Tensions sur le paracétamol : « Tout va très bien, monsieur le pharmacien » 

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Tensions sur le paracétamol : « Tout va très bien, monsieur le pharmacien » 

Publié le 9 décembre 2022
Par Yves Rivoal
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C’est un joli pied de nez à la concurrence. Alors que Sanofi, via sa filiale Opella Healthcare France, est toujours confronté à des grèves et à des difficultés d’approvisionnement sur les formes pédiatriques de Doliprane, qui ont d’ailleurs conduit à la suspension provisoire des ventes directes entre le laboratoire et les officines, UPSA précise, dans un communiqué, que de son côté, tout va bien. Ou presque…

« Deux mois de stock » chez UPSA

« Aucune rupture et aucun risque de rupture ne sont constatés ou à craindre pour les prochaines semaines concernant les formes adultes de paracétamol sous les références Dafalgan et Efferalgan », assure le laboratoire, en ajoutant : « UPSA surveille quotidiennement l’état de ses stocks – dans ses usines et en officines – qu’elle partage régulièrement avec les autorités de santé. La surveillance mise en place (…) fait état de deux mois de stocks disponibles en pharmacie en moyenne (source : GERS). »

Pour ce qui est des formes pédiatriques d’EfferalganMed disponibles en sachets, sirop, comprimés orodispersobles et suppositoires, UPSA indique avoir doublé sa production en 2022 afin de contribuer aux efforts de réduction des tensions observées en officines.  Le laboratoire reconnaît toutefois « qu’au regard de l’importance et de la soudaineté des ruptures actuelles des références d’autres opérateurs, il ne pourra absorber l’ensemble des volumes actuellement en rupture. Pour autant, il continuera à faire son maximum pour soutenir la demande. »

« Pas de rupture de produits » pour Sanofi

Du côté de Sanofi, le laboratoire assure qu’il n’y a pas non plus chez lui de rupture de produits à base de paracétamol, les deux sites de production de Doliprane à Lisieux (Calvados) et Compiègne (Oise) tournant depuis plusieurs mois à plein régime 7/7 et 24/24, sans avoir été perturbés par la grève des salariés. « Les difficultés rencontrées par les patients en pharmacie sont liées principalement à des besoins très importants depuis la pandémie de Covid-19, qui se sont accentués récemment avec la conjonction de trois épidémies – grippe, VRS (le virus responsable de la bronchiolite) et Covid-19, et des pathologies hivernales. Ce qui entraîne une demande accrue pour les spécialités de paracétamol, adultes ou enfants », explique le laboratoire qui a enregistré une augmentation de 47 % des demandes de livraisons de la part des pharmacies pour sa gamme pédiatrique sur la période janvier/novembre 2022 comparée à la même période en 2021, et jusqu’à 40 % de croissance selon les formulations sur l’ensemble de ses références en 2022, en particulier sur les derniers mois.

Efficaces, les contingentements ?

Ces chiffres interrogent d’ailleurs sur l’efficacité des mesures de contingentement mises en place en juillet dernier et renforcées cette semaine sur les formes pédiatriques de Doliprane.

Dans les jours qui ont suivi le premier contingentement en juillet, comme après chaque campagne médiatique relayant un risque de ruptures sur le paracétamol, un pic de commandes et de ventes a été observé sur Doliprane dans les officines. Ce qui pourrait signifier que les Français stockent, et que tous les pharmaciens ne respectent pas le contingentement…

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Retard sur l’indépendance de la fabrication française

UPSA et Sanofi, aux côtés du gouvernement, se sont engagés, dans le cadre du plan France Relance, à relocaliser une partie de la chaîne de production du paracétamol dans l’hexagone. Cette ambition stratégique, qui doit permettre à la France de retrouver une souveraineté sanitaire, se concrétisera en 2025 avec l’ouverture de la future unité de production du groupe Seqens qui fabriquera du paracétamol en Isère pour ces deux laboratoires. Mais avec deux ans de retard sur le programme initial.