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PAS DE CADEAU POUR L’OFFICINE

Publié le 17 décembre 2011
Par Magali Clausener
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Le CEPS a transmis aux syndicats professionnels des premières mesures de baisses de prix de princeps et de TFR applicables en mars 2012. La FSPF, l’UNPF et l’USPO les jugent inacceptables. Et craignent qu’elles n’aggravent la situation économique des officines.

Lundi 12 décembre, le Comité économique des produits de santé (CEPS) a transmis aux syndicats de pharmaciens ses orientations sur les baisses de prix et l’application de TFR (tarifs forfaitaires de responsabilité). Effectives en mars 2012, elles avaient déjà été annoncées lors de la réunion du comité de suivi du jeudi 8 décembre qui avait réuni, notamment, la FSPF, l’USPO et l’UNPF. Et suscité leur mécontentement. En effet, pour les princeps, le CEPS va aligner les prix des plus forts dosages sur ceux des dosages les plus faibles. Cette baisse de prix publics TTC concerne les IEC (inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine), les IPP (inhibiteurs de la pompe à protons), les sartans et les statines. En clair, un médicament dosé à 20 mg affichera le même prix que le même médicament dosé à 10 mg.

En outre, le CEPS prévoit des TFR sur dix nouvelles molécules, soit au total 27 présentations : quinapril, association bisoprolol et hydrochlorothiazide, kétoconazole, bétahistine, indapamide, fénofibrate, piracétam, cétirizine, association spiramycine et métronidazole, moxonidine.

Une addition de 150 millions pour l’officine

« Sur les 290 millions d’euros d’économies supplémentaires prévus dans le PLFSS pour 2012, les pharmaciens vont payer 40 % de l’addition. Et les notifications sur les IPP, IEC, sartans et statines vont coûter 70 millions d’euros au réseau. Au total, l’officine va perdre 150 millions de marge. C’est complètement inadmissible. Aujourd’hui, c’est un acharnement sur le poste du médicament et la pharmacie », tempête Gilles Bonnefond, président de l’USPO. Michel Caillaud, président de l’UNPF, est plus prudent sur le montant de la note pour le réseau officinal : « C’est extrêmement difficile à chiffrer dans un premier temps, en particulier quand on baisse le prix du princeps et que l’on rebaisse ensuite le prix du générique. Il faut donc examiner chaque ligne, qui plus est en fonction des dosages en raison de l’alignement des prix sur le dosage le plus faible. » Pour autant, il estime que dans certains cas il y aura 60 % de baisse de prix. « Ce sont des mesures absolument dramatiques pour l’officine », observe-t-il.

Le discours de Philippe Gaertner, président de la FSPF, est tout aussi pessimiste. Selon les calculs de la Fédération, le coût supporté par l’officine va s’élever en moyenne à 40 % et à 50 % pour l’alignement des prix sur ceux du dosage le plus faible. Ces économies de 290 millions d’euros ne vont en outre s’appliquer que sur 9 mois en 2012. En année pleine, cela va représenter 440 millions d’euros. « Par l’alignement des prix pour les princeps, la marge du générique va devenir égale à la marge du princeps, et l’officine va perdre de la marge. Concernant la substitution, si nous n’atteignons pas les objectifs nous aurons des TFR. Or, un objectif de 80 % à la ligne, cela signifie qu’il faut un taux de substitution de 86 à 87 % en moyenne. Nous ne pouvons pas agir avec des mentions “Non substituable” systématiques. On nous pénalise dans tous les cas. Quelle que soit la manière dont on joue le jeu, on perd. La règle n’est donc pas bonne ? », s’agace Philippe Gaertner.

« L’année 2012 va être d’une violence inouïe »

A l’instar des autres syndicats, le président de la FSPF trouve ces mesures « inacceptables et injustes » et craint les retombées économiques pour le réseau, sachant que le Comité économique des produits de santé va prendre d’autres mesures. « Je ne sais pas où on va. Il va y avoir de la casse pendant la période intermédiaire durant laquelle nous n’aurons pas de nouveaux modes de rémunération. Si le ministère ne prend pas des mesures économiques, nous ne pourrons pas accompagner ces nouvelles dispositions. C’est une rupture très claire des engagements sur la rémunération de l’officine », insiste Philippe Gaertner. « Le PLFSS était présenté comme un élément d’avenir pour la profession, on peut maintenant déchanter », déclare Michel Caillaud, qui s’est toujours montré réservé sur la mise en œuvre d’honoraires. « L’année 2012 va être d’une violence inouïe », prévient Gilles Bonnefond. Et de réclamer une enveloppe de 300 millions d’euros pour la mise en place des nouveaux modes de rémunération.

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Les trois syndicats ont fait part de leur refus de ces nouveaux TFR et baisses de prix. Au ministère de trancher…