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Tirez parti du label bio

Publié le 24 novembre 2001
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Sans bruit, loin du battage médiatique dont il a fait l’objet dans l’univers de l’agroalimentaire, le bio a gagné l’officine… Gage de qualité pour les pharmaciens, retour du naturel prôné par les clients, le bio serait-il devenu un argument de vente ?

On estime que la croissance du marché biologique est de l’ordre de 25 % à 30 % chaque année.

Rares sont désormais les laboratoires pharmaceutiques ayant investi le champ de la phytothérapie ou de l’aromathérapie qui négligent la filière bio. L’agriculture biologique, après avoir conquis le marché de l’agroalimentaire, s’attaque à l’officine. Il est vrai que le bio, qui bénéficie d’un véritable label, est assimilé désormais par les consommateurs à une garantie de qualité et de produits naturels.

Sur le marché de l’alimentaire c’est désormais une certitude : tout ce qui est bio se vend, la demande se heurtant même à un déficit de l’offre. L’engouement est tel que les grandes enseignes alimentaires ont rapidement investi le secteur, s’assurant aujourd’hui 46 % de part de marché. Un marché qui représente en France seulement 1,3 % des ventes alimentaires, soit tout de même une consommation qui dépasse les 1 000 milliards d’euros (alors que seulement 1,5 % des terres agricoles françaises produisent du bio).

L’assurance d’un taux de produits indésirables bien moindre

Les observateurs estiment que la croissance de ce marché est de l’ordre de 25 à 30 % chaque année. Les chiffres observés dans l’alimentaire semblent également de mise sur le marché de la santé. Les laboratoires ayant investi dans le bio semblent connaître, dans leur grande majorité, des taux de croissance non négligeables (pour exemple, Valnet annonce une progression annuelle de son CA de 30 % et Sanoflore de 45 %).

Les atouts sont en effet multiples. Notamment une meilleure traçabilité de la plante, de la parcelle sur laquelle elle est produite à son éventuelle transformation. Les contrôles étant, selon la loi, assurés par des organismes indépendants dûment répertoriés par le ministère de l’Agriculture, ils offrent l’avantage d’un premier contrôle qualité. C’est là son second avantage : la filière bio offre l’assurance d’un taux de produits indésirables (pesticides, etc.) bien moindre que pour les cultures dites traditionnelles. Quand il s’agit d’une utilisation thérapeutique, on comprend que cet argument soit de taille tant auprès des médecins et pharmaciens que des patients…

Depuis avril 2000, le logo européen peu être apposé sur les produits et ingrédients bio provenant de l’Union européenne.

« Depuis que j’ai des enfants, je fais beaucoup appel aux médecines douces comme l’homéopathie, la phytothérapie et l’aromathérapie. J’ai d’ailleurs trouvé dans mon quartier un généraliste phytothérapeute qui me prescrit aussi des huiles essentielles. A l’officine, comme pour les petits pots de mon second fils, je fais confiance à la norme AB », confie Catherine, jeune maman parisienne.

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Possédant une bonne notoriété, la norme AB (« Agriculture biologique ») suppose que le produit ainsi labélisé satisfasse à trois conditions. L’agriculteur doit avoir notifié son activité en agriculture biologique comme producteur ou préparateur auprès de la direction départementale de l’Agriculture et de la Forêt ou des services douaniers pour les importateurs, il doit se soumettre aux contrôles de certification (effectués par des organismes indépendants) et respecter un cahier des charges communautaire très directif. L’agrément peut en outre être retiré à tout moment à la faveur par exemple d’un contrôle. Une réglementation stricte qui a sans doute contribué à l’engouement du public en pleine crise de la vache folle.

Le bio séduit aussi le marché de la dermocosmétique

A l’officine, le constat est le même, les clients cherchent à travers le bio une garantie supplémentaire mais c’est aussi la reconnaissance d’une autre façon de consommer. « C’est un véritable état d’esprit d’une partie de la clientèle, un retour à la nature qui sous-entend aussi un retour à la qualité, note Stéphane Merucci, préparateur à la pharmacie des Portes de Paris à Crépy-en-Valois (60) et responsable du rayon phytothérapie et aromathérapie. Cela concerne environ 30 % de nos clients, ils sont en général bien informés et connaissent le label AB. Ils cherchent des plantes sans engrais et des produits sans additifs. »

Une demande qui tend à croître et pour laquelle il semble opportun à Stéphane Merucci de communiquer sur le bio. « Le bio dans le symbole du « naturel » a même conquis les compléments alimentaires et la dermocosmétique. Weleda a par exemple une image « nature » très forte, en particulier grâce à son discours sur le bio largement développé dans ses brochures ; les clients y sont sensibles. » Pour Stéphane Merucci, les pharmacies ont tout intérêt à mettre en évidence leur attachement aux produits bio en rendant visible le logo AB des produits qu’elles commercialisent.

