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2001 : un bilan économique satisfaisant

Publié le 7 septembre 2002
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En 2001, les officines ont affiché de bons résultats, même si leur rentabilité s’est encore légèrement dégradée. Un chiffre d’affaires moyen en hausse de 6 %, une progression intéressante de la marge en valeur, un poids moindre des frais de personnel proportionnellement au chiffre d’affaires, tels sont les principaux éléments à retenir de la dernière étude de KPMG Entreprises*.

Dans l’étude statistique 2001 de KPMG Entreprises, le résultat net recule de 0,29 point tandis que l’indicateur de performance économique de l’officine (ventes HT moins charges et achats), se maintient à 15,16 % du chiffre d’affaires.

Pour 2001, les chiffres confirment, pour l’essentiel, une hausse sensible de l’activité et une nouvelle érosion, taux de la marge. « La progression du chiffre d’affaires hors taxes reste marquée à 6,04 % en moyenne, dans le prolongement de l’année 2000 qui elle-même avait été exceptionnelle », indique Olivier Delétoille, expert-comptable, directeur associé de KPMG Entreprises. Le chiffre d’affaires moyen hors taxes par officine ressort à 1,11 million d’euros (ou 7,3 MF) en 2001. Les avantages d’une MDL à trois tranches, moins dégressive, se sont bien faits sentir l’année dernière. Le taux de marge a diminué de façon générale de 0,33 point, une évolution à la baisse moins significative que celle constatée sur les années antérieures. « La combinaison contrastée de la hausse du chiffre d’affaires et de la baisse du taux de marge conduit néanmoins en 2001 à une progression intéressante de la marge en valeur, de 14 577 euros en moyenne », souligne Olivier Delétoille. Soit, en pourcentage, un gain de 4,39 %.

Pour 2001,25 % des officines ont un taux de marge inférieur à 27,82 %, une proportion identique connaît un taux de marge supérieur à 29,66 %, tandis que la moitié des pharmacies se situent entre 27,82 % et 29,66 %.

Le taux de marge moyen des officines du panel de KPMG se situe en 2001 à 28,65 % contre 28,98 % en 2000. Un quart d’entre elles ont un taux de marge inférieur à 27,82 % tandis que une sur quatre également est au-dessus des 29,66% et a connu, en proportion, une érosion plus faible de sa rentabilité.

Autre bonne nouvelle, le poids des charges externes et des frais de personnel est moindre par rapport au chiffre d’affaires. Pour les charges externes, rien de vraiment surprenant. Ce sont par nature et pour l’essentiel des charges fixes (électricité, loyers, assurances, honoraires, frais postaux et télécommunication, services bancaires…). Du fait de leur inertie, elles ont baissé en taux de chiffre d’affaires. Elles représentent un peu plus de 4 % du CA en moyenne, toutefois, pour les officines qui réalisent plus de 1,2 MEuro(s) de chiffre d’affaires, le ratio est à 3,5 %. Une évolution jugée normale par Olivier Delétoille, même si l’analyse doit être modulée selon que le pharmacien est propriétaire ou locataire des murs, puisque dans cette dernière hypothèse les loyers peuvent représenter un poids significatif dans l’ensemble des charges externes (notamment pour les officines de centres commerciaux).

De leur côté, les frais de personnel (salaires bruts et charges sociales), eux aussi, ont légèrement baissé proportionnellement au chiffre d’affaires : 9,61 % en 2001 contre 9,73 % en 2000. « Il semblerait que les officines aient réalisé des gains de productivité en anticipant notamment le coût du passage aux 37 heures », suppose Olivier Delétoille. Reste à savoir, maintenant, si cette performance sera reconduite dans le cadre du passage aux 35 heures pour l’ensemble des officines à partir de 2002.

Si le résultat financier reste stable (0,36 % du CA), en revanche le résultat net se dégrade au fil des ans (9,63 %).

Besoin en fonds de roulement et autonomie financière améliorés

Un ratio auquel les titulaires prêtent beaucoup d’attention : la productivité globale du personnel. Le chiffre d’affaires TTC moyen par personne affectée à la vente est de 288 000 Euro(s) en 2001. Pour Olivier Delétoille, ce ratio s’est amélioré sous la pression des 35 heures et de la pénurie de personnel en officine.

