Pharmacien secouriste à vie !
En formation initiale ou en formation continue, sous forme d’UE, de DU et bientôt de soirées thématiques, Jean Occulti multiplie les interventions sur l’urgence et les premiers secours. Comme ne cesse de le répéter cet adjoint, connaître et appliquer ces réflexes peut parfois sauver des vies.
Seulement 6 % de la population est formée aux gestes de premiers secours, regrette Jean Occulti. Mais c’est un progrès : il y a encore une trentaine d’années, ce n’était que 3 %. Les gens sont souvent tétanisés devant une personne qui fait un malaise. Pourtant, plutôt que de ne rien faire par peur de mal faire, mieux vaut intervenir, même a minima. Et grâce à la mise à disposition de défibrillateurs dans des lieux publics, tout le monde peut désormais agir. » Pour Jean Occulti, cela a toujours été une évidence. Après avoir suivi une formation grand public aux premiers secours, il intègre à 18 ans la Croix-Rouge. « Je participais à un réseau de secours, raconte-t-il. Nous assurions des permanences le week-end pour intervenir lors d’accidents sur les autoroutes. » Au cours de ces années, il devient moniteur de premiers secours puis formateur de formateurs. C’est cette expérience qui le fait remarquer lors de ses études de pharmacie à Paris-V.
L’urgence commence au comptoir
Ses enseignants lui proposent de les assister en 5e année pour compléter la formation de base déjà dispensée à la faculté depuis 1967 : Jean Occulti ajoute notamment un point sur l’utilisation du matériel d’oxygénothérapie. « C’est lors de stages en officine en 3e et 5e années que j’ai pu constater au comptoir la variété des interventions d’urgence que le pharmacien pouvait avoir à effectuer et son manque de formation. Paris-V a été l’une des premières universités à mettre en place ce type d’enseignements, souligne Jean Occulti. L’enseignement n’est devenu obligatoire en filière officine qu’à partir du décret du 24 octobre 2003. Depuis, l’arrêté du 27 avril 2007 a étendu l’obligation de formation aux gestes et soins d’urgence à l’ensemble des professionnels de santé. »
La liste des cas auxquels font parfois face les officinaux est longue : « Il peut s’agir d’une coupure profonde au niveau du poignet avec une hémorragie. Il faut alors faire une compression manuelle en utilisant un tampon. Ce peut aussi être une crise épileptique. La première chose à faire dans ce cas est surtout de ne pas toucher le patient mais de le protéger. Le pharmacien peut seulement le toucher lorsque l’épisode convulsif est passé, pour le mettre sur le côté et la tête en arrière en attendant les secours. » S’il s’agit de douleurs thoraciques, le professionnel doit procéder à un bilan. « Il faut interroger la victime sur ses antécédents, observer d’éventuels facteurs de gravité (pâleur intense, sueurs…) puis mesurer la fréquence cardiaque, la fréquence ventilatoire et, si possible, la tension artérielle, détaille Jean Occulti. Cela facilite la tâche du médecin régulateur du SAMU, qui déterminera le moyen de secours le plus adapté. »
Former les préparateurs et les futurs pharmaciens
Tous ces gestes, ce passionné n’a de cesse que de les enseigner. Devenu adjoint dans une officine de la région parisienne, Jean Occulti commence à dispenser son expérience au sein du Centre de formation des préparateurs de Paris. En 1992, il fait venir des médecins du SAMU et un pharmacien pour mettre sur pied des formations. Six ans plus tard, il adapte les cours aux préparateurs en poste au sein du département de formation continue de ce centre. En 2001, il participe à la création et à l’animation du DU « Les situations d’urgence : de la prévention aux premiers secours » mis en place par le laboratoire d’hygiène, santé publique et environnement de la faculté de Paris-V. « Sur treize jours, ponctués par un examen, nous apprenons à maîtriser les techniques de premiers secours, à connaître les risques de la vie courante et à communiquer sur la prévention des accidents auprès du grand public, les règles d’hygiène et de sécurité du travail. Nous rappelons par ailleurs que le titulaire doit mettre à jour à l’officine le document unique pour les accidents du travail. »
C’est à la fermeture du département, en 2002, que ce spécialiste de l’urgence propose à Paris-V, avec les médecins du SAMU et son confrère pharmacien, de participer, en sus de la formation continue, à la formation initiale des étudiants en pharmacie. Ils interviennent désormais en option officine : l’unité d’enseignement (UE) « Secourisme et premier secours » s’étale sur trois semaines, auxquelles s’ajoutent 23 heures de travaux pratiques. « Dès la rentrée prochaine, ces enseignements seront également obligatoires pour les étudiants de la filière industrie et de la filière biologique », précise Jean Occulti.
