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Le client est devenu « consomm’acteur »

Publié le 26 avril 2008
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Le libre accès va-t-il révolutionner le comportement des consommateurs ? Invité à s’exprimer à Pharmagora sur le sujet, le grand public a surtout brillé… par son absence ! Qu’à cela ne tienne, un sondage Ipsos* a alimenté la discussion. A l’évidence, la confiance règne : 92 % des personnes interrogées se disent sensibles au conseil officinal. Et le libre accès ne devrait rien changer. C’est ce que pense en tout cas Claude Le Pen, économiste de la santé.

« Pour les orienter, les consommateurs sont toutefois attachés à la sauvegarde d’une présence officinale territorialisée », a averti Christian Saoult, vice-président du Collectif interassociatif pour la santé (CISS). Les pharmaciens, dans leur majorité (68 %), sont d’ailleurs prêts à accompagner systématiquement les patients. Est-ce parce qu’ils sont plus de 50 % à craindre des comportements dangereux ? Pour Claude Le Pen, « c’est une mesure symbole d’un rapport de force qui change : on passe d’une tradition du patient infantilisé vers un consomm’acteur responsable. C’est anxiogène pour le corps médical ».

La réplique d’Isabelle Adenot ne s’est pas fait attendre : « Absolument pas. Nous ne refusons pas la responsabilisation, mais le comportement d’automédication doit être sécurisé, dans le cadre d’un parcours de soins comme pour tout médicament. Le pharmacien doit rester un commerçant qui a le pouvoir de dire non. Il n’est pas plus bête qu’un autre, s’il voulait mettre ces produits en tête de gondole, il saurait le faire. »

« Le pharmacien saura faire la part du feu »

Et quand, dans la salle, le président sortant de l’ordre des pharmaciens du Liban exhorte « le meilleur système de santé à ne pas déraper vers un modèle anglo-saxon », Alain Coulomb, ancien directeur de la Haute Autorité de santé, se veut confiant : « Devant cette mesure [le libre accès], le pharmacien saura faire la part du feu et défendre ses convictions en renforçant ses points forts. » Mais aujourd’hui, pour Claude Le Pen, le problème n’est plus le combat sur le libre accès, perdu d’avance, mais bien la préservation du modèle officinal français !

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Sondage Ipsos Pharmagora 2008 auprès de 201 pharmaciens, et enquête menée par le Conseil national de l’ordre des pharmaciens auprès de 934 consommateurs.