+ 25 % : qui dit mieux ?
Bien qu’ayant marqué un peu le pas ces derniers mois, le marché des médicaments génériques reste dynamique… en dépit des critiques de tous bords et des idées reçues. Il ne faut pas oublier non plus que les génériques ont permis 350 millions d’euros d’économies en cumul sur quatre ans
N’en déplaise à la tutelle qui juge l’effort des pharmaciens insuffisant, le marché du générique en France, certes encore étroit, se porte bien. Les chiffres en témoignent. Rien que sur 2001, année où l’on a sans cesse répété que le générique s’essoufflait, le marché a tout de même progressé de 25 % en valeur par rapport à l’année 2000, représentant un CA de 486 millions d’euros (3,2 milliards de francs). La croissance des génériques sous DCI (représentant 13 % du Répertoire 2001 en valeur contre 10 % en 2000) se fait aux dépens des princeps (79,5 % du Répertoire en 2001, 81 % en 2000) et des génériques de marque (7,5 % du Répertoire en 2001, 9 % en 2000). Sur ce total, 126 millions de boîtes de génériques sous DCI ont été délivrées aux patients en 2001 contre seulement 71 millions pour les génériques de marque. Ce phénomène confirme les choix stratégiques pris par les principaux génériqueurs en France : celui de la DCI et de l’officine comme vecteurs de développement.
Les esprits chagrins trouveront malgré tout à redire, en soulignant que le marché du générique ne pèse que 3,1 % du chiffre d’affaires pharmaceutique réalisé en ville et 6,6 % en volume. En outre, la France ne sort pas à son avantage dans les comparaisons européennes, notamment avec l’Allemagne et le Royaume-Uni où le taux de pénétration du générique est respectivement de 25 % et 23 % en volume et de 17 % et 14 % en valeur. Mais ces résultats ont été acquis après plus de dix ans de développement et avec des règles stables !
ENCORE ÉLARGIR LE RÉPERTOIRE !
On ne peut pas en dire autant dans notre pays où les pharmaciens sont actuellement dans l’expectative sur le plan politique mais aussi du fait de la DGCCRF, qui a mis ses menaces de poursuites à exécution en sanctionnant un certain nombre de pharmaciens pour dépassement du plafond des remises autorisées. Pascal Brière, président de Biogaran, est de ceux qui pensent que les pharmaciens français ont largement réussi leur pari, compte tenu que leur droit de substitution est encore récent (trois ans à peine). Et d’indiquer « qu’ils substituent déjà à l’intérieur du Répertoire plus d’une boîte sur trois. »
L’élargissement du Répertoire est aussi pour quelque chose dans le dynamisme du marché. Pourtant, à ce jour, la liste officielle des génériques ne représente que 14,8 % du marché pharmaceutique de ville en valeur (Répertoire du 8 mars 2002). Syndicats de pharmaciens et génériqueurs jugent qu’elle n’évolue pas assez vite. Certaines molécules comme le paracétamol, le calcium, la vitamine D3, l’acétylcystéine, dont le brevet est tombé dans le domaine public depuis de longues années, pourraient figurer au Répertoire. « Elles permettraient l’élargissement immédiat d’au moins 350 millions d’euros du périmètre de la substitution, soit une extension de 15 % du Répertoire », précise-t-on chez Biogaran. Ce même génériqueur reproche également à l’actualisation du répertoire d’être chaotique. Il en veut pour preuve le cas d’un « poids lourd » de la substitution, la fluoxétine (Prozac, 123 millions d’euros) qui, deux mois après l’extinction de son brevet, n’était toujours pas officiellement substituable, faute de parution de la mise à jour du Répertoire au « Journal Officiel ».
350 millions d’euros d’économies
Autre facteur tout aussi irritant limitant le développement de la substitution : la floraison de fausses nouveautés visant à défendre le pré carré des princeps. « Il nous faut un engagement politique clair qui fasse évoluer une tolérance inacceptable aux AMM de complaisance », tempête Dominique Schmidt, président d’Ifmo.
Il n’empêche, nul ne peut nier le dynamisme du marché. Grâce à l’effort de substitution, 350 millions d’euros d’économies ont été obtenus sur le générique, en cumul sur quatre ans. « Les génériques paient un produit d’innovation par an », fait remarquer Claude Le Pen, professeur en économie de la santé à Paris-Dauphine.