150 à 200 arrêts cardiaques tous les ans dans les officines
Au sein de l’officine bondynoise où il travaille comme adjoint, Jean Occulti n’oublie jamais de faire des piqûres de rappel à l’équipe. « Il faut connaître ses limites, qui sont l’exercice illégal de la médecine, mais nous avons aussi un rôle à remplir en tant que citoyens et professionnels de santé. N’oublions pas qu’il y a 150 à 200 arrêts cardiaques dans les officines chaque année. Il arrive encore, malheureusement, qu’une victime ne bénéficie pas d’une réanimation cardiopulmonaire de base de la part de l’équipe. Ce qui laisse peu de chances de survie malgré la rapidité d’arrivée des secours médicaux. »
Reste que les pharmaciens n’ont pas toujours le temps de se former. Avec ses associés, Jean Occulti crée donc une association, Formateurs de santé associés, pour intervenir en région. Elle leur permet d’animer des formations de deux jours financées par l’OPCA-PL et le FIF-PL, conduisant à l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence. Jean Occulti développera également pour la rentrée des ateliers de deux heures sur les urgences absolues, « pour apprendre par exemple à masser avec un défibrillateur. Nous allons également nous ouvrir à d’autres professionnels libéraux ou qui travaillent en établissements de soins, comme les infirmiers et les aides-soignants ». Il y a urgence !
Envie d’essayer ?
Les avantages
– Connaître les gestes d’urgence et de premiers secours valorise le rôle au quotidien du pharmacien auprès du grand public.
– L’officine est aussi un relais reconnu par les autres professionnels de santé. En orientant efficacement les patients et en évitant l’encombrement des urgences, les pharmaciens leur montrent qu’ils jouent un rôle de maillon indispensable de la chaîne de soins.
– Investir dans les premiers secours offre des retombées commerciales : vous pouvez proposer des trousses de soins toutes prêtes ou à faire soi-même.
Les difficultés
– Suivre un DU sur les premiers secours voire une formation de 2 jours nécessite de libérer du temps. D’où l’idée de Jean Occulti de proposer, en sus, des ateliers pratiques en soirée sur les urgences absolues telles qu’un arrêt cardiaque.
– Il peut s’avérer ardu de faire comprendre au titulaire l’importance de mettre à jour le document unique pour les accidents du travail et d’appréhender, car cela arrive rarement, ce risque. Or, c’est un manquement grave à la sécurité.
Les conseils
– A chaque fois que vous effectuez un soin d’urgence, faites une fiche ou notez-le à l’ordonnancier. Cela pourra être éventuellement mis à disposition des assurances de la victime ou de la justice et garantira que vous avez bien réalisé un soin.
– Ayez un minimum de matériel à l’officine : couverture isotherme, masque de poche pour le bouche-à-bouche, gants en latex, ciseaux de sécurité, lien large en élastique pour le garrot, tampons compressifs et chambre d’inhalation pour l’asthme.
– Apprenez également les risques NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique) ou, du moins, les premiers réflexes à adopter dans des situations d’exception liées par exemple au risque d’attentats chimiques.
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