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Attention fragile !
Le générique connaît une dynamique de croissance qui s’est accélérée à partir du second semestre 2002. Au moment où toutes les conditions sont enfin réunies pour que celle-ci soit durable, la mise en place du TFR risque de torpiller tous les efforts fournis.
Grâce à une forte croissance en 2002, le jeune marché français des génériques est troisième en Europe. Mais à la différence des autres pays, il s’appuie sur un Répertoire étroit. Celui d’octobre 2002 ne représentait que 15,4 % du marché pharmaceutique total, soit 3,5 MdEuro(s) (CA prix publics) et 21,6 % en unités vendues. La substitution au sein de ce périmètre d’action a permis de réaliser 133 millions d’économies à l’assurance maladie en 2002 selon la CNAMTS.
Pour les pharmaciens comme pour les laboratoires, le pari est en passe d’être gagné : plus d’une boîte vendue sur deux du Répertoire est en effet un générique. En un an, le taux de génériques dans le Répertoire en nombre de boîtes délivrées a progressé de 12,4 points. Ce taux est en effet passé de 41 % en janvier 2002 à 53,4 % à fin janvier 2003, après la campagne TV grand public.
Toujours sur la base de ce Répertoire, le marché des génériques en DC a progressé en 2002 de 53,8 % pour atteindre 871 MEuro(s) (CA prix publics), et de 43,4 % en unités vendues (180 millions de boîtes). L’évolution du marché des génériques de marque est diamétralement opposée puisque en recul sur 2002 de 11 % en valeur (à 246 MEuro(s)) et de 8,8 % en volume (moins de 60 millions d’unités).
Le potentiel de développement des génériques reste important. A fin 2002, les génériques ne représentaient que 10,8 % en volume du marché total du médicament.L’appel du 5 juin 2002
L’accord du 5 juin 2002 entre les médecins et l’Assurance maladie a incontestablement permis au générique de franchir un nouveau palier avec la levée des freins auprès des patients.
Les effets se sont fait sentir dès l’été dernier – alors qu’habituellement, à cette période, le marché subit un fléchissement.
Mais la prescription en DC s’est rapidement essoufflée par la suite. D’après un pointage réalisé par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine en décembre dernier, moins de 8 % des lignes d’ordonnances sont rédigées en DC au lieu des 25 % sur lesquelles les médecins s’étaient engagés.
Néanmoins, cela a un impact positif sur les patients, qui acceptent maintenant plus facilement la substitution, et sur les pharmaciens qui étaient encore peu mobilisés. Le Baromètre Biogaran-Le Pharmacien de France de janvier 2003 révèlait que 34 % des pharmaciens s’étaient mis activement à la substitution depuis moins de 6 mois. Par ailleurs, 53 % trouvent la substitution plus facile depuis que les médecins prescrivent en DC et 38 % d’entre eux déclarent substituer très facilement ou facilement. En fait, les syndicats estiment que pour deux tiers le marché s’est accru grâce à l’accord du 5 juin 2002, et pour un tiers parce que les médecins ont prescrit des génériques ou en DC.
Le second semestre 2002 et le premier semestre 2003 se sont donc caractérisés par une évolution sensible de la perception des génériques par les patients. Selon une enquête réalisée en début d’année 2003 par le CREDOC, 82 % des Français sont favorables à ce que leur médecin leur prescrive des médicaments génériques plutôt que des médicaments de marque, et 75 % sont d’accord pour que leur pharmacien remplace les médicaments de marque prescrits par leur médecin par des génériques.
Confirmant la tendance, vous étiez plus nombreux en 2002 qu’en 2001 à vouloir développer le marché du générique dans votre officine.Le tarif de référence, une torpille !
Avec l’appel à la mobilisation générale sur la substitution lancé conjointement par les syndicats et les génériqueurs en avril, on peut penser que les chiffres du second trimestre 2003 seront en forte progression. Et après ? L’instauration de tarifs de référence (TFR) risque de compromettre le développement du marché au moment même où il commence à trouver sa vitesse de croisière. Si elle est trop brutale, elle pourrait entraîner une baisse des prix des princeps et une chute du volume des génériques. En plaçant dans un premier temps sous forfait une partie des groupes de génériques pour lesquels la pénétration du générique est comprise entre 10 % et 45 %, Jean-François Mattei estime faire une application partielle et un usage prudent des forfaits de remboursement. L’idée d’une généralisation du TFR à l’ensemble des groupes génériques semble écartée pour le moment. Economies attendues par le gouvernement : 100 MEuro(s) la première année.
