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Végan jusqu’au bout des ongles !
Le bien-être animal est une préoccupation qui progresse, y compris dans les compositions des cosmétiques. Le point sur un phénomène qui touche aussi les pharmacies, déjà habituées au bio.
Lorsque Sue Nabi, ancienne présidente de Lancôme International, lance sa propre gamme de cosmétiques haut de gamme Orveda, elle choisit d’en faire une marque vegan, selon les principes ayurvédiques et taoïstes de respect de soi et de la planète. Distribuée depuis cet été chez Harvey Nichols à Londres, cette nouvelle proposition de soin utilise des ingrédients biofermentés comme des prébiotiques naturels et des enzymes marins sélectionnés pour leur affinité avec la microflore de la peau. Cette annonce montre que l’innovation et le luxe sont compatibles avec la prise en compte du bienêtre animal, et que celui-ci n’est pas réservé aux marques militantes présentes en boutiques bio.
LE VÉGANISME comme mode de vie
Comme le végétalisme, le véganisme prône l’absence de consommation de produits animaux, y compris les œufs et le lait, mais va audelà de l’alimentaire en refusant aussi le cuir dans les vêtements et la cire d’abeille dans les cosmétiques, entre autres ingrédients. Encore marginal en France, ce mode de vie se diffuse et les pharmaciens sont de plus en plus interpellés par leurs patients sur la présence d’ingrédients d’origine animale dans les cosmétiques ou les compléments alimentaires. « La tendance existe depuis des années aux États-Unis et en Allemagne, mais elle a vraiment pris un tournant en 2013-2014 et le nom “véganisme” est entré dans le Larousse en 2015 », rappelle la consultante Pascale Brousse, du cabinet Trend Sourcing. Caroline Valton, fondatrice du site de vente de cosmétiques bio, Mon Corner B, a vu arriver le phénomène « il y a deux ans. C’est une tendance portée par les blogueuses, au même titre que les tatouages. Certaines étaient militantes de la cause animale, d’autres étaient spécialisées sur la beauté et se sont intéressées au bio et par extension au véganisme à la demande de leurs lectrices. »
RÉUNIR l’offre et la demande
Lamazuna (“jolie jeune fille” en géorgien), est emblématique de ces petites marques qui utilisent la viralité des réseaux sociaux. Ses packagings colorés font de l’effet sur Instagram et son discours positif séduit les blogueuses. Présente sur les cosmétiques et dans l’hygiène avec des coupes menstruelles ou des bâtonnets d’oreille réutilisables, elle est, aujourd’hui, diffusée au Printemps Beauté Haussmann et dans une centaine de pharmacies. Elle souhaite intensifier son développement en officine, « car ces produits nécessitent du conseil et les pharmaciens, qui se sont déjà tournés vers le bio, sont à même de les apporter aux patients. », affirme Laëtitia Van de Walle, la fondatrice. Elle rappelle que « le véganisme est une démarche globale », qui s’oppose à toutes exploitations du règne animal, y compris celles qui ne maltraitent pas. La cire d’abeille, par exemple, résulte d’un processus naturel et peut être utilisée dans la composition des baumes à lèvres. « Mais, les végans considèrent que les abeilles n’ont pas à travailler pour l’Homme. Sans parler des pesticides et des méthodes industrielles de certaines récoltes de miel ! », ajoute-t-elle.
