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Un pur produit de l’industrie
Après avoir longtemps travaillé pour des grands laboratoires, Jean-Marie Maingois, spécialiste de la production, crée sa propre entreprise de façonnage pour l’industrie pharmaceutique et cosmétique.
Sorti major de promotion à l’âge de vingt-deux ans, filière industrie, Jean-Marie Maingois fait fi des sirènes de la faculté de pharmacie de Marseille qui lui promettent pourtant une carrière sans heurt. Lorsqu’il répond avec succès à deux annonces passées par des laboratoires dans Le Monde et Le Moniteur des pharmacies, c’est le contrat le moins intéressant financièrement qu’il a choisi : « L’état d’esprit du laboratoire me plaisait, et la société était en pleine expansion. C’est tout cela qui m’a conquis », se souvient avec amusement Jean-Marie Maingois.
Responsable de la fabrication, du conditionnement et de la logistique au laboratoire Guerbet, spécialiste mondial des produits de contraste, Jean-Marie Maingois découvre le domaine de la production. « J’étais au départ chargé des méthodes et, peu à peu, mes responsabilités se sont élargies jusqu’à prendre en charge la fabrication. C’était d’autant plus passionnant que nous étions dans à l’époque dans un contexte très dynamique avec une augmentation des volumes de production de 15 % par an pendant dix ans. »
La production à tous les échelons.
Jean-Marie Maingois gravira ainsi tous les échelons, pour devenir directeur de la production pharmaceutique, en charge de la production France (fabrication, logistique et qualité) et internationale. Cette dernière mission lui permettra de découvrir un nouvel aspect du métier : l’audit et la mise en place de productions locales à l’étranger ainsi que la conception, le suivi et la mise en route d’une usine de produits injectables au Brésil.
« J’ai tout appris durant ces années et notamment comment mener une opération industrielle sous tous ses aspects, technique, humain, comptable ou financier… De plus, nous travaillions beaucoup sur la réorganisation complète du travail en production, à une époque où le taylorisme restait de mise. Nous avions ainsi constitué des équipes polyvalentes par lot. Chacune devait fabriquer et conditionner un lot et était capable de dire si l’objectif de coût fixé avait été atteint ou non » explique Jean-Marie Maingois.
Après dix-neuf années passées chez Guerbet sonne l’heure de la remise en question. « Il me semblait avoir fait le tour de la question, la routine s’installait et, à quarant et un ans, si je ne changeais pas d’entreprise j’y allais finir ma carrière. »
Une opportunité se présente à lui : les laboratoires Gerda, alors spécialistes des produits à base de placenta humain comme le Placentafil ou la pommade Soca, cherchent un pharmacien responsable. C’est l’occasion aussi pour Jean-Marie Maingois de quitter Paris pour la région lyonnaise, plus proche du Vaucluse de son enfance.
Voler de ses propres ailes.
Pris dans la tourmente du scandale du sang contaminé, les laboratoires Gerda sont contraints de fermer leur site industriel, tâche dévolue à Jean-Marie Maingois. L’idée de voler de ses propres ailes s’impose alors. L’occasion ne tarde pas et, épaulé par son épouse, il rachète un petit laboratoire de production spécialisé dans la cosmétique, la Sobrecos, à Bour- en-Bresse, qui est au bord du gouffre. « Pendant un an et demi, Agracia [son épouse NdlR] a assuré seule la gestion quotidienne, je venais sur le site physiquement deux fois par semaine et assurait le reste du travail le soir. Nous avons réussi à redresser la situation jusqu’à ce que l’un de nos plus gros clients dépose le bilan. »
De nouveau la situation devient périlleuse. Le couple trouve alors de nouveaux débouchés en frappant à la porte de la grande distribution. « J’ai découvert un autre monde. Par rapport à l’industrie pharmaceutique, univers policé et feutré, les acteurs de la grande distribution ont un état d’esprit très différent et font figure de requins ! Cela nous a obligés à être plus réactifs, plus souples et plus ouverts », reconnaît avec philosophie Jean-Marie Maingois.
Une fois le bateau remis à flots, après cette première expérience de travail en commun, les Maingois décident en février 2003 de se lancer dans un nouveau projet : une création d’enteprise, cette fois sur le lieu même de leur villégiature. « Nous hésitions : Aix-en-Provence, Apt, Carpentras ? Finalement c’est cette dernière qui nous a réservé le meilleur accueil », explique le P-DG des jeunes laboratoires Carmain.
Embaucher deux pharmaciens.
Spécialisée dans la sous-traitance de produits pharmaceutiques et cosmétiques de petites et moyennes séries, l’entreprise se veut hyperréactive. « Pour une première mise en place, il faut compter deux mois entre la commande et la livraison du produit ; et, en réapprovisionnement, nous pouvons réagir en trois à quatre semaines mais il nous est déjà arrivé de dépanner un client en dix jours », explique Jean-Marie Maingois.
D’ici un an, il entend bien doubler le nombre de ses salariés (dix à l’heure actuelle avec une moyenne d’âge de 25 ans) et embaucher deux pharmaciens. Et si le chiffre d’affaires prévisionnel pour cette première année est fixé à un million d’euros, il devrait doubler d’ici trois ans.
Lorsqu’on lui demande de se définir, Jean-Marie Maingois explique : « Je suis avant tout un chef d’entreprise avec une spécialisation technique de pharmacien de production. Si j’interviens en tant que conseil technique ou sur l’investissement dans la recherche et l’acquisition de matériel technique, mes missions touchent surtout l’organisation pharmaceutique, la gestion et la finance, la prospection et les relations commerciales, le management et enfin les relations avec l’ensemble de nos partenaires fournisseurs mais aussi avec les collectivités locales. »
Des missions bien loin de la formation de base du pharmacien et qui s’acquièrent au fil des ans et des expériences, pourvu que la passion, moteur de toute motivation, soit là.
Jean-Marie en quelques dates
– 23 janvier 1949 : naissance à Carpentras.
– 1971: diplômé de la faculté de pharmacie de Marseille en 1972.
– 1990 : responsable de la fabrication, directeur de la production pharmaceutique et puis pharmacien responsable-directeur général des laboratoires Guerbet.
– 1991: pharmacien responsable des laboratoires Gerda. Participe à la fermeture du site de production.
– Février 1993 : rachète les laboratoires cosmétiques Sobrecos au bord de la déroute.
– 17 février 2003 : création des laboratoires Carmain à Carpentras.
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