Bisoprolol, pantoprazole, atorvastatine, ésoméprazole, metformine… On les tient les ruptures de stock de demain ! Sept molécules génériques représentant 115 millions de boîtes par an sont à deux doigts de subir une baisse de prix de près de 70 millions d’euros. Sept génériques, parmi lesquels des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur à moins de 5 € la boîte fabriqués majoritairement en France et en Europe. Voilà ce qui a précipité le clash entre deux camps : le Comité économique des produits de santé d’un côté, les syndicats de titulaires, les génériqueurs, l’industrie pharmaceutique, les groupements et les répartiteurs de l’autre. D’une même voix, ces derniers ont décidé – une première dans l’histoire du générique – de boycotter la réunion du Comité de suivi des génériques. La baisse de prix sur les produits matures pour financer l’innovation vient par là même d’atteindre ses limites. Et il n’est pas si compliqué de comprendre pourquoi. L’inflation est d’autant plus intenable que des prix régulés sont orientés à la baisse. S’ajoute une raison plus technique, celle de la clause de sauvegarde à laquelle sont soumis les génériqueurs depuis 2019. Schématiquement, c’est une taxe dont doit s’acquitter l’industrie, sans modération selon les spécialités concernées, quand les remboursements de médicaments excèdent la somme provisionnée en amont. On ne débattra pas ici de la pertinence de payer une amende quand on apporte soi-même une maîtrise des dépenses dès la première boîte dispensée. Mais on évoquera l’évidence d’ouvrir à la substitution par les pharmaciens une liste de biosimilaires trop restreinte à l’heure actuelle : 5 milliards d’économies additionnelles sur le quinquennat actuel. Et on appellera de ses vœux – c’est encore le moment – que la mission interministérielle chargée de mettre à plat tout le système de financement du médicament assimile un message aussi simple que celui-ci : à trop baisser les prix, on augmente les pénuries.
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