LA PROPAGANDE
Les États-Unis comptent des influenceuses célèbres, comme Jessica Chastain, Natalie Portman, Beyoncé ou Ariana Grande. La créatrice de mode Stella McCartney utilise depuis des années des alternatives au cuir et à la fourrure. Même en France, pays de la bonne chère, des livres à succès comme « Plaidoyer pour les animaux » de Matthieu Ricard ou les vidéos chocs de l’association L214 sur les conditions d’abattage du bétail ont mis sur le devant de la scène la question de la souffrance animale. Depuis 2015, nos amies les bêtes sont reconnues dans le Code civil comme « des êtres vivants doués de sensibilité » et non plus comme des biens meubles. Et alors que le bio a vu naître ces dernières années toute une génération de cosmétiques naturels à base de lait d’ânesse ou de produits de la ruche, le nec plus ultra du respect de l’environnement est désormais de n’utiliser que des ingrédients végétaux. « Lorsque j’ai créé Lamazuna, j’ai voulu en faire la marque la plus saine possible, à la fois bio, végane, faite à la main et zéro déchet », explique Laëtitia Van de Walle. « Cela n’engendre pas de difficultés particulières, c’est simplement une question supplémentaire à se poser au moment de la formulation. Il existe toutes sortes d’ingrédients végétaux, tels que les beurres de karité, de cacao, le savon d’Alep à base d’huile d’olive… » Face à l’intérêt des consommatrices, de nombreuses marques mettent en avant l’intitulé végan, même si tous leurs produits ne le sont pas. C’est le cas de la jeune marque française Avril, la Britannique Lily Lolo, l’Australienne Mukti, l’Américaine Tarte ou encore la gamme de l’artiste tatoueuse Kat Von D, distribuée chez Sephora. La Russe Natura Siberica s’est associée à la réserve naturelle écossaise Alladale pour formuler sa première ligne végane et s’engage à reverser une cotisation annuelle à la Vegan Society. Mon Corner B vient de référencer la marque de pinceaux de maquillage Antonym, qui utilise des fibres synthétiques plutôt que des poils de chèvre ou d’écureuil.
TENDANCE “Beauty Vegan”
« Le véganisme est un phénomène qui fait beaucoup de bruit, mais le nombre d’adeptes est moindre que sur le bio, tempère Caroline Valton. C’est un mode de vie qui est tout de même contraignant au quotidien, si bien qu’on ne devient pas végan du jour au lendemain. » C’est pourquoi, Laëtitia Van de Walle prône une démarche qui ne soit ni punitive, ni moralisatrice : « Beaucoup de consommateurs réduisent leur consommation de viande sans devenir végétariens, ils cherchent surtout une meilleure qualité. Nous mentionnons végan sur nos packagings pour que les personnes concernées les repèrent tout de suite, mais nous ne sommes pas militants contre la viande », précise-t-elle. De son côté, Pascale Brousse s’étonne que « l’offre de cosmétiques végane ne soit pas plus visible en France, alors qu’en alimentaire tous les distributeurs s’y sont mis. Quand on est végan, on est puriste, tous les domaines sont concernés. » D’autant que les adeptes du “Beauty vegan” gagnent du terrain et, particulièrement, chez les jeunes filles.
4,3 %
C’est la part du bio sur le marché des cosmétiques en France en 2015, en croissance de 6 à 8 % par an.
Source Cosmebio
INFO OU INTOX ?
Le sans gluten mania envahit aussi les cosmétiques. ces produits sont identifiés par un épi de blé barré. Mais les experts s’accordent à penser que la tendance est anecdotique, les effets d’une application cutanée sur l’intolérance au gluten n’étant pas démontrés.
Tests sur animauxLa polémique continue !
Sur le Web, le débat se focalise sur les tests sur animaux. L’Oréal a même fait les frais d’une campagne de dénigrement cette année. Mais, les tests sur animaux sont formellement interdits en Europe sur les produits finis et les ingrédients cosmétiques depuis 2013. Seule l’homologation des produits importés en Chine oblige à passer par des tests réalisés par les autorités sanitaires locales. Donc, pour être vraiment “cruelty free”, une marque doit se fermer au marché chinois. « Je refuse une demande de distribution en Chine par mois », témoigne Laëtitia Van de Walle de Lamazuna. « Il y a beaucoup de confusion entre naturel, bio, végan et “cruelty free” représenté par l’association Peta France, regrette Pascale Brousse, consultante du cabinet Trend Sourcing. Les consommateurs ont du mal à s’y retrouver. »
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