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Les remises « génériques » sur le tapis

Publié le 14 mai 2011
Par Matthieu Vandendriessche
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Ce n’est pas une mare, mais un marigot que Le Canard Enchaîné dépeint dans son édition du 4 mai dernier. En cause, le laboratoire Arrow Génériques et ses clients pharmaciens, qui frayent dans les eaux troubles de la remise illégale. S’appuyant sur des documents internes, l’hebdomadaire satirique révèle que le génériqueur propose aux officinaux la livraison de 1 200 unités gratuites pour toute commande de 30 000 euros. Le choix se fait parmi plus de 200 spécialités, avec une limitation à 600 unités pour le clopidrogrel. Les unités gratuites pourraient représenter jusqu’à la moitié des boîtes livrées aux officines. Et, toujours selon Le Canard, les groupements pourraient offrir jusqu’à 40 % de remise supplémentaire.

Arrow mouille ses concurrents

Anne Baille, présidente d’Arrow génériques (lire l’interview ci-contre), ne nie pas l’existence de telles pratiques. Mais elle laisse entendre que ses concurrents n’en sont pas indemnes. Le GEMME, qui regroupe les acteurs du marché, n’est pas habilité à commenter les stratégies commerciales de ses adhérents : « Il appartient à chacun de vérifier la conformité de ces pratiques par rapport à la réglementation en vigueur. » « Cela faisait un moment qu’on entendait parler d’unités gratuites fournies par ce laboratoire. Ce n’est pas un hasard si ça tombe sur lui », lâche en revanche un concurrent. Un autre demande à l’intéressé de « ne pas noyer le poisson » en accusant ses petits camarades. Faut-il attendre de cette nouvelle mise en cause une opération « mains propres » ? « Si rien ne change, c’est que personne n’y trouve d’intérêt », répond un troisième acteur du marché.

4 QUESTIONS À

Anne Baille PRÉSIDENTE DES LABORATOIRES ARROW GÉNÉRIQUES

Comment réagissez-vous à l’accusation du Canard Enchaîné ?

Notre laboratoire est désigné, mais seulement à titre d’exemple. La question de fond qui est soulevée est la compétition entre les acteurs du marché du générique. Nous y figurons comme un challenger. Or, quel que soit le marché, ce sont les leaders qui fixent les règles. C’est un principe du marketing.

Dans ce cas, pourquoi êtes-vous la seule cible de cet article ?

Nous ne sommes pas les seuls. Les pharmaciens sont également stigmatisés et je le regrette. Nous ne sommes pas non plus les premiers à subir un tel traitement. Quant à savoir s’il y a eu des fuites et d’où elles proviennent, cela ne m’intéresse pas.

Reste que les pratiques relatées sortent du cadre de la réglementation actuelle…

Elles sont antérieures à ma prise de fonction, il y a moins d’un an. Dans la mesure où vous respectez le plafond de 17 %, vous pouvez exprimer les remises d’une manière ou d’une autre. Cela dit, la libre concurrence est conforme à la législation européenne.

N’est-ce pas l’heure du mea culpa sur les pratiques liées à cette concurrence ?

Je ne vois pas sur quoi appuyer ce mea culpa, ni la nature des suites qui pourraient être données à cette affaire. C’est légitime, et même sain, d’être en concurrence. Il faut que nous puissions tous continuer à travailler de façon sereine et équilibrée. On s’acharne, on veut toujours aller le plus loin. C’est ainsi que l’Assurance maladie a économisé 1,8 milliard d’euros l’an dernier grâce aux génériques.

Propos recueillis par M.V.

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