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Ancien régime

Publié le 5 juillet 2014
Par Marie Luginsland
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Au régime maigre depuis quelques années, le marché de la minceur perd à nouveau du poids. Ce recul ne concerne que la parapharmacie, en chute libre de 10,5 % en valeur. Signe que l’expertise et le capital confiance restent aux mains de l’officine.

La crise a eu des effets ravageurs sur le marché de la minceur. Les espoirs déçus ont fait le reste. Les ventes à l’officine, stables en valeur, ont chuté de 4,7 % en volume. « La baisse du pouvoir d’achat peut avoir un impact sur les achats de ces produits qui ne sont pas vraiment de première nécessité. D’autre part, le marketing de masse a été attractif, avec notamment Le Petit Marseillais, qui a une image de qualité auprès des consommateurs. Certaines consommatrices habituées au circuit pharmaceutique se sont ainsi tournées vers la grande distribution », analyse Emeline Trin, chef de produit Somatoline Cosmetic (Rogé Cavaillès). Dans cette gamme, l’amincissant de nuit est bien l’un des seuls topiques à tirer son épingle du jeu, avec 113 000 unités vendues, soit une progression de 33 %. « La relance s’est opérée sur une formule plus efficace et plus rapide, ce qui nous a valu une forte croissance des ventes, estime Emeline Trin. Nos efforts de stabilisation valent également pour les produits destinés aux hommes, qui détiennent 94 % de part de marché sur ce créneau. » Les ventes de la référence pour femmes Ventre et Hanches sont stimulées par le lancement début février d’un format de 150 ml. La marque vient de lancer parallèlement à sa nouvelle gamme anticellulite l’Amincissant drainant jambes.

Percutaféine, toujours dans la course

Figure également au podium des produits les plus vendus, Percutaféine, médicament destiné aux surcharges adipeuses sous-cutanées localisées. « Sa présentation en gel et sa composition en caféine dosée à 5 % en font un produit apprécié », note Cécile Fournier, directrice du pôle santé féminine de Pierre Fabre Santé. Pour le reste du marché, les produits anticellulitiques, en chute globale de 10 % en valeur et même de 12 % en volume, restent, tout comme les substituts de repas (- 24,5 % en valeur), une zone à problèmes.

A tel point qu’il est aujourd’hui difficile d’évoluer sur ce terrain, comme en témoigne Philippe Mascaras, directeur général au sein du groupe Dukan : « Nous avons subi de plein fouet les critiques et les plagiats de nos produits qui se sont soldés par une désaffectation ponctuelle du consommateur », affirme-t-il. Le groupe, qui vu son chiffre d’affaires baisser de 20 % en 2012 et une nouvelle fois de 20 % l’année dernière, ne s’avoue pas vaincu. Doté d’une vingtaine de commerciaux, il repart à la conquête de l’officine avec un cacao dégraissé à 1 %, des références de ketchup et de mayonnaise. Avec pour objectifs une présence dans 11 % des officines et un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros en fin d’année.

Au rang des solutions minceur, le complément alimentaire est le seul à faire recette. Il détient 83,4 % de part de marché, avec 125,2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et il sauve la mise du marché global avec une croissance de 3,3 %. Ce constat n’est pas une surprise car, déjà en 2012, le segment des compléments alimentaires était le seul à freiner la chute du marché. Pour autant, le recul des ventes en volume (2,6 %) est un premier signal d’alerte. « Le complément alimentaire minceur est d’autant plus fluctuant qu’il est soumis à des phénomènes de mode », relève Thierry Péanne, à la tête des Trois Chênes.

La « cure officinale »

Du côté d’Arkopharma, ces inflexions inquiètent peu. « Avec la gamme Arkofluides, depuis huit ans, nous avons su rester sur une notion de programme, que nos consommateurs se sont approprié, constate le chef de produits Jocelyn Petit, signalant une progression de 24,2 %. Ce succès tient à une offre claire déclinée sous trois formules : Synergie minceur, Starter et Booster, doublée d’un suivi par un nutritionniste par le biais d’Internet. Il s’agit d’un programme d’hygiène de vie que nous proposons. » Et d’ajouter que si Internet canalise aujourd’hui près de 40 % des ventes de produits minceur, le site d’Arkopharma redirige systématiquement l’internaute vers son pharmacien.

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Pour les fabricants, comme pour les consommateurs, l’officine est plus que jamais identifiée comme la référence de base. « Ce marché est un marché de l’efficacité. Nous ne sommes pas vraiment sur un segment d’achat d’impulsion. Les pharmacies continuent de bénéficier d’un capital de confiance et de la caution scientifique de produits comme les nôtres », note Emeline Trin. L’officine apparaît également comme la pierre angulaire sur laquelle repose la distribution des Trois Chênes. Comme l’indique Thierry Péanne, « nos produits sont d’une grande technicité et requièrent les conseils du pharmacien. » Laboratoires et officinaux sont soumis à une même exigence : ils ne peuvent plus se permettre de décevoir.

– 0,1 %

En 2013, en officine, le marché de la minceur a reculé de 0,1 % en valeur et de 4,7 % en volume. Il représente près de 10 millions d’unités vendues, pour un chiffre d’affaires de 150,17 millions d’euros.

LES MEILLEURES VENTES*

COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES

1 Probiolog gél. (30)

2 XL-S Capteur de graisse cp. (60)

3 Lactibiane Référence gél. (30)

PRODUITS ANTICELLULITIQUES

1 Percutaféine gel 5 % (192 g)

2 Somatoline Cosmetic Amincissant intensif nuit (400 ml)

3 Somatoline Cosmétic Traitement ventre et hanches (150 ml)

SUBSTITUTS DE REPAS

1 804 Soupe minceur (300 g)

2 Milical barre hyperprotéinée chocolat (6)

3 Kot Drink minceur chocolat (250 ml)

* En unites (source : IMS)