Coûts et conséquences de la grippe en 7 chiffres clés

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Coûts et conséquences de la grippe en 7 chiffres clés

Publié le 26 mars 2025 | modifié le 27 mars 2025
Par Christelle Pangrazzi
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La grippe saisonnière coûte jusqu’à un milliard d’euros par an à la France. Derrière cette infection virale banalisée, un fardeau évitable pour le système de santé, l’économie… et les patients les plus vulnérables. Une couverture vaccinale mieux ciblée pourrait considérablement en atténuer les effets.

Pour documenter le fardeau de la grippe sur la société, le collectif A Grippe Toi – réunissant des associations de patients, des professionnels de santé, des sociétés savantes, des chercheurs, des fondations et des acteurs industriels et institutionnels – a publié en mars 2025 une note d’analyse fondée sur les données de Santé publique France, de l’Assurance maladie, de la Haute Autorité de santé (HAS), de la Cour des comptes et d’études scientifiques. Il plaide pour une politique vaccinale adulte plus ambitieuse et structurée, au bénéfice de la santé publique et de l’efficience économique.

300 millions d’euros de coûts directs annuels

Chaque année, la grippe saisonnière engendre environ 1 million de consultations en ville (coût estimé entre 50 et 100 M€) et plus de 20 000 hospitalisations (pour un coût allant de 100 à 200 M€), soit un total d’environ 300 millions d’euros de dépenses de soins.

Les personnes âgées de 60 ans et plus représentent 69 % des journées d’hospitalisation pour grippe et 59 % des admissions en soins intensifs.

700 millions d’euros de coûts indirects

Absentéisme (coût estimé entre 150 et 400 M€), baisse de productivité (entre 100 et 200 M€) et décès prématurés (50 à 100 M€) alourdissent fortement le bilan économique. Au total, les coûts indirects liés à la grippe sont estimés à 700 millions d’euros par an, sur la base des données les plus hautes.

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La grippe entraîne chaque année la perte de 1,5 à 2 millions de journées de travail.

9 000 décès annuels

La grippe saisonnière reste une cause majeure de mortalité évitable, avec environ 9 000 décès par an, dont plus de 90 % chez les seniors.

Le risque d’infarctus est multiplié par 10 dans les jours suivant une infection grippale ; celui des accidents vaculaires cérébraux (AVC) par 8.

42,9 % de couverture vaccinale chez les personnes ciblées

Au 31 décembre 2024, les données intermédiaires indiquent que seules 42,9 % des personnes éligibles à la vaccination contre la grippe étaient effectivement vaccinées. Ce taux est en baisse par rapport à l’année précédente (45,9 %) et reste largement en dessous des 75 % recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Chez les 65 ans et plus, la couverture atteint 49,8 % ; elle tombe à 22,7 % chez les moins de 65 ans à risque.

57 000 cas évités grâce au vaccin haute dose

Dans la population des séniors, remplacer le vaccin standard par un vaccin haute dose (Efluelda, retiré du marché en 2024), qui induit une meilleure réponse immunitaire chez les personnes âgées, permettrait d’éviter chaque année 57 000 cas de grippe, 16 000 hospitalisations et plus de 760 décès.

Ce gain correspond à une amélioration, en termes d’événement liés à la grippe et de complications, équivalente à + 20 points de couverture vaccinale.

Jusqu’à 28 € de bénéfice pour 1 € investi dans la vaccination

Selon une étude de l’Office for Health Economics, chaque euro investi dans la vaccination des adultes à partir de 50 ans peut générer entre 7 et 28 € de bénéfices économiques pour la collectivité.

En 2018, la France ne consacrait que 0,32 % de son budget de santé à la vaccination, contre 0,5 % en moyenne dans l’Union européenne.

23 % des patients âgés hospitalisés perdent leur autonomie

Parmi les personnes âgées hospitalisées pour grippe ou infection respiratoire aiguë, près d’un quart subit une perte d’autonomie un mois après la sortie. Cette perte, souvent irréversible, a un coût lourd pour l’Assurance maladie.

En France, on évalue à 1,5 milliard d’euros la somme engagée chaque année pour prévenir la perte d’autonomie, dont 460 M€ pour les aides techniques.

Qui vacciner ?

La Haute Autorité de Santé (HAS) identifie plusieurs groupes à haut risque de complications grippales, pour lesquels la vaccination est recommandée :

  • les personnes âgées de 65 ans et plus ;
  • les personnes atteintes de pathologies chroniques (notamment cardiaques, respiratoires, rénales, diabète, immunodépression) ;
  • les femmes enceintes ;
  • les enfants de 2 à 17 ans, à la fois fragiles et vecteurs épidémiques.

La HAS insiste sur la nécessité de protéger ces publics pour réduire les hospitalisations et la mortalité associée à la grippe. La stratégie vaccinale doit intégrer ces recommandations de façon opérationnelle.

Source : HAS, révision de la stratégie de vaccination contre la grippe saisonnière, 2023.