Même son de cloche à la Pharmacie centrale de la Valdaine, dont le titulaire, Bernard Roubinet, reconnaît que le bio s’inscrit aussi dans une démarche marketing : « Nous avons un rayon spécifique de phytothérapie et au comptoir nous argumentons souvent sur le bio, reconnaît-il. Nous sommes situés dans une région d’élevage, et nos clients sont d’autant plus sensibles à la plus-value apportée par ce label que celui-ci fait partie de leur environnement professionnel. De plus, nous jouons sur le fait que nous commercialisons les produits d’un laboratoire implanté sur le département. C’est un moyen de faire appel à une production locale et de la sécuriser, c’est un argument supplémentaire pour convaincre mes clients. »

La sécurisation de tels produits est donc l’atout majeur du bio à l’officine, une assertion que ne dément pas Christian Florit, titulaire de l’une des plus célèbre officines spécialistes de phytothérapie à Lyon : « Mes clients me demandent très souvent du bio, mais pour moi le problème est différent : ce qui compte, c’est la qualité des plantes que je leur propose, elles peuvent être bio mais pas nécessairement. Le bio à l’officine ne peut être comparé au bio dans l’agroalimentaire, car dans ce secteur c’est parfois la seule garantie de qualité. »

Sans doute, en effet, l’officine ne peut-elle se suffire du label AB pour assurer une qualité irréprochable aux plantes et produits dérivés qui en découlent. Elle a cependant tout intérêt à l’inclure dans sa démarche marketing pour répondre à une demande de plus en plus forte des consommateurs…

Qui a contrôlé votre produit ?

A ce jour, six organismes de contrôle sont agréés :

– Ecocert SARL : BP 47, 32600 L’Isle-Jourdain, tél. : 05 62 07 34 24.

N° d’agrément : FR-AB 01.

– Qualité France : 18, rue Volney, 75002 Paris, tél. : 01 42 61 58 23.

N° d’agrément : FR-AB 02.

– ULASE : place du Champ-de-Mars, 26270 Loriol-sur-Drôme,

tél. : 04 75 61 13 00. N° d’agrément : FR-AB 06.

– Agrocert : 4, rue Albert-Gary, 47200 Marmande, tél. : 05 53 20 93 04.

N° d’agrément : FR-AB 07.

– Certipaq : 9, avenue George-V, 75008 Paris, tél. : 01 53 57 48 60.

N° d’agrément : FR-AB-08.

– ACLAVE : Maison de l’Agriculture, boulevard Réaumur, 85013 La Roche-sur-Yon, tél. : 02 51 36 83 93. N° d’agrément : FR-AB-09.

Et pourquoi pas une vitrine sur le bio ?

Le bio pour être désormais plébiscité par les Français n’en reste pas moins mal connu. Nombreux sont ceux qui se laissent abuser par des marques peu scrupuleuses utilisant un affixe « bio » sans pour autant avoir obtenu le label afin d’entretenir la confusion. Une occasion à saisir pour l’officine en rappelant, au travers d’une vitrine, ce qu’est le bio, les contrôles qu’il suppose et l’existence d’un unique label contrôlé par six organismes (lire page 46). Ils peuvent être contactés par tout un chacun pour savoir si un produit a bien été estampillé bio comme il le prétend. L’occasion aussi au travers de cette vitrine de présenter l’offre en phytothérapie, et éventuellement en aromathérapie, tout en expliquant l’importance de la pureté d’une plante ou d’une huile pour une utilisation médicale. Une façon aussi pour le pharmacien de se repositionner et de susciter la demande de conseils sur un marché volatil.

N’hésitez pas à renvoyer sur le site du ministère de l’Agriculture pour plus d’informations : http://www.agriculture.gouv.fr/alim/sign/agri/welcome.html).