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L’embarras du choix
RPG Aventis démontre, en s’appuyant sur une étude réalisée en février 2003 par Louis Harris Medical, que les patients sont de plus en plus avertis en matière de génériques. Ainsi, 41 % estiment notamment qu’il y a des différences d’un générique à l’autre concernant le risque allergique. Aussi, près de huit patients sur dix déclarent qu’ils accorderaient une plus grande confiance au pharmacien qui leur proposerait un générique analogue en tous points au princeps. Et les trois quarts se disent prêts à le demander au pharmacien.
Selon RPG Aventis, ce nouveau type de besoin émergera de façon croissante et devrait suivre une évolution similaire à celle des marques de distributeurs en GMS. Au début, c’est l’apprentissage et la comparaison entre la marque de distributeur et les marques de référence. Ensuite, c’est la constitution de prérequis et d’éléments discriminants d’une marque de distributeur à l’autre. Enfin, c’est le choix d’une marque de distributeur en tant que marque pleine et entière. Toujours selon le laboratoire, dans moins de cinq ans, le marché du générique devrait atteindre ce troisième stade. Mais certains pharmaciens présents lors de la conférence ont réagi vivement : pour eux, l’important c’est la bioéquivalence, pas le générique. Ils estiment aussi que ce discours induit un clivage entre un générique « haute couture » et des génériques jugés de moindre qualité. Et que si cette évolution se profile, il faudrait veiller dès à présent à ne surtout pas accepter la demande d’une marque précise de génériques par le client ; le résultat étant une négation de l’indépendance du pharmacien dans le choix de ses partenaires. Alors que pour RPG Aventis, le choix du générique est une tendance de fond qui signera l’évolution du patient vers le statut de consommateur de produits de santé.
Vous avez dit génériques ?
Quelles réactions suscite le mot « générique » chez les personnes extérieures à la pharmacie ? C’est ce que nous avons voulu savoir au hasard des allées de Pharmagora.
Un passant cherche le Salon du livre et s’apprête à prendre le mauvais escalator : « Le générique, c’est ce qui peut freiner les profits des holdings pharmaceutiques qui sont monstrueux. Ils n’ont pas intérêt à vendre moins cher ! »
A une allée de là, un porteur de panneau publicitaire fait une halte près d’une fontaine à eau : « Cela me fait penser à « générique de fin », comme au cinéma. Mais c’est vrai, on est dans un salon pour pharmaciens, j’avais la tête ailleurs. Les génériques sont vendus dans les supermarchés, c’est ça ? »
A l’heure du café, le garçon nous sert sa version : « Le générique, c’est le médicament au nom emberlificoté, qu’on nous met à la place de celui que l’on connaît bien ! »
Du côté des salles de conférences, une femme lâche en murmurant : « Générique : c’est la dernière couleuvre qu’on veut nous faire avaler, pour soi-disant faire des économies. »
Un homme déguisé en cigarette transpire sous les spots : « Je ne comprends pas que certaines personnes fassent des histoires avec ça. On n’a qu’à le leur imposer ! »
Une hôtesse au sourire immuable : « C’est d’abord un vilain mot qui ne veut rien dire. Au début, pour moi, c’était un terme barbare. Avec la pub, ça s’est arrangé. »
Un vigile jette un oeil discret à sa montre : « C’est soi-disant pareil que le médicament classique, mais je ne vois pas pourquoi on nous vend moins cher un produit qui a les mêmes qualités que l’original. »
Enfin, pour Jacques Séguéla, parrain du site Infopharma, le mot a deux sens. L’un publicitaire : « Je pense à « gène », un très beau mot, sans lequel nous n’existerions pas. » L’autre plus pharmaceutique : « Je n’oublie pas que je suis docteur en pharmacie, alors cela me fait penser à l’avenir de la santé du monde. Aussi bon et moins cher. Sans marque mais avec tous les attributs de la marque. » Mais pour lui, le mot seul ne suffit pas. « On n’a pas donné au générique la noblesse que mérite ce mot. La publicité est faite pour créer une valeur imaginaire ajoutée. Il faut donner au mot les ailes du désir. »
A.M.
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