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Comptoir amérindien

Publié le 1 janvier 2006
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Philippe Aquila vit et travaille en Guyane. Il partage son emploi du temps entre l’officine et les bureaux de son magazine dédié à la cause amérindienne.

A huit heures de vol de Paris, la Guyane, département français d’outre-mer, compte une trentaine de pharmacies pour près de 200 000 habitants. « Il y a cependant une pénurie de préparateurs », note Philippe Aquila, qui a passé son BP à Cayenne. Aujourd’hui, il travaille à la Pharmacie du Lac, à Kourou. Et bien qu’exerçant à l’autre bout du monde, il bénéficie d’un approvisionnement régulier et quotidien en médicaments. « Nous sommes livrés en taxi plusieurs fois par jour par les grossistes : la CERP, Cophagy et la SPG*. Nous recevons l’homéopathie en 48 heures depuis la filiale de Boiron aux Caraïbes et, pour la parapharmacie, les commerciaux viennent nous visiter depuis les Antilles », explique Philippe. D’après lui, son métier diffère peu de celui de ses collègues en métropole. Mais à aucun prix il ne retournerait à Bordeaux, sa ville natale. Arrivé à l’âge de 9 ans en Guyane avec ses parents instituteurs, il voue aux premiers habitants de cette terre un attachement sans bornes.

Amérindien d’adoption. La population amérindienne est devenue sa véritable famille. Élevé dans ce milieu et marié à une amérindienne, il se bat désormais pour sauvegarder la mémoire et la dignité de ses « frères ». À tel point qu’il a fondé un journal qui leur est dédié. Oka.Mag est « le bimestriel des actualités amérindiennes ». « Il fallait fédérer la population amérindienne qui, avec ses 8 à 10 000 habitants, est devenue minoritaire en Guyane, et totalement oubliée des médias. L’objectif du magazine – mais aussi de l’association du même nom – est de lutter pour la reconnaissance du peuple amérindien. Je milite pour l’autonomie de ses villages, pour perpétuer sa langue, sa culture et sa pratique médicinale », relate le rédacteur en chef.

Ethnobotanique. Oka.Mag comporte une rubrique « Médecine traditionnelle ». « La médecine amérindienne repose sur des remèdes conçus principalement à base de plantes locales, mais elle peut aussi avoir recourt à des animaux ou à des pierres », explique Philippe. Dans chaque numéro, une plante est présentée sous ses multiples utilisations. Outre son activité professionnelle au comptoir, notre préparateur gère une équipe rédactionnelle de 6 personnes, sans compter tous les correspondants locaux (en Amérique du Sud, aux Antilles…) et le maquettiste. Avec ses reportages au coeur des villages ou ses informations sur les événements politiques touchant les Amérindiens à travers le monde, Oka.Mag est tout sauf un journal d’amateur ! Tiré à 2 000 exemplaires, il est vendu au grand public dans une centaine de points de vente en Guyane. « Nous projetons de passer à 5 000 exemplaires car nous allons diffuser aux Antilles où il reste beaucoup de descendants d’Amérindiens », confie Philippe, conscient de la dissémination de cette population à travers le monde. Y compris en France métropolitaine, qui peut bien sûr recevoir Oka.Mag**.

* Société pharmaceutique guyanaise

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** Contact : oka.mag@wanadoo.fr

Philippe Aquila

1964 : naissance à Bordeaux.

1973 : arrivée en Guyanne

1999 : obtention du BP

2001 : création de l’association et du journal « Oka.Mag »