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Trou de la Sécu : la conjoncture explique-t-elle tout ?

Publié le 13 juin 2003
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Dans un système de santé entretenant l’aberration économique d’échanges où ceux qui décident des achats – les prescripteurs – n’en sont ni les payeurs, ni les consommateurs, prenez une profession qui prétend cumuler l’indépendance des libéraux et la sécurité des fonctionnaires.

Prenez un système de remboursement des médicaments gangrené, entre autres, par le mythe de l’« innovation ».

Prenez, enfin, un système hospitalier qui, outre les inconvénients susmentionnés, cultive à un degré rare les tares de la fonction publique.

Prenez maintenant un ministre qui, via l’augmentation de la consultation à 20 euros, récompense d’emblée les prescripteurs d’une augmentation à laquelle le payeur s’était durablement opposé, non sans raisons.

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Imaginez que non content de se faire le porte-voix des multinationales pharmaceutiques en reprenant au nom de l’Etat leur maître mot promotionnel, il va, par des baisses de remboursement intempestives, priver d’alternative ceux des prescripteurs moins complaisants qui jugent que le coût des « innovations » n’est pas en proportion de leurs bénéfices démontrés. Demandez-vous, enfin, s’il est possible qu’un hospitalier pure race s’attaque sérieusement à un système conçu pour que n’y survivent pas ceux qui ne s’y sentent pas comme des poissons dans l’eau. La baisse des recettes a bon dos, mais elle est conjoncturelle : il est à craindre que l’action de monsieur Mattei, elle, n’ait des conséquences plus durables…