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Distribution du médicament : Un coût prohibitif à partir de 150 euros la boîte

Publié le 10 mai 2003
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Les industriels militent de plus en plus ouvertement pour la vente directe au patient, notamment chronique. Un modèle pourtant 30 % plus cher que le circuit classique.

Les mêmes maux ne conduisent pas toujours aux mêmes remèdes. Alors qu’en France, Jean-François Mattei souhaite réduire le nombre d’officines pour compresser du même coup (croit-il ?) les dépenses de santé, le Royaume-Uni, sous la houlette de l’Office of Fair Trading (l’équivalent de notre DGCCRF), préconise la libéralisation des installations ! Bénéfices attendus : une augmentation des services et une baisse des prix de l’OTC. On le voit, réformer la distribution du médicament est un sujet épineux et ce n’est pas le récent colloque organisé par Pharmaceutiques, une revue destinée aux industriels, qui démontrera le contraire.

Une chose est sûre, les fabricants s’impatientent, notamment en raison du développement des biotechs. Un empressement qui transparaît dans les propos introductifs de Daniel Vial, directeur de Pharmaceutiques : « Alors que l’on prône à la fois l’efficacité et l’économie partout, que les laboratoires sont pressurés de toutes parts par des taxes spécifiques, des contributions, des remises […], peuvent-ils accepter de façon passive que la distribution représente à peu près le tiers du coût du médicament? »

Selon Marc Herland, d’IBM consulting, « les coûts de distribution deviennent prohibitifs à partir de 150-160 euros ». Or on sait déjà que certains traitements pourront coûter plus de 100 000 euros par an et par malade. « L’évolution de la part des nouveaux produits pourrait rendre la distribution directe intéressante pour 80 % du chiffre d’affaires en 2010 », poursuit Marc Herland. Selon lui, il suffirait qu’un laboratoire détienne 20 % de part de marché pour imposer son modèle de distribution, ce qui correspond à l’union de trois ou quatre des plus gros laboratoires actuels.

Certes, selon Per Troein, d’IMS Health, la VPC outre-Atlantique représente déjà 5,5 % des ordonnances et 18,8 % du marché pharmaceutique en valeur (et un taux de croissance deux fois plus rapide que le marché classique !). Il n’empêche, les solutions alternatives ne sont pas toujours gagnantes, affirme Pascal Regen, président du directoire de Depolabo (photo) : « Le coût de préparation, de contrôle et de transport d’une ordonnance moyenne – soit 38,58 euros TTC – en direct vers le patient serait de 13 euros, soit 30 % plus cher que le circuit actuel. »

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Concentrer les officines.

Pour lui, des optimisations économiques sont encore possibles au niveau de la distribution en ville. Elles passent notamment par une concentration des officines (avec un accompagnement adapté), une meilleure gestion du niveau de service aux officines et bien évidemment une meilleure utilisation du direct officine. Si les coûts de distribution du fabricant au dispensateur (incluant l’hôpital) avoisine les 900 millions d’euros nets de taxes et de remises, le prix fabricant hors taxes moyen d’une unité distribuée varie fortement selon les circuits. Au niveau du direct, ce prix fabricant hors taxes est de 3,1 euros contre 6,4 euros pour les grossistes et 12,3 euros pour les hôpitaux. Soit un rapport de un à quatre !