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A l’assaut du TFR

Publié le 15 novembre 2003
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La présence de la FSPF, de l’UNPF et de l’USPO au congrès de Pharma Référence, et de la FSPF à celui de Népenthès, le week-end dernier, sonnent à nouveau la charge contre le TFR.

L’union fait la force. Pour défendre les grands dossiers de la profession, l’Ordre, les syndicats et les groupements doivent travailler sans se marcher sur les pieds. Cette évidence, pas toujours facile à respecter, semble aujourd’hui bien comprise, surtout face aux prochains enjeux politiques. « Quand les trois composantes vont dans le même sens, la communication passe bien et l’administration a du mal à faire face à la profession », a souligné ce week-end à Biarritz au congrès de Pharma Référence, Claude Japhet, président de l’UNPF. Et Bernard Capdeville, président de la FSPF, d’abonder dans le même sens : « Pour chaque dossier, il y a une césure entre le temps politique et le temps économique, les uns comptant sur les autres. »

Nouvelle envolée du générique.

La négociation du droit de substitution par les syndicats et la dynamique de vente sur les génériques créée sur le terrain par les groupements sont l’illustration même d’un passage de témoin réussi. Ce relais continue d’ailleurs à bien fonctionner. Après deux mois d’application, le TFR a eu un effet de levier sur la croissance du marché des génériques. « Les pharmaciens ont continué à substituer et mis le paquet sur les colonnes du TFR, tant sur celles où il est déjà en place que sur celles pouvant justifier une deuxième vague », a indiqué Bernard Capdeville à Biarritz. « La part des génériques en valeur au mois de septembre comparée à une moyenne lissée d’avril à juillet 2003 – de façon à gommer les effets du surstockage d’avril – a progressé de façon plus importante pour les groupes génériques sous TFR que pour les autres, et c’est particulièrement le cas lorsque le princeps ne s’est pas aligné sur le prix du TFR », aura constaté Maurice Chagnaud de Merck Génériques, également présent à Biarritz.

Ainsi, en septembre, il s’est vendu 9 millions d’unités de plus par rapport à la moyenne d’avril à juillet. Dans les groupes soumis à TFR avec alignement des princeps, le gain en parts de marché des génériques versus cette moyenne est de 9,70 % en valeur et de 39,25 % en unités. Dans les groupes soumis à TFR sans alignement des princeps, le gain est de 12,90 % en valeur et de 48,54 % en unités ! Si cette tendance se poursuit, « l’industrie va devenir le meilleur ennemi du TFR et exercer une pression importante pour qu’il n’y ait pas de seconde vague », analyse Bernard Capdeville, remarquant que lorsqu’il y a un TFR et un marché du générique, le laboratoire est amené à baisser son prix de 30 à 40 %.

Bercy contre le TFR.

Dans le même temps, à Mandelieu, au congrès de Népenthès, Jean-Marc Yzerman, responsable de la commission Economie de la FSPF, portait aussi une attaque en règle contre le TFR : « Si tout le Répertoire passe sous TFR, nous perdrons 4,5 % de marge. Si les princeps s’alignent sur le TFR, les génériques disparaîtront et le prix des médicaments augmentera. » De son côté Claude Baroukh, vice-président de Népenthès exhorte ses adhérents : « Continuons à substituer les molécules passées sous TFR pour prouver que ce dernier n’a pas d’effet volumes. Ensemble, prouvons au ministre que le TFR n’est qu’un Très Faible Rendement pour les comptes de la Sécurité sociale. »

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Et à cet égard, voilà que se révèle un autre ennemi du TFR et allié potentiel des officinaux : le ministère de l’Economie et des Finances ! « Autant Mattei joue à court terme avec les TFR, autant Bercy joue à moyen terme avec le développement des génériques », expose le président de la FSPF. A condition de « lui donner des arguments pour qu’il s’oppose à la seconde vague ». Et Bernard Capdeville de laisser entendre que « celle-ci pourrait être largement repoussée, voire supprimée, si un accord était trouvé avec ce ministère en vue de moraliser le système des remises sur les génériques, tout en étant le moins défavorable possible pour la profession ». Une des pistes envisagées consisterait à définir un nouveau bénéfice par boîte, associant marge plus remise, et à reverser l’excédent à l’Assurance maladie en cas de dépassement.

