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Négociations : une entrée en pistes pas toutes convergentes

Publié le 9 mars 2024
Par Christelle Pangrazzi
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La première plénière des négociations de l’avenant à la convention nationale pharmaceutique s’est tenue le 5 mars. Il y a été question d’accompagnement des patients, de tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) et de maillage. Pendant cinq heures. Résumé des débats.

 

Une plénière des négociations de l’avenant à la convention nationale pharmaceutique « constructive », selon les propres termes de Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), et Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Après sept réunions thématiques en groupes de travail, la première séance avec tous les participants s’est tenue le 5 mars, pendant cinq heures. A défaut de s’accorder sur les chiffres – la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) rappelant les 400 millions d’euros injectés dans l’officine entre 2019 et 2023 et les syndicats une augmentation inédite des charges de 35 % ces dernières années –, un consensus a plus ou moins été trouvé sur différents points débattus.

Les bilans partagés de médication (BPM)

 

Actuellement, les pharmaciens sont payés 60 €, dix mois après le démarrage d’un BPM. « La Cnam a fait suite à nos demandes en acceptant de nous régler aux étapes clés du bilan : 25 % lors de la première phase, 25 % lors de la deuxième et 50 % à l’issue de celui-ci. Elle a même proposé une revalorisation globale de 5 € la première année et de 10 € la seconde », se satisfont en chœur Philippe Besset et Pierre-Olivier Variot. Enfin, l’Assurance maladie a prévu un nouvel accompagnement court pour les patients sous opioïdes sur un modèle sensiblement comparable aux entretiens de la femme enceinte, soit 5 €.

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE)

 

La Cnam a proposé d’injecter de l’argent via la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) « qualité ». « Nous n’y sommes pas favorables. Nous pouvons très bien faire de la qualité sans RSE et de la RSE sans qualité. Il faut donc décorréler les sujets », note Pierre-Olivier Variot.

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Les tests rapides d’orientation diagnostique (trod) angines et cystites

 

« Il s’agit du sujet le plus épineux du débat », note Philippe Besset. Aujourd’hui, l’acte d’examen est rémunéré 6 €. L’Assurance maladie propose de le valoriser à 9 €. Le pharmacien pourra bénéficier, en outre, de 5 € supplémentaires d’honoraires de délivrance d’antibiotiques en cas de positivité du test. Les deux syndicats réclamaient une revalorisation à 25 €. « Lorsque les patients passent par la case “urgence” les dépenses pour la collectivité bondissent… à 160 € !  A ce stade, au regard de l’investissement demandé et des économies réalisées par nos interventions, la rémunération soumise est trop faible pour que nous y souscrivions », poursuit Philippe Besset.

Les territoires fragiles

 

Afin de préserver le maillage actuel, l’Assurance maladie offre d’aider à hauteur de 20 000 € des officines en difficultés sur des territoires fragiles. Alléchante sur le papier, la proposition ne convainc pas totalement le président de l’USPO : « Déterminer précisément quelles pharmacies vont pouvoir jouir de ce dispositif risque de se révéler complexe : par exemple, certaines officines implantées dans des centres-villes sont en difficulté, mais ne pourront pas y prétendre. A l’inverse, d’autres, très excentrées mais avec de bonnes marges, pourraient peut-être en bénéficier. Des mécontentements et des injustices sont possibles. »

La lutte contre la fraude

 

La Cnam réclame une utilisation régulière d’Alerte sécurisée aux fausses ordonnances (Asafo). Le dispositif reste décrié par les professionnels car décorrélé du logiciel métier. Si les pharmaciens ont sollicité la multiplication des ordonnances sécurisées, l’Assurance maladie, elle, répète à l’envi : « Pas de carte Vitale, pas de tiers payant ». A ce jour, aucun chiffre n’a été donné concernant le volume de la fraude, en dépit des demandes des syndicats.

 

Enfin, la FSPF, soutenue par l’USPO, a déployé une prise de parole forte sur le risque de financiarisation. Les deux syndicats sont, en effet, très inquiets par rapport à d’éventuelles mesures gouvernementales qui pourraient faciliter l’arrivée massive d’investisseurs dans les officines.

 

D’ici la fin avril prochain, une nouvelle session plénière permettra de revenir sur les dossiers jusqu’ici inaboutis et sur la question centrale de la revalorisation de la dispensation de médicaments.