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Philippe ranty PRésident d’eg labo. « Une éventuelle disparition du générique aurait des conséquences sur le nombre d’officines sur le territoire »

Publié le 23 septembre 2019
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Créé en 1996, EG Labo est la filiale française du groupe allemand Stada, un des leaders mondiaux du générique. Philippe Ranty, son président, nous fait profiter de sa longue expérience du marché.

GNR-Pharma, Sandoz, Actavis, KRKA et maintenant EG Labo, en 20 ans de substitution, que retenez-vous de vos différentes expériences à la direction de ces laboratoires ?

J’ai démarré dans l’univers du générique en 1999 au moment de la refonte de ce marché, avec l’octroi du droit de substitution au pharmacien. Cette mutation ne pouvait être possible qu’en impliquant les 3 protagonistes, médecin, pharmacien et patient, dans son développement. Je me souviens que GNR-Pharma que je dirigeais à cette époque était allé prêcher la bonne parole dans les régions auprès des pharmaciens pour expliquer ce qu’était le générique, les motiver sur la substitution et les convaincre qu’elle était à la fois un bon vecteur de dialogue et d’image avec les patients. Outre les services au pharmacien, nous avions également déployé d’importantes actions de communication grand public pour sensibiliser et responsabiliser les patients. Cela n’a pas empêché les coups de frein au développement du marché, provenant notamment des médecins mais aussi des mouvements de défiance entretenus par les médias, venant contrecarrer tous nos efforts.

Les « challengers » ont-ils les moyens de modifier le top 3 du marché français ?

En l’état actuel, il ne faut pas s’attendre à beaucoup de changement dans le classement des laboratoires de génériques en France, sauf fusions entre acteurs. En revanche, si nous venions, par exemple, à évoluer vers un marché d’appels d’offres – une piste portée un temps par un député – le classement pourrait être significativement modifié. Il ne faut pas perdre non plus de vue que si les contraintes de prix et de réglementations (sérialisation, nouvelles normes environnementales et scientifiques, etc.) continuent de s’accentuer, le panorama du marché pourrait également changer avec la disparition d’un ou de plusieurs acteurs.

L’article 66 de la LFSS 2019 prévoit, au 1er janvier 2020, que le remboursement d’un assuré, qui ne souhaiterait pas sans justification médicale la substitution, se fera sur la base du prix du générique. Une bonne ou une mauvaise mesure ?

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Une telle disposition, dans sa rédaction actuelle, risquerait d’annihiler 20 ans d’effort de substitution du pharmacien, d’économies du générique et d’investissements des industriels. Si le principe du « tiers payant contre générique » ou le non-maintien du différentiel de prix entre le princeps et son générique n’étaient pas conservés, le marché du générique disparaîtrait à terme.

Comment voyez-vous le marché dans 20 ans ?

Il y a, en France, un potentiel de progression très important, mais encore faut-il qu’on laisse au marché les moyens de se hisser à un niveau équivalent à celui de ses voisins européens. Cela passe, entre autres, par des choix politiques forts afin de limiter les baisses de prix des médicaments qui sont contreproductives à long terme (baisse de l’attractivité de la France, ruptures d’approvisionnement). Le générique ne pourra se développer que si les grands groupes pharmaceutiques internationaux continuent d’investir en France.

Les pharmaciens ont-ils toujours un intérêt financier à s’investir dans le générique ?

Depuis 20 ans, l’économie de la pharmacie a été fragilisée et, dans ce contexte, le générique a apporté sa contribution dans le maintien de la bonne santé financière de l’officine. C’est un élément clé dans la préservation du réseau officinal. Il apparaît clairement qu’une éventuelle disparition du générique aurait des conséquences sur le nombre d’officines sur le territoire.

Sous réserve d’un droit de substitution, pensez-vous que les pharmaciens pourront faire aussi bien avec les biosimilaires ?

Tout comme les génériques, l’essor des biosimilaires reposera sur l’implication des pharmaciens. Le marché du générique pèse actuellement 3,5 Md€ et celui des biosimilaires a exactement le même potentiel de développement. C’est l’avenir ! En effet sur le générique, on ne peut pas espérer une croissance supérieure à 2 ou 3 % par an. Quant au marché des biosimilaires, EG Labo y sera bientôt présent puisque nous lançons notre premier biosimilaire. ●


en chiffres

➜  Gamme de 760 spécialités
➜  100 collaborateurs
➜  Chiffre d’affaires de 130 millions €
➜  Part de marché : 3,6 %(Source Gers, avril 2019)