Dévitalisation
Si la croissance est encore au rendez-vous pour le marché mondial du médicament en 2005, elle ne cesse de s’effriter par rapport aux années précédentes. En France, les prochains mois pourraient être difficiles pour l’industrie pharmaceutique.
Le marché mondial du médicament a atteint 477 milliards d’euros (MdEuro(s)) de chiffre d’affaires avec une croissance de 7 %, contre 8 % en 2004 et 10 % en 2003. La tendance se confirme. Depuis 2002, la croissance ne cesse de fléchir. Elle était souvent de plus de 10 % par an jusqu’à cette date. « Tandis que la croissance des marchés matures se tempère, l’attention de l’industrie se fixe sur de plus petits marchés en développement, qui ont des performances exceptionnelles », commente IMS Health. Les dix principaux marchés, représentant 80 % du marché mondial, ont progressé de 5,7 % contre 7,2 % l’année précédente, tandis que les marchés dits émergents comme la Chine, la Russie ou encore la Corée et le Brésil ont tous connus des croissances à deux chiffres.
C’est en Amérique du Nord que le ralentissement est le plus fort. Ce marché, qui représente à lui seul près de la moitié du marché mondial (47 %), n’a connu en 2005 qu’une progression de 5,2 % (210,2 MdEuro(s)) contre plus de 18 % en 1999. Sa part dans la croissance mondiale s’est réduite de presque moitié entre 2001 et 2005 (de 58 à 34 %), quand celle des marchés émergents a été multipliée par six (de 3 à 19 %). L’Europe a enregistré une croissance de 7,1 % (134,1 MdEuro(s)), le Japon de 6,8 %. En Amérique latine, le marché a bondi de 18,5 % et de 11 % en Asie du Pacifique (hors Japon) et en Afrique.
Le marché a été tiré par les « blockbusters » (médicaments avec des CA de plus de 791 MEuro(s)). Ils ont représenté plus d’un tiers des ventes. IMS Health en a recensé 94 en 2005, 17 de plus qu’en 2004. « Même si six d’entre eux perdront leur brevet cette année, ils continueront d’occuper une place importante grâce à la croissance de ceux déjà présents sur le marché et le lancement de nouveaux produits. »
En 2005, 30 nouveaux médicaments ont été lancés sur le marché, un nombre stable depuis trois ans. Ces lancements concernent essentiellement des produits destinés aux spécialistes : 17 médicaments étaient issus des biotechnologies et 4 concernaient l’oncologie, contre seulement 7 lancements en médecine générale. 2006 devrait être un bon cru avec une prévision de 39 lancements dont 26 médicaments « spécialisés ». Le lancement de ces produits dits « de spécialistes » est un enjeu de plus en plus important puisque la croissance globale du marché dépend d’eux en grande partie. Ils représentaient 21 % de la croissance en 2001 et 40 % en 2005.
La place des génériques augmente
L’oncologie est désormais largement la première classe thérapeutique en termes de contribution à la croissance (12,4 % en 2005, 5,4 % en 2001), devant les hypocholestérolémiants (5,8 % en 2005, 7,8 % en 2001). Quant aux génériques, ils prennent de plus en plus de place. Leur contribution à la croissance en volume se poursuit au détriment des princeps. En 2001, le rapport était de 61,3 % contre 38,7 % pour les princeps, il est en 2005 de 127,5 % contre – 27,5 % pour les princeps ! En valeur, ils représentent désormais 14,5 % du marché mondial contre 8,3 % en 2001. Sur le marché « non protégé », c’est-à-dire dans lequel les brevets sont tombés dans le domaine public (l’équivalent de notre Répertoire au niveau mondial), ils détiennent la moitié des parts de marché en valeur (48 %) et en volume (56 %). Ranbaxy, Sun Pharma et Dr. Reddy’s Lab, tous trois d’origine indienne, se partagent l’essentiel de ce marché.
Devant le renforcement du prix moyen des médicaments prescrits, les pouvoirs publics n’ont d’autres solutions que de contrôler les volumes et les ALD (8 millions de personnes en France).Les perspectives à trois ans
En 2009, la croissance du marché mondial devrait se stabiliser autour de 7 %. La Turquie ferait son entrée dans les 10 premiers marchés mondiaux. On y retrouve, dans l’ordre, les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, la Chine, l’Espagne, le Canada et la Turquie. De fortes croissances, au-delà de 10 %, sont prévues dans de nombreux pays d’Asie du Sud-Est et d’Europe de l’Est dans les 4 prochaines années. Dans les sept principaux pays, le marché des génériques devrait croître de 14 à 17 % par an pour atteindre en moyenne 18 % de parts de marché en valeur en 2005.
Le nombre de médicaments en phase I et II est en forte croissance, avec + 36 % sur trois ans. On en dénombre, en 2005, 915 en phase I, 1 021 en phase II, 286 en phase III et 130 en phase de préenregistrement. Selon les prévisions d’IMS Health, les traitements contre le cancer et en hématologie seront les moteurs de la croissance d’ici 2009. Ils devraient y contribuer respectivement pour 11 et 13 %.
