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Herbéo ou l’herboristerie nouvelle

Publié le 26 septembre 2016
Par Eléonore Kern
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À Bordeaux, un pharmacien a remis au goût du jour l’herboristerie. Chez herbéo, on trouve des remèdes naturels sur-mesure, mais on peut aussi participer à des ateliers pour se former en phytothérapie ou concocter ses propres produits cosmétiques.

Est-ce que vous auriez des huiles essentielles pour faire un déodorant ? » Il est 14 h dans les rues ensoleillées de Bordeaux et pas une minute ne passe sans qu’un client ne pousse la porte d’Herbéo, herboristerie des temps modernes lancée en avril 2013 par François Petitet. « J’ai voulu dépoussiérer le concept d’herboristerie en proposant un lieu au look très actuel, mais qui respecte les fondamentaux du métier », résume le propriétaire, tablier coloré autour de la taille, tout en actualisant la page Facebook de son commerce entre deux explications. Pharmacien de formation, il a mené une carrière de chercheur dans la biotech en région parisienne avant de changer de vie à la cinquantaine. « Ce qui m’avait porté dans mes études, c’est mon goût pour les plantes médicinales », raconte-t-il tout en faisant visiter sa boutique toute en longueur de 117 m2. Une boutique pas banale dont la devanture rouge bordeaux s’est affranchie des codes couleur de la phytothérapie. À l’intérieur, on trouve des plantes au poids, des huiles essentielles, des élixirs floraux… Plus originalement, les étagères sont 100 % en carton ! Et sur le côté droit, elles reprennent la forme des lettres composant Herbéo. Sur la gauche, les rayons plus classiques rappellent l’ordre et l’agencement d’une pharmacie. François Petitet a cependant évité au maximum de montrer les emballages. Et l’espace de vente n’occupe qu’une partie du lieu, qui se prolonge sur une zone de type « laboratoire » pour la tenue des ateliers. Ici, on cherche à transmettre au grand public les bases sérieuses de la phyto. « L’atelier » se termine par un « couloir bibliothèque » avec des livres à consulter sur place dans un minisalon. Au bout, une réserve de 40 m2 se transforme occasionnellement en salle de conférence avec écran géant.

MISSION d’éducation.

« L’idée est de proposer, dans le même lieu, une partie boutique dans laquelle on retrouve les fondamentaux – des plantes, des huiles essentielles, des eaux florales, des savons, des tisanes, de la cosmétique naturelle – et une zone pour des travaux pratiques permettant d’apprendre par exemple, à réaliser un spray antimoustique, un soin cosmétique ou même des produits d’hygiène », décrypte François Petitet. Ces ateliers thématiques variant en fonction des saisons (« 3 produits anticellulite », « 3 produits jambes lourdes », etc.) durent 2 heures et sont facturés 39 € par apprenti. Parfois, des journées entières de formation sont organisées sur des thèmes comme l’aromathérapie en juin dernier (100 € par personne). C’est l’épouse du maître des lieux, la toxicologue Edith Petitet qui est aux commandes de la partie enseignement. Cette forte détermination à transmettre se concrétise non loin de la caisse, dans un bar à cosméto où l’on reçoit des conseils pour apprendre à faire des soins à base d’huiles essentielles. « Notre objectif est vraiment de transmettre et d’enseigner. Je veux que toute personne sorte d’ici avec un savoir », martèle le pharmacien. Cette idée d’accompagnement permanent est fondamentale pour celui qui a décroché en 2015 l’Étoile du commerce et l’artisanat de Bordeaux. « Dans mon approche, je joue la carte de la complémentarité avec les professionnels de santé : j’envoie des gens chez le pharmacien si besoin, et des médecins m’envoient aussi certaines personnes. » Ici, pas de militantisme « vert » mais une démarche qui s’apparente plutôt à une recherche de naturalité « raisonnée ».

RÉFÉRENCEMENT sans reproche.

Tout est réfléchi, y compris le référencement. Le pharmacien chercheur, qui a complété sa formation par un DU d’herboristerie, a réalisé une sélection drastique des marques qu’il distribue. « Pendant six mois, j’ai fait le tour de France. Je suis également allé en Suisse pour trouver des produits et des fournisseurs. Mon but était de tous les rencontrer afin d’établir avec eux une véritable relation, mais aussi d’auditer leur façon de faire. Je voulais revenir aux ingrédients de base. Par exemple, en cosmétique, il y a beaucoup de marketing autour du bio et en regardant les étiquettes on est parfois surpris… Notre principe est de présenter uniquement des produits dont nous avons étudié la liste complète des ingrédients entrant dans leur composition », assure-t-il. Et de citer comme exemple de marques vendues dans sa boutique : Douces Angevines, Heuliad ou encore le suisse Farfalla. François Petitet met un point d’honneur à ne pas décevoir ses clients. « Il y a une attente et une demande fortes en termes de solutions naturelles des consommateurs. Les gens veulent essentiellement avoir des conseils. Mon activité est chronophage », estime-t-il. Ainsi chez Herbéo, il est possible d’acheter une tisane sur mesure pour mieux dormir, le vendeur questionnant avec finesse le client afin de doser précisément en plantes la future boisson. Mais durant les jours de rush, des mélanges tout prêt avec un dosage standard sont préparés à l’avance. « Idéalement, j’aurais aimé avoir un lieu avec un jardin où j’aurais pu expliquer directement aux clients comment reconnaître et cueillir les plantes », conclut celui dont la générosité est palpable lorsque l’on sirote sa « tisane du jour », offerte quotidiennement aux visiteurs.

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POURQUOI ON EN PARLE ?

→ Herbéo repense le concept d’herboristerie.

→ Le propriétaire pharmacien joue la complémentarité avec les officinaux.

→ Herbéo est une boutique et un lieu d’apprentissage des bonnes pratiques de la phyto.

→ L’accueil est soigné, le référencement est très travaillé et l’aménagement original et naturel.