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Pour mesurer la performance commerciale et de gestion des officines, cet expert-comptable préfère un ratio plus pertinent encore que l’excédent brut d’exploitation (EBE), autorisant véritablement une comparaison entre toutes les officines, quelles que soient leurs particularités. Résultant de l’activité commerciale (CA généré et marges dégagées), du poids des charges externes et des frais de personnel (salaires, charges sociales), ce ratio mesure la performance économique globale. Toujours exprimé par rapport au chiffre d’affaires hors taxes, il se calcule en retranchant des ventes hors taxes les achats consommés, les charges externes, les impôts et taxes et les frais de personnel (salaires et charges sociales). Il est souhaitable bien évidemment que ce ratio soit le plus élevé possible.

Malgré la progression moyenne du chiffre d’affaires, le niveau des stocks en valeur reste quasiment identique. 25 % des officines ont un délai de rotation inférieur à 31,32 jours (quartile Q1), un quart connaît un délai supérieur à 46,20 jours (Q3) et la moitié se situent entre 31,32 et 46,20 jours (Q2)

Dans l’étude statistique 2001 de KPMG, cet indicateur de performance économique se maintient à 15,16 % du chiffre d’affaires, soit exactement à l’identique par rapport à 2000. « La rentabilité des officines a suivi l’évolution à la hausse du chiffre d’affaires, en déduit Olivier Delétoille, la moyenne des officines les plus performantes atteint un taux de 17,73 %, alors que les moins performantes sont à 12,52 %. »

Après réintégration des cotisations personnelles, en hausse, du titulaire, l’EBE moyen des pharmacies recule de 0,4 point à 12,11 %. En revanche, le résultat financier (rapport des frais financiers sur le CA HT) est stable à 0,36 %. « Le poids des frais financiers reste faible quelle que soit la typologie des officines », observe le directeur associé de KPMG. Enfin, le résultat net s’établit en moyenne à 9,63 % en 2001 contre 9,92 % en 2000. Rappelons que le résultat net doit rémunérer le capital investi et le travail du pharmacien. Un ratio qui, en pharmacie, ne fait que se dégrader au fil des ans.

Au niveau des comptes de bilan des pharmacies, l’étude KPMG s’attache à suivre l’évolution du besoin en fonds de roulement (BFR). 2001 s’inscrit dans la tendance des années précédentes : le BFR continue à baisser. « Le BFR représente entre 0 et 8 jours de chiffre d’affaires TTC selon la typologie des officines, sauf pour les pharmacies les plus importantes qui ont un excédent de financement », précise Claire Morisset, expert-comptable, également directeur associé de KPMG Entreprises. Les pharmaciens font preuve de prudence. Malgré la progression moyenne du chiffre d’affaires, le niveau des stocks en valeur reste quasiment identique. Le crédit client enregistre une légère baisse (directement liée à l’utilisation de SESAM-Vitale et aux recours aux concentrateurs), alors que le crédit fournisseur s’est accru. Mais l’un dans l’autre, « le BFR est de moins en moins lourd à financer au fil des ans. Il devient même un élément accessoire dans l’élaboration des business plans de reprises d’officines ».

Désendettement constant

Autre constat réitéré : l’autonomie financière (proportion des fonds propres par rapport à l’ensemble des capitaux détenus sur une longue période, autrement dit les fonds propres et l’endettement à long terme) est toujours accrue. Le ratio d’autonomie financière est de 85 % en 2001 contre 79 % en 2000. Il était de 71 % en 1993 !

« Le désendettement des officines se poursuit, conséquence directe du faible niveau du nombre de transactions depuis plusieurs années et de la prudence des banques qui n’accompagnent que des projets d’installation parfaitement bouclés et dont les apports personnels sont conséquents », explique Claire Morisset.

Pour 2001, KPMG relève un léger déséquilibre financier des pharmacies, preuve que le financement des biens stables, constitués par des immobilisations corporelles, incorporelles et financières, n’est pas totalement couvert par des capitaux stables (fonds propres et emprunts à long terme). « L’excédent des financements stables sur les biens stables constitue le fonds de roulement », rappelle Claire Morisset. Son importance est un indicateur de marge de sécurité financière dont dispose l’officine en cas de difficulté. Le ratio, qui devrait théoriquement être supérieur à 1, est néanmoins inférieur en moyenne pour les officines. Le rapport des financements stables sur biens stables est de 0,85 en 2001, contre 0,82 en 2000. « Le BFR s’étant amélioré, explique Olivier Delétoille, le titulaire prélève cette trésorerie disponible pour son train de vie plutôt que de la laisser dans l’entreprise, ce qui explique qu’il n’y ait pas un excès de financements stables, mais cela n’a en fait rien d’inquiétant en pharmacie. »

* Chaque année, KPMG Entreprises, société d’expertise comptable, publie des statistiques sur les comptes de ses clients pharmaciens. Son étude porte cette année sur un échantillon de 742 officines ayant clôturé au cours de l’année 2001.