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Obésité, cancers, maladies rares : les actus qui bouleversent le monde
Les médicaments antiobésité explosent en Angleterre
De l’Europe aux États-Unis, en passant par la Chine, les médicaments antiobésité tels que le Wegovy de Novo Nordisk s’imposent comme des solutions thérapeutiques majeures face à une demande croissante. Ces traitements, souvent à base de sémaglutide, un principe actif initialement développé pour le diabète de type 2, redessinent les contours de la lutte contre l’obésité.
En France, la Haute Autorité de santé a récemment émis un avis favorable au remboursement du Wegovy. Destiné aux adultes ayant un indice de masse corporelle supérieur à 35, ce médicament doit être prescrit en complément d’un régime hypocalorique et d’une activité physique régulière. Cette décision traduit un changement d’approche : l’obésité, touchant plus de 17 % des adultes en France selon Santé publique France, est désormais perçue comme une pathologie nécessitant une prise en charge globale et plus seulement comportementale.
Sur le plan mondial, l’essor de ces traitements est spectaculaire. Aux États-Unis, les ventes de Wegovy et d’Ozempic ont atteint 8 milliards de dollars en 2023, propulsant Novo Nordisk parmi les leaders de l’industrie pharmaceutique. En Chine, où l’obésité progresse rapidement, le marché des coupe-faim pourrait dépasser les 10 milliards de dollars d’ici 2030, selon le cabinet McKinsey. Cependant, cet engouement soulève plusieurs enjeux. D’un côté, ces médicaments suscitent l’espoir de réduire les complications associées à l’obésité, comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires. Mais de l’autre, ils posent des questions sur leur coût élevé, leur accessibilité, ainsi que sur le risque d’effets secondaires à long terme. Enfin, leur succès nourrit un débat éthique : la médicalisation de l’obésité pourrait-elle détourner l’attention des politiques de prévention et de lutte contre les inégalités alimentaires ?
Alors que la demande explose, les laboratoires pharmaceutiques redoublent d’efforts pour répondre à un marché en pleine expansion. Mais le succès de ces traitements tiendra autant à leur efficacité qu’à leur intégration dans une approche de santé publique équilibrée.
États-Unis : vers un dépistage des maladies rares dès la naissance
Chaque année, des millions de bébés naissent aux États-Unis, et si les tests néonataux standards permettent de dépister quelques dizaines de pathologies, ils ne couvrent qu’une infime partie des centaines de maladies rares d’origine génétique. Cela pourrait changer grâce à des initiatives comme celle de Guardian Study.
Lancée en 2022 par GeneDx et plusieurs institutions médicales prestigieuses, Guardian explore l’utilisation du séquençage du génome pour identifier précocement plus de 450 maladies rares chez les nouveau-nés, au-delà des 64 conditions actuellement dépistées par les autorités sanitaires américaines. D’après des résultats publiés en octobre dans Journal of the American Medical Association (Jama), environ 3,7 % des 4 000 bébés testés présentaient une condition génétique précoce, parfois traitable. Certaines, comme le syndrome du QT long, n’étaient pas repérées par les tests traditionnels.
L’objectif ? Proposer des traitements rapides et adaptés. Une avancée rendue possible par la baisse des coûts et la rapidité accrue des analyses génomiques.
En France, un projet similaire est en cours à Dijon, soutenu par l’AFM-Téléthon. Ces initiatives soulignent l’espoir suscité par le séquençage du génome, mais aussi les questions éthiques qu’il pose : incertitudes liées aux résultats, coût des suivis ou partage de données génétiques sensibles.
Si les défis sont nombreux, la détection néonatale avancée pourrait transformer la prise en charge des maladies rares en offrant un diagnostic rapide, là où il fallait auparavant attendre des années.
Australie : le dépistage du cancer du poumon validé
Une étude australienne publiée dans The Lancet Regional Health-Western Pacific en décembre dernier confirme que le dépistage du cancer du poumon par scanner à faible dose présente un rapport coût-efficacité positif dans un contexte national. Ce rapport a poussé les autorités sanitaires à annoncer le lancement d’un programme de dépistage organisé dès juillet 2025, une première mondiale pour cette maladie qui reste l’une des plus mortelles.
Les chercheurs ont utilisé des modèles de simulation pour comparer différentes stratégies de dépistage. Ils ont conclu qu’un dépistage tous les deux ans, ciblant les fumeurs âgés de 55 à 74 ans ayant consommé au moins 30 paquets par an, permettrait de maximiser les bénéfices pour la santé tout en restant économiquement viable. En détectant les cancers à un stade précoce, où les traitements sont plus efficaces, ce programme pourrait réduire significativement la mortalité et limiter les coûts liés à des traitements avancés.
Le contexte australien, avec un système de santé centralisé et des campagnes de prévention antitabac de longue date, favorise cette initiative. En France, malgré une incidence élevée, aucun dépistage organisé du cancer du poumon n’est à l’ordre du jour à court terme. L’Institut national du cancer estime qu’il faudra attendre au moins cinq ans pour qu’un tel projet soit étudié.
Ce programme australien marque un tournant dans la lutte contre le cancer du poumon et pourrait servir de modèle pour d’autres pays. Cependant, il soulève des enjeux liés à l’accès équitable au dépistage et au suivi des populations à risque, particulièrement dans les zones rurales. Si son efficacité est démontrée, cette initiative pourrait encourager un déploiement global, accélérant la transition vers une prévention plus proactive dans la gestion des cancers.
Europe : une plateforme pour éviter les pénuries
Lancée en novembre 2024 et pleinement opérationnelle en février 2025, la plateforme européenne de surveillance des pénuries (ESMP) vise à centraliser et automatiser la collecte de données sur les médicaments en Europe. Développée par l’Agence européenne des médicaments (EMA), elle promet d’améliorer la gestion des pénuries en rendant les données de disponibilité et de demande accessibles en temps réel aux autorités et aux acteurs de l’industrie.
Ce nouvel outil répond à un problème majeur : le manque d’informations fiables et harmonisées sur les ruptures de stock, souvent sous-déclarées ou retardées en raison de préoccupations de confidentialité des fabricants. L’ESMP permettra une action plus rapide, notamment en cas de crises sanitaires, comme les pénuries d’antibiotiques observées en 2023.
Conforme à une obligation légale, l’industrie devra désormais fournir ses données via cette plateforme, qui inclura également un accès public pour informer sur les pénuries.
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