UNE SYNERGIE PROFITABLE

Avec ses deux officines à l’enseigne Ma Pharmacie Référence, la principale rue commerçante d’Argentan détonne dans le landernau officinal. Au sud de ce centre-ville normand, la Pharmacie des bords de l’Orne arbore les couleurs de l’enseigne du groupement PHR. Un peu plus au nord sur le même trottoir, au pied de la majestueuse église Saint-Germain, la Pharmacie du Griffon revêt des habits identiques. Les gens de la ville ont remarqué que ces deux croix vertes portent « les mêmes couleurs ». Ils ont également repéré que Laurence, l’adjointe, et Frédéric, le préparateur, sont présents tantôt dans l’une et tantôt dans l’autre. Les plus perspicaces savent même que ce dernier est aussi le mari de la nouvelle titulaire de la Pharmacie des Bords de l’Orne arrivée en juillet…

Mutualiser ses forces.

En fait, la parenté entre les deux officines va bien plus loin. Titulaire de celle du haut, Christine Genin-Cossin avait depuis des années des parts dans celle du bas. En juillet dernier, la Pharmacie des Bords de l’Orne a été vendue. Sa titulaire, Karine Mauguit, a repris la Pharmacie du Griffon le 1^er octobre 2020. Quelques jours avant cette passation de témoin, nous sommes allés voir Christine Genin-Cossin sur le point de prendre une retraite active (lire p.18). Premier constat : les liens tissés entre les deux entreprises portent leurs fruits. « J’ai plus de collègues, donc j’acquiers plus de connaissance à droite, à gauche… Le rapprochement est aussi utile pour gérer la logistique des deux pharmacies », explique Frédéric, salarié en 4/5^e temps à la Pharmacie du Griffon. Sur le terrain de la compétence, les deux équipes ont l’habitude de suivre les interventions des laboratoires ensemble. « Quand on part en formation, on a l’impression de faire partie d’une grosse pharmacie », remarque Frédéric. De même, la synergie joue à plein en matière d’achats. Jusqu’à cet été, les deux titulaires rencontraient les principaux laboratoires ensemble. Elles se répartissaient les autres fournisseurs et chacune procédait à des achats groupés pour les deux structures.

Un aménagement soigné.

Pour inciter les clients à s’informer, la surface de vente de la Pharmacie du Griffon est ponctuée de plusieurs écrans. Restructuré avec un flux unique (Covid-19 oblige), le parcours démarre par la parapharmacie, se poursuit avec les six caisses, puis sur une zone, équipée d’une cabine, principalement dédiée au MAD, à la contention et à l’orthopédie. A gauche, derrière les comptoirs, deux pièces sont réservées aux rendez-vous. L’une ressemble à un cabinet de médecin. L’autre, pensée dès 2012 pour la téléconsultation, se révèle trop petite pour cet usage. Ce réduit est équipé d’une table murale rabattable et sert ponctuellement pour la pesée des bébés.

Le groupement en soutien.

Depuis toujours, Christine Genin-Cossin a la conviction que son métier passe par une synergie avec d’autres. Et, notamment, avec un groupement. Celle dont l’officine se veut « un lieu de services au patient » a rejoint PHR dès son installation, ici, en 1993, puis a participé à la construction de l’enseigne Viadys avant d’en prendre les habits. Au lancement du concept Ma Pharmacie Référence, très centré sur les objets connectés, les écrans…, l’officine qui venait de faire des travaux, a changé sa façade et sa signalétique pour bénéficier de l’image de la chaîne naissante. C’est dans ce même esprit d’optimisation du métier de santé, que la titulaire s’est entourée d’une secrétaire, à mi-temps. « Mais si l’économie de l’officine le permettait, je l’embaucherais à plein temps », s’empresse-t-elle de préciser. « Il faut que les préparateurs et les pharmaciens puissent être monopolisés sur le métier de la santé », ajoute-t-elle fière de son équipe. Ici, discrète et efficace, Nathalie, installée face à un ordinateur dans un coin du back-office, fait en sorte de faciliter la vie des autres. Elle arrive notamment une demi-heure avant l’ouverture pour allumer les ordinateurs, mettre les tampons à date… Elle gère l’entretien des blouses, l’approvisionnement en fournitures administratives, l’expédition des colis vendus sur le site en ligne… Dans la même logique, Odile gère l’entretien, et sa mission « est très importante pour que tout le monde travaille dans de bonnes conditions », précise la titulaire.

