisone et prednisolone aux seuls grossistes-répartiteurs, et interdit l’exportation de ces médicaments.

Les médias grand public se sont emparés du sujet. Le 19 août, Le Journal du Dimanche a ainsi publié la tribune d’un collectif de médecins hospitaliers, proposant trois mesures pour prévenir – plutôt que gérer – les pénuries : imposer aux laboratoires la constitution et la gestion de stocks de plusieurs mois pour les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), rapatrier en Europe la production des principes actifs, créer un établissement pharmaceutique à but non lucratif – si possible européen, sinon français –, assurant la production de médicaments passés dans le domaine public. «   La création d’une telle structure […] sera le garant de la qualité des médicaments et de prix justes et pérennes   », soulignent les signataires. Ces mesures ont été jugées complexes et peu convaincantes par le Leem (Les entreprises du médicament), qui prône plutôt des incitations économiques et un encadrement adapté de la distribution. Il appartiendra au ministère de la Santé de trancher. La première réunion du nouveau comité de pilotage national consacré à la lutte contre les pénuries de médicaments est prévue ce jeudi 5 septembre. §

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