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© Getty Images/iStockphoto
Economie officinale : que se passe-t-il avec la marge et la rentabilité ?
Après deux années euphoriques drivées par la pandémie de Covid-19, l’année 2023 devrait marquer un retour à la normale pour l’économie officinale. Avec des taux de marge et de rentabilité en baisse, sensiblement au même niveau qu’en 2020.
Ni plus ni moins rentable qu’en 2020. « Sur les huit premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires (CA) des officines est resté stable par rapport à 2022, observe Joël Lecœur, expert-comptable au cabinet LLA et président du groupement CGP (Conseil Gestion Pharmacie). Ce qui a changé, c’est que les activités liées au Covid-19, sur lesquelles les officines margeaient à 95 %, ont été globalement remplacées par les médicaments chers qui affichent, eux, un taux moyen de marge de 5 %. Mécaniquement, la marge brute globale des officines va donc baisser. De janvier à août 2023, elle est déjà passée de 31,79 % à 28,69 % avec les produits onéreux. Nous devrions donc retrouver sensiblement les mêmes niveaux de marge qu’en 2020, malgré l’augmentation de l’activité. »
La fin de la manne Covid…
Olivier Delétoille, expert-comptable au cabinet AdequA, table, lui, sur une diminution du taux de marge de 32,74 % à 30 %. « L’activité globale est marquée par l’évolution très significative des produits chers et très chers qui représentaient déjà 34 % de l’activité liée au taux de TVA à 2,1 % en 2022, et qui devraient encore enregistrer un sursaut en 2023. Dans le même temps, les activités liées au taux de TVA à 0 % sont presque atones, et le secteur issu de la TVA à 5,5 % n’est plus porté par les masques et les gels hydroalcooliques », observe-t-il. Confirmation du côté d’Iqvia. « Les activités Covid, qui représentaient 1,2 milliard d’euros de CA en 2022, atteignent aujourd’hui à peine 62 M€ en cumul annuel fixe à fin août 2023, confie Antoine Collet, responsable du panel pharmacie Iqvia France. Et la progression des produits chers, qui alimentent une augmentation de 0,6 % du CA, cache en réalité une baisse de volume de 1,6 % du segment des médicaments remboursables. » Cette baisse de la marge doit toutefois être relativisée. « Sans les activités Covid, le taux de marge en valeur reste relativement stable. L’activité des officines demeurant soutenue, notamment sur les génériques », souligne Olivier Delétoille. Même analyse du côté d’Iqvia. « En 2022, la marge Covid représentait à elle seule quasiment 1,2 milliard d’euros sur les 5,4 milliards d’euros de marges dégagées par les officines. Lorsqu’on retire cette activité, la marge en 2023 devrait baisser légèrement de 0,2 % à presque 4,2 milliards », souligne Antoine Collet.
La rentabilité devrait se stabiliser à 40 milliards d’euros
Le souci, c’est que ce retour à la normale intervient dans un contexte général qui malmène la rentabilité des officines. « Avec l’inflation et l’explosion des charges d’exploitation, la masse salariale ayant, par exemple, progressé en moyenne de 5,1 % sur les huit premiers mois de l’année 2023, la rentabilité moyenne en valeur devrait elle aussi revenir à son niveau de 2020 », pronostique Olivier Delétoille. Mais là encore, les pharmaciens se souviennent que l’augmentation de 24 % de la rentabilité de leurs officines en 2021 et de 11 % en 2022 a été nourrie par le Covid-19. » Reste à savoir si le dernier trimestre de l’année, qui est en général favorable aux officines, est susceptible d’inverser la tendance. Expert-comptable au cabinet Conseils et Auditeurs Associés, Michel Watrelos ne croit pas à un tel scénario. « Nous sommes déjà en octobre, et pour le moment, on n’observe pas de frémissement sur l’activité. Je ne pense donc pas que ce dernier trimestre permettra de compenser la baisse observée sur les neuf premiers mois. Au mieux, il pourra l’atténuer », confie-il. Antoine Collet ne voit pas, lui non plus, le dernier trimestre sauver une année mal embarquée. « Même si nous observons ces deux dernières semaines une augmentation de 37 et 39 % des ventes d’autotests, et que l’autorisation de prescrire et administrer certains vaccins devrait entraîner une croissance de l’activité, cela ne suffira probablement pas pour compenser la baisse de marge. D’autant que sur la parapharmacie, la croissance de 1 % du CA en valeur cache en réalité une baisse de 4,5 % des volumes en unités, les clients achetant moins de produits à cause de l’inflation. » Quant à Olivier Delétoille, il invite les pharmaciens à être lucides. « Le marché officinal devrait se stabiliser à 40 milliards d’euros. Les pharmaciens doivent simplement accepter un retour à la normale, avec une vie sans le Covid. »
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