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UNE BAISSE MÊME EN VALEUR

Publié le 14 décembre 2013
Par Francois Pouzaud
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Avec un montant moyen de 424 k€ (après remises et avant coopérations commerciales), la marge de l’officine régresse en valeur de 1,55 % par rapport à 2011. Et ce, malgré l’augmentation des ventes de génériques.

Effet générique oblige, le taux de marge a augmenté de 27,8 % en moyenne en 2011 à 28,3 % en 2012 (source : FSPF). Une progression toutefois en trompe l’œil puisque la marge n’augmente pas en valeur absolue du fait de la régression du chiffre d’affaires.

Là encore, les résultats sont très dispersés : 12 % des officines margent à 26 % ou moins, tandis que 31 % (en général, celles les plus importantes) ont un taux de marge égal ou supérieur à 29 %. La marge moyenne en centre-ville et en quartier est de 28 % du CA, et de 28,7 % pour les officines rurales de centre-bourg. Celles de centre commercial remportent toujours la palme, avec une moyenne de 29,2 %.

Pour Philippe Besset, vice-président de la FSPF, ces différences tiennent aux « performances » d’achats des officines qui sont liées à leur volume d’activité. L’effet de taille ne se retrouve pas dans les analyses de taux de marge en fonction du CA. « Le taux de marge est identique entre une petite pharmacie et une grande pharmacie, cela signifie que la petite vend plus cher alors que la grande, qui obtient de meilleures conditions d’achats, rend tout ou partie de ses remises à ses clients en vendant moins cher », analyse-t-il. En revanche, la dépendance est clairement démontrée entre taille de l’officine et importance de la marge en valeur.

DES COOPÉRATIONS QUI CREUSENT LES INÉGALITÉS

Comme l’an dernier, la marge est sous perfusion et soutenue essentiellement par les prestations de services entre pharmaciens et laboratoires de génériques. La coopération commerciale continue de progresser en 2012, mais à un rythme plus faible qu’auparavant. Pour une officine moyenne qui réalise un CA HT de 1,491 M€, elle représente 34 k€ en moyenne, contre 30 k€ en 2011 et l’équivalent de 2 points de marge, soit encore 21 % du résultat net en 2012.

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Le montant des coopérations commerciales est plus élevé et progresse plus vite avec la taille (62 k€ en moyenne pour un CA de plus de 2 M€, + 18 % contre près de 6 fois moins, soit 10 k€, pour un CA inférieur à 800 k€, + 7 %). « Ces inégalités suffisent à justifier un changement de modèle de rémunération sur les génériques, même si les pharmaciens sont très attachés à l’existant », explique Philippe Besset. Un discours difficile à faire comprendre à des titulaires de petites officines qui, sans les coopérations commerciales, ne parviendraient pas à joindre les deux bouts. « Si on continue de soutenir ce modèle, ce sont elles qui seront les premières à aller dans le mur. »

LA BAISSE DE MARGE SE RALENTIT EN 2013

Sur sept ans, la marge du réseau sur le médicament remboursable n’a jamais suivi l’évolution de l’ONDAM et n’a jamais retrouvé son niveau de 2005 (5,72 Md€) pris comme base 100 dans les analyses de la FSPF. Après trois années de fluctuations entre 2006 et 2008 et de relative stabilisation sur la période de 2009 à 2011, la marge s’érode à nouveau en 2012 (– 2,44 % à 5,478 Md€), puis moins sévèrement en 2013 (– 0,27 % à 5,463 Md€, sur 12 mois à fin août).

Fait nouveau : l’industrie pharmaceutique vit sa première baisse de chiffre d’affaires. « Pour la première fois, la marge de l’officine a décru moins vite que le prix industriel, remarque Philippe Besset. Le médicament a toujours été le meilleur élève de l’ONDAM, c’est le seul poste qui a permis de réaliser des économies substantielles, alors que sur les autres dépenses on ne fait que limiter tous les ans leur augmentation ! »

Lexique

Marge

Différence entre lesventes de lapharmacie et les achats consommés, en déduisant les remises et les coopérations commerciales obtenues.

Taux de marge

Rapport en pourcentage de la marge en valeur sur les ventes.