En France, cassure de la croissance en 2007
En France, les ventes de médicaments en ville représentent en 2005 un CA de 26,4 MdEuro(s), dont 22,4 de princeps (85 % de parts de marché) et 4 de génériques. Le Répertoire pèse 6,5 MdEuro(s), dont 2,3 pour les génériques, en progression de 20 %.
En volume, IMS Health a comptabilisé 2,65 milliards de spécialités vendues sur le marché pharmaceutique français, soit une hausse de 2,6 % par rapport à 2004. Pour être complet, 508,4 millions de médicaments non remboursables ont également été vendus.
Selon IMS Health, « le marché français est à un carrefour », malmené qu’il va être par l’ensemble des mesures qui vont le toucher au même moment dans les prochains mois. La réforme du système de santé réduira les dépenses en ville et l’entrée en vigueur de la tarification à l’activité les amenuisera à l’hôpital. Le médecin traitant limitera les prescriptions et les entrées en ALD, la charte de la visite médicale réduira l’accès aux prescripteurs, de nombreux médicaments seront déremboursés, sans compter l’élargissement du Répertoire et des TFR.
IMS Health table sur une cassure de la croissance en 2007 qui devrait passer d’environ 6 % à 4,9 %, puis se stabiliser à un rythme de croissance régulier autour de 5 % jusqu’en 2010. A cette date, les anticancéreux seront au deuxième rang des classes thérapeutiques, derrière les traitements cardiovasculaires. L’oncologie est en 2005 le premier secteur d’investissement en développement clinique. La croissance du marché hospitalier sera trois fois supérieure à celle du marché de ville : 9,3 % contre 3,2 % entre 2005 et 2010. Une différence qui s’explique largement par les prix. Ils devraient s’infléchir fortement en ville pour exploser à l’hôpital.
Les génériques continueront de progresser. Dans les cinq ans qui viennent, plus de 5,4 MdEuro(s) de chiffres d’affaires provenant des principales molécules dont le brevet arrive à échéance vont tomber dans le Répertoire. Selon IMS Health, « le marché n’a pas encore subi la moitié de l’impact des génériques. Il reste deux tiers à passer. »
+ 6,2 %
En 2005, 2,65 milliards de spécialités remboursables se sont vendues sur le marché pharmaceutique français, soit une hausse de 2,6 % par rapport à 2004. Le chiffre d’affaires était de 18,2 milliards d’euros en PGHT (+ 6,2 %).
Laboratoires de princeps : Le top-10
En millions d’unités
1. Sanofi-Aventis (111,3)
2. Sanofi-Aventis OTC (25,7)
3. Pfizer (23,4)
4. GlaxoSmithKline (22,4)
5. Schering-Plough (15,9)
6. Cephalon France (15,5)
7. AstraZeneca (14,9)
8. Roche (14,7)
9. Merck Lipha Santé (13,8)
10. Bristol-Myers Squibb (13)
En valeur PGHT (MEuro(s))
1. Sanofi-Aventis (845,4)
2. AstraZeneca (252,2)
3. Pfizer (250,9)
4. Bristol-Myers Squibb (236,2)
5. GlaxoSmithKline (181,9)
6. MSD-Chibret (167,3)
7. Schering-Plough (113,7)
8. Janssen-Cilag (101,1)
9. Merck Lipha Santé (93,5)
10. Fournier (69,9)
(Source : IMS Health
LMP SO, 2005.)
Spécialités Le top-10
En millions d’unités
1. Doliprane (127,5)
2. Efferalgan (75,8)
3. Dafalgan (57,7)
4. Kardégic (24,6)
5. Lévothyrox (23,7)
6. Spasfon (22,4)
7. Propofan (19,8)
8. Daflon (17,5)
9. Tahor (16,7)
10. Di-Antalvic (16,4)
En PGHT (MEuro(s))
1. Plavix (450,2)
2. Tahor (403,9)
3. Seretide (294,9)
4. Elisor (216,3)
5. Inexium (173,9)
6. Vasten (161,3)
7. Triatec (143,2)
8. Symbicort (141,4)
9. Mopral (139,6)
10. Glivec (133,6)
(Source : IMS Health
LMP SO, 2005.)
- L’IA au service des pharmaciens : un levier contre la fraude aux ordonnances ?
- « Non, monsieur Leclerc, les pharmaciens ne sont pas des nuls ! »
- [VIDÉO] Médicaments : on vous livre cette idée…
- Sante.fr : l’outil de référence pour faire connaître ses services aux patients
- Campagnes publicitaires de médicaments OTC et des produits de parapharmacie
- [VIDÉO] Arielle Bonnefoy : « Le DPC est encore trop méconnu chez les préparateurs »
- [VIDÉO] Le service de livraison en ligne : « Ma pharmacie en France » disponible dès juin
- [VIDÉO] Négociations, augmentations, ancienneté… Tout savoir sur les salaires à l’officine
- [VIDÉO] 3 questions à Patrice Marteil, responsable des partenariats Interfimo
- [VIDÉO] Quand vas-tu mettre des paillettes dans ma trésorerie, toi le comptable ?
![[VIDÉO] Arielle Bonnefoy : « Le DPC est encore trop méconnu chez les préparateurs »](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2025/03/bonnefoy-dpc-680x320.png)
![[VIDÉO] Le service de livraison en ligne : « Ma pharmacie en France » disponible dès juin](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2025/03/grollaud-sans-680x320.png)