Outre la mort possible de génériques, le TFR va léser économiquement l’officine avec la baisse des remises commerciales plafonnées sur les médicaments génériques de 10,74 % à 2,5 %. Même si jusqu’en juil-let 2004, ces remises seront plafonnées à 6 %, y compris pour les médicaments princeps du groupe générique concerné.
Au niveau des départements, le plus faible taux de pénétration du Répertoire est à 35,8 % et le plus fort est à 65 %. Un tiers des départements montrent une pénétration supérieure à 56 %.Coup dur pour la marge
En effet, pour Philippe Ranty, président de GNR-Pharma et secrétaire général du Gemme, l’impact du TFR sur l’économie de l’officine pourrait se traduire par une perte moyenne de 25 % de marge sur les produits des groupes génériques concernés par un forfait de remboursement, dans l’hypothèse où le laboratoire de princeps baisse son prix et l’aligne sur celui du TFR.
Cette mesure est vécue différemment selon l’implication des pharmaciens dans la substitution. Jean-Marie Gobillard, titulaire à Poix-Terron (08), inconditionnel de la substitution (taux de pénétration du générique dans son officine : 87 % au sein du Répertoire !), ne décolère pas : « Le TFR est le plus grand des scandales vécus par la profession car il va tuer le générique, pour la plus grande joie du LEEM. L’économie réalisée par la vente de génériques doit rester aux pharmaciens et n’a pas vocation à financer l’augmentation des honoraires des médecins. » Catherine Poinsot, installée à Paris, avoue s’être moyennement investie dans la substitution mais déplore cette vision à court terme. « Nous allons perdre de la marge avec le TFR mais nous gagnerons du temps pour faire autre chose. Car, pour les groupes de génériques concernés par le TFR, il ne sera plus nécessaire d’expliquer la substitution au patient. »
Substituer pour éviter le forfait
Nul ne sait à l’heure actuelle quelle sera l’évolution du marché dans les groupes génériques sous forfait. La logique voudrait que princeps et génériques concernés alignent leurs prix sur le TFR ou… disparaissent, car il ne fait aucun doute que les patients refuseront de payer la différence. D’aucuns disent que le marché appartiendra totalement aux princeps puisque, les produits étant aux mêmes prix, les patients accepteront moins facilement les génériques. D’autres pensent, au contraire, que le générique se maintiendra.
Hors TFR, Biogaran a pronostiqué une croissance de 35 % du marché des génériques sous DC, portant le marché à 850 MEuro(s) fin 2003. Sous TFR, le génériqueur a revu ses prévisions à la baisse : une croissance à 3 ans de l’ordre de 15 % par an, portant le marché à près de 1 milliard d’euros en 2005.
Une chose est sûre : même après les mises en place des TFR, la règle du jeu reste la même : plus les pharmaciens substitueront, moins les forfaits seront nécessaires dans les mois à venir. Les pharmaciens ne doivent donc surtout pas baisser les bras. D’autant que le potentiel de développement reste important : les génériques représentaient à fin 2002 5,2 % en valeur et 10,8 % en volume du marché total du médicament et 38,7 % du Répertoire en valeur et 50,7 % en volume.
Les laboratoires maîtres du jeu ?