Focus sur la santé.

Cette organisation au service du patient fait gagner du temps aux professionnels de santé. Objectif : conseiller davantage et assurer plus de suivis patients. Ce but est facilité par un plan de formation dense. Ici, chaque salarié suit tous les ans, un cursus d’e-learning grâce au contrat conclu entre PHR et l’organisme Ma Formation Officinale, et une autre formation en présentiel. En plus, l’équipe propose des entretiens conventionnels (bilan de médication partagés, etc.) et des tests rapides d’orientation diagnostique (trod) pour l’angine. Christine Genin-Cossin fait aussi appel à Team Pharma, la structure de PHR qui met des diététiciennes à disposition. Ici, l’une d’entre elles vient une fois par mois pour des rendez-vous facturés 20 €. Résultat de cette démarche d’accompagnement de cette pharmacie de moins de 2M € de C.A, la part des produits à la TVA à 20 % tutoie les 20 % et celle du 2,1 % tourne autour de 60 %. « Ici, c’est une pharmacie de conseil », résume Christine Genin-Cossin pour expliquer ces ratios.

ÉQUIPE

1 titulaire

2 adjointes

3 préparateurs

1 élève préparatrice

1 secrétaire

SURFACE TOTALE 350 m²

SURFACE DE VENTE 190 m²

C.A 2019 (au 30/06/19) 1,94 M €

(-2,75 % vs 2018)

RÉPARTITION PAR TAUX DE TVA

60,4  % de TVA 2,1 %

14,9 % de TVA 5,5 %

5,7 % de TVA 10 %

19,2 % de TVA 20 %

TAUX DE MARGE COMMERCIALE

29,08 % (+1,6 % vs 2018)

Au 30/06/19

FRÉQUENTATION MOYENNE

192 clients/jour

GROUPEMENT

PHR

ENSEIGNE

Ma Pharmacie Référence

PRÉSENCE SUR INTERNET

Facebook Site web marchand via Doctipharma

OLIVIER TOMA

Fondateur de Primum Non Nocere

A l’heure de la retraite, Christine Genin-Cossin, depuis toujours engagée chez PHR, aspire à une dynamique de santé environnementale…

Quel est votre constat général en matière de RSE ?

Cette pharmacie a déjà engagé une dynamique RSE sans le savoir. Des ateliers de sensibilisation pour les patients, des téléconsultations, des conseils pour l’alimentation des nouveaux nés, une application (visitor book) sur le terminal de carte bleue pour mesurer la qualité perçue en continue et la création d’une association, Telepharm (lire p. 18), qui permet – dans ce territoire réputé pour être un désert médical – d’aider les patients à obtenir des rendez-vous médicaux.

Avez-vous une recommandation à formuler ?

Les collaborateurs n’ont pas accès à des formations continues relatives à la prévention de l’exposition aux perturbateurs endocriniens, ou aux nanoparticules dans les médicaments, les cosmétiques et les dispositifs médicaux. C’est le moment de lancer des programmes de formation en ligne pour devenir les leaders sur le sujet.

La méthodologie : L’observatoire exclusif de Développement durable Primum Non Nocere – Pharmacien Manager – analyse la maturité et l’engagement RSE des officines. Pour la Pharmacie du Griffon à Argentan, les données ont été évaluées via un questionnaire THQSE® réalisé avec la titulaire Christine Genin-Cossin.

NOTE GLOBALE 54,4 %