BELGIQUE : Un tarif de référence depuis 2001
De 0,92 % en 1996, la part des génériques est passée à 1,83 % l’an dernier pour atteindre les 4 % actuellement. Cette part insignifiante est en partie imputable aux conditions restrictives auxquelles est soumise l’autorisation de mise sur le marché des génériques ainsi que la part importante des préparations magistrales dans les prescriptions. « Mais avec l’arrivée imminente des statines, on s’oriente vers les 10 % à la mi-2002 », prédit Bernard Bailleux, vice-président de l’Association pharmaceutique belge.
De son côté, le gouvernement vient de donner un gros coup de pouce aux génériques en instituant le remboursement de référence depuis le 1er juin 2001, avec campagne grand public à la clé. L’INAMI, l’équivalent de notre Sécurité sociale, ne prenant plus comme base de remboursement le princeps, mais son générique, soit un tarif inférieur de 16 %. Ceci a pour effet d’augmenter le ticket modérateur pour l’assuré qui désire le produit original.
Et le pharmacien dans tout cela ? Si le droit de substitution figure bien dans la loi belge depuis 1993, faute d’arrêté, il n’est toujours pas d’actualité en dépit des demandes répétées de la profession !
Sur le terrain, les laboratoires de princeps se sont engagés dans une spirale de baisses des prix. Autre conséquence, avec le nombre croissant de génériques, les prescriptions sont de plus en plus fantaisistes ; la conjugaison du Docamoxi de Docpharma et de l’Amoxitop de Topgen donnant pas exemple un Docamoxytop ! « Il commence à y avoir des risques ! », indique Bernard Bailleux, qui s’insurge contre l’INAMI qui refuse tout remboursement sur le nom de la DCI, alors que 10 à 15 % des prescriptions de génériques le sont déjà sous cette forme.
Le gouvernement, lui, souhaite d’ores et déjà imposer un remboursement de référence à – 26 % au 1er juillet 2002. « Le budget de l’INAMI explose, le gouvernement cherche à économiser 1,4 milliard de FB [34,7 MEuro(s)] supplémentaire en 2002 après 1,8 milliard en 2001. » –
Comparatif de prix :
Clamoxyl 500 mg (16 cap.) : 13,38 Euro(s) ;
Docamoxi : 6,02 Euro(s).
Benoît Lanthier, Tournai : « Ce n’est pas motivant »
« Le ministre a eu une idée de génie en sensibilisant non plus les acteurs de santé mais la population avec le message « Attention, votre portefeuille va moins maigrir ! » » Le résultat ne s’est pas fait attendre : « De plus en plus de patients font pression pour obtenir des génériques, explique Benoît Lanthier, installé depuis onze ans à Tournai. Certains vont même consulter leur médecin avec en poche le carnet d’équivalence distribué par les mutuelles qui leur indique le coût au comprimé. Et nombre de médecins n’osent s’opposer à leur demande. »
Pendant des années, reconnaît-il, personne ne se souciait des génériques, tant leur part de marché était confidentielle. Mais depuis le 1er juin, « on assiste à une franche explosion de leurs prescriptions ». Les génériques représentent aujourd’hui de 10 à 12 % des médicaments distribués dans son officine, contre 2 % il y a deux à trois ans, et sans doute de l’ordre de la moitié en chiffre d’affaires.
Conséquence, les laboratoires de génériques se multiplient et, de facto, le nombre de génériques. « Gérer les stocks est devenu usant, concède Benoît Lanthier. De l’amoxicilline 500, j’en ai quinze sortes en rayon sous des formes et des noms différents. Les génériques, ce n’est pas motivant pour nous. ça nous complique la vie pour une rentabilité moindre ! », poursuit-il. Avec la spirale de baisse des prix qui s’est installée depuis la mise en place d’un tarif de référence, les princeps ont tendance à s’aligner sur les génériques. Selon lui, « sa rentabilité en a pris pour 2 à 3 % ». Quant à la substitution, « les médecins n’en veulent pas et le gouvernement ne va pas aller contre… ».
Remerciements
Nous n’aurions pu entreprendre ce passionnant tour d’Europe sans nous appuyer sur les excellentes informations parues dans l’ouvrage
« Pharma Länder Dossiers – Die Arzneimittelversorgung in Europa », de Eckart Bauer (« Pharmazeutische Zeitung », Govi Verlag, Eschborn 2001). Tous nos remerciements à l’auteur et à l’éditeur.
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