La croissance peut être obtenue soit en augmentant la substitution au sein du Répertoire – 100 % de substitution reviendraient à avoir un marché de 577 millions d’unités de génériques sur la base du Répertoire d’octobre 2002 -, soit en élargissant la taille du Répertoire. L’entrée de molécules sans princeps reconnu légalement injecterait au moins 350 MEuro(s) de potentiel supplémentaire, et les projections à l’horizon 2005 laissent entrevoir 2,1 MEuro(s) avec l’expiration des brevets de molécules majeures comme la roxithromycine, l’oméprazole, la simvastatine, la cétirizine…
Reste deux gros bémols. D’une part, le gouvernement permet aux laboratoires de princeps de réclamer eux-mêmes un TFR pour leur produit (ce qu’ils seront tentés de faire, car perdre 25 % de prix à cause d’un TFR vaut toujours mieux que de perdre 60 ou 70 % de volumes à cause de la concurrence de génériques). D’autre part, l’expérience du paracétamol, où le gouvernement a laissé le choix au laboratoire – soit une baisse drastique de prix, soit l’entrée au Répertoire des génériques, le laboratoire ayant choisi la première solution… – montre que le générique n’est pas forcément la voie royale pour les pouvoirs publics. « Peu importe le moyen pourvu que les prix baissent », semble être la devise actuelle du ministère. Et la tendance semble montrer que pour arriver à cette fin, ce dernier privilégie les baisses de prix, soit via le TFR, soit via les négociations avec le laboratoire plutôt que la concurrence par les génériques. Si cette tendance politique se confirme, les efforts de substitution pour éviter de futurs TFR risquent de s’avérer vains dans certains cas.
+ 25,5 %
Le marché de ville des génériques (DC + marques) représentait en 2002 239,5 millions d’unités (+ 25,5 % par rapport à 2001) pour un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros.
Les armes pour gagner
Les clés du marché
– Elargir le Répertoire, encore bien trop étroit.
– En finir avec la protection des princeps, particulièrement plus marquée en France que dans les pays où le générique est significatif.
– Pousser les médecins généralistes à tenir leur engagement sur la prescription en DC.
– Avec la levée de l’embargo des médecins, l’évolution des comportements des Français à l’égard de la substitution a changé. Alors, un seul mot d’ordre : substituer.
Génériques Le top-10
En unités vendues (délivrées en ville sur prescription), les premiers groupes génériques issus du Répertoire 2002 sont :
1 – Dextropropoxyphène + paracétamol
2 – Amoxicilline
3 – Carbocistéine
4 – Buflomédil
5 – Trimétazidine
6 – Thiocolchicoside
7 – Metformine
8 – Fénofibrate
9 – Allopurinol
10 – Trimébutine
– En chiffre d’affaires prix publics, le top-10 est le suivant : dextropropoxyphène + paracétamol et amoxicilline conservent leurs première et seconde place ; trimétazidine se hisse à la 3e, fénofibrate à la 4e ; carbocistéine passe à la 5e ; diosmine apparaît à la 6e, tout comme amoxicilline + acide clavulanique à la 7e ; thiocolchicoside est 8e ; metformine est 9e ; fluoxétine s’empare de la 10e.
Source : « Suivi de la dispensation du médicament », IMS Health, sorties pharmacies de ville sur prescription, basé sur 10 150 pharmacies, marché du Répertoire, octobre 2002.
Le marché se resserre
Les leaders du marché se développent fortement, les challengers beaucoup moins. Merck Génériques (27,6 % de part de marché, données GERS janvier 2003) et Biogaran (26,7 %), respectivement numéro un et numéro deux en France, contrôlent plus de la moitié du marché français du générique qui se caractérise par sa grande concentration.
Les premiers poursuivants détenant, quant à eux, une part de marché deux fois moindre (10,8 % pour GNR-Pharma et 10,3 % pour Teva Classics).
Génériqueurs Le top-10
En chiffre d’affaires (prix publics), le classement 2002 des génériqueurs en DC est le suivant :
1 – Merck Génériques
2 – Biogaran
3 – Teva Classics
4 – GNR-Pharma
5 – RPG Aventis
6 – Ratiopharm
7 – EG Labo
8 – Irex
9 – G GAM
10 – Mazal
– En unités, le classement est identique à l’exception de G GAM qui gagne une place au détriment d’Irex.
Au niveau des génériqueurs de marque, on trouve dans l’ordre Irex, Bouchara-Recordati, Fornet, RPG Aventis, Ménarini, Biorga, Pharmacia, Elerté, Biothérapie et Norgine Pharma.
En volume, Irex demeure en tête mais c’est RPG Aventis qui occupe la deuxième place, devant Bouchara-Recordati et Fornet. Suivent Ménarini, Pharmacia, Elerté, Biorga, Norgine Pharma et Biothérapie.
Source : « Suivi de la dispensation du médicament », IMS Health, sorties pharmacies de ville sur prescription, basé sur 10 150 pharmacies, marché du Répertoire, octobre 2002.
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