Réaction

SUBSTITUTION

Les laboratoires éthiques « se sont substitués aux pharmaciens », estime Lucien Bennatan, réagissant à la présence au récent salon grand public Forme et santé d’industriels tels que Pierre Fabre, Pfizer, BMS ou Schering Plough, s’y présentant comme les acteurs de la prévention. Et de dénoncer un « stratagème » : tenir le rôle d’acteur de la prévention à la place du pharmacien pour mieux approcher en direct le patient consommateur.

Pharma Référence était quant à lui présent au salon pour présenter une pharmacie Viadys et organiser un dépistage du diabète.

Népenthès s’autonomise

Le fil rouge du congrès de Népenthès (premier groupement avec 4 200 officines adhérentes annoncées), le week-end dernier à Mandelieu, était « l’autonomie » : « Dans l’état actuel d’une l’évolution des circuits commerciaux marquée par la concentration, le pharmacien indépendant ne peut exister que s’il appartient à un groupement conçu à 100 % par des pharmaciens, et s’intéressant à 100 % de leur activité », analyse Christian Grenier, président du groupement. Et de citer l’ensemble des services de Népenthès mais aussi, depuis cette année, son « agencement-merchandising-vitrines clefs en main » pour créer une identité visuelle commune. Le concept Népenthès « recommandé mais pas obligatoire », est décliné dans la pharmacie pilote de Katrin Giovannangeli à Verneuil-sur-Seine (lire « Le Moniteur » n° 2493 du 7 juin 2003) et dans une trentaine d’officines.

Dernier acte, l’ouverture le 20 novembre à Sartrouville (95) de 4 000 m2 de plate-forme logistique et le déplacement du siège de l’entreprise (66 personnes). L’activité dépositaire se mettra en place pour les génériques Biogaran, Merck et Téva pour lesquels Népenthès Distribution assure logistique, facturation et livraison. La distribution des produits des petits laboratoires et l’activité répartiteur se développeront ensuite pour les produits à forte rotation. Au premier trimestre 2004, Népenthès, « qui s’est organisé comme un laboratoire », lancera ses produits à la marque Nep en phytothérapie, compléments alimentaires, parapharmacie, premiers soins… pour « proposer, à prix de marché, une solution qui augmente la marge du pharmacien et fidélise le client ». Il ne reste plus à Népenthès qu’à lancer une complémentaire santé pour les médicaments déremboursés. Christian Grenier et ses équipes sont prêts. – D.F.-N.

Pharma Référence s’ouvre

Pharma Référence se donne quatre ans pour développer un réseau de « 2 000 officinaux solidaires mais indépendants » dont la cohérence sera le meilleur vaccin contre « toute forme de concurrence, notamment celle générée par des évolutions législatives ». Le capital de la SAS Pharma Référence sera donc ouvert aux adhérents : « Nous allons leur proposer de participer au capital d’une holding qui sera actionnaire de la structure mère du groupement », annonce Lucien Bennatan, son président. Un pacte d’actionnaires sera mis en place et la holding sera représentée au conseil de surveillance de Pharma Référence. « Ce club des associés » évitera au groupement « de disparaître sous le flot des capitaux extérieurs », notamment des répartiteurs et des laboratoires. A cet égard, Lucien Bennatan stigmatise Alphéga et le Cercle de Carla en les qualifiant de « véritables embryons de réseaux type commerce intégré ». Il espère maintenant que les 1 148 adhérents actuels participeront à hauteur d’au moins 10 % du capital de la SAS Pharma Référence, sachant que celle-ci, valorisée à 6,8 MEuro(s), sera mise en vente aux adhérents à 4,5 MEuro(s). Dans le montage pressenti, le capital serait porté de 40 KEuro(s) à 44 KEuro(s), et le reste des apports converti en prime d’émission incorporée au capital.

Pharma Référence pourrait aussi utiliser cette holding pour d’autres opérations, notamment pour créer une centrale d’achat commune avec Plus Pharmacie et une société de produits à la marque qui leur permettrait de réaliser des économies d’échelle. – F.P.