Mais la substitution est loin d’avoir atteint ses limites et le marché recèle un potentiel de croissance considérable. On s’accorde aujourd’hui à dire que 40 % des pharmaciens ne substituent pas. Stéphane Joly, directeur général de Bayer Classics et président de l’Association française des génériques, relève que la part des officinaux qui substituent pourrait être plus importante « si les mécanismes d’incitation du pharmacien fonctionnaient mieux, si la DGCCRF diminuait sa pression, enfin, si on savait à quoi s’en tenir sur le forfait à la boîte et les remises… ». Et Claude Le Pen de condamner la « toxicité » des « prix de référence » officieux. « Ils tuent le générique, explique-t-il. Toutes les dispositions statutaires des pharmaciens : substitution au sein du répertoire, objectif de 35 %, maintien de la marge… et les justifications de la substitution auprès des patients n’ont plus de sens si le princeps est au prix du générique ! »
Mais, selon les enquêtes, le motif très majoritairement invoqué par les pharmaciens substituant peu est essentiellement la réticence des patients. L’opposition des médecins revient désormais un peu moins dans leurs réponses. Dans une étude ODP-Biogaran (7e vague d’enquête réalisée en octobre/novembre 2001 auprès de 303 pharmaciens), 80 % déclaraient que les patients suspectent une qualité inférieure des génériques, 74 % déplorent le manque d’implication des patients dans l’objectif économique et 70 % fustigent l’attitude négative des médecins.
LA PRESCRIPTION EN DCI AU SECOURS DU GÉNÉRIQUE
Mais l’obligation faite de prescrire à 25 % en DCI, rendue d’actualité depuis l’aboutissement de la négociation sur la consultation à 20 euros, devrait débloquer ce verrou. Il faudra aussi compter sur l’expiration de brevets concernant des molécules importantes (voir page 22) permettant un doublement du répertoire à l’horizon 2005 (4 408 millions d’euros de CA contre 2 691 millions en 2002). « Le marché est en attente de croissance », souligne Didier Barret, président de Merck Génériques. Pourtant, l’économiste Claude Le Pen fait remarquer que « le poids du chiffre d’affaires du Répertoire au sein du marché des médicaments reste constant en dépit d’un nombre de plus en plus élevé de groupes et de produits ». Celui-ci se situe bon an mal an entre 12 % et 13 % depuis le Répertoire du 28 août 1999.
« Les efforts des pouvoirs publics ne semblent guère suffisants pour changer les mentalités, que ce soit vers les prescripteurs ou vers les patients », souligne également Jacques Lhomel, directeur général de RPG Aventis. Par ailleurs, celui-ci stigmatise les dangers de règles du jeu instables, notamment celui de baisser encore de 10 % le prix du générique par rapport au princeps, alors que la plupart des laboratoires de génériques accumulent encore des pertes et n’ont pas assaini leurs comptes. Selon Biogaran, le seuil de rentabilité d’un fabricant de génériques peut être aujourd’hui estimé à 53 millions d’euros de CA (350 millions de francs), la marge bénéficiaire sur la vente du générique n’excédant pas les 10 %.
Reste que pour les pharmaciens qui substituent, le générique est payant. « Pour une officine moyenne faisant 915 000 Euro(s) (6 MF environ) de CA substituant à hauteur de 40 à 45 %, les ventes de génériques représentent un chiffre d’affaires mensuel de 3 000 euros (20 000 F) et pour une pharmacie de 1 829 MEuro(s) (12 MF environ) de CA, le double », conclut Xavier Arnaud, responsable marketing chez GNR-Pharma
+ 25 %
Le chiffre d’affaires réalisé par l’officine en 2001 est de 486 millions d’euros (+ 25 % par rapport à 2000), correspondant à 198 millions d’unités vendues (+ 21 %).
Source IMS Health
Les principaux princeps dont le brevet arrive à expiration
2003 – Alfatil, Lipanor, Rulid
2004 – Ciflox, Mopral, Stilnox, Zestril, Xatral
2005 – Zeclar, Zocor, Zoloft
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