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Trésoreries tendues : solliciter ses confrères en soutien financier
L’insuffisance récurrente de trésorerie est une situation préoccupante, qui perturbe la bonne marche de l’officine, affecte l’« estime de soi » du titulaire et mène parfois à des décisions radicales, comme la vente de l’officine en dernier recours. Toutefois, si la situation n’est pas trop « compliquée » et que les causes sont bien analysées, des solutions relativement simples peuvent être envisagées. L’une d’elles consiste à recourir au soutien financier des confrères.
Amaury Tierny, expert-comptable associé au cabinet AdéquA, précise : « Cette voie entraîne une certaine perte d’indépendance et, par ailleurs, n’est pas gratuite. Les financeurs, futurs associés ou non, attendent un rendement légitime, que ce soit via la rentabilité des capitaux investis ou un taux d’intérêt, d’autant plus élevé selon la durée de l’investissement et le risque pris. » Cette aide peut prendre deux formes : la participation au capital ou le prêt.
Opération sur le capital : dans quelles situations ?
Une augmentation de capital peut être proposée à certains associés actuels ou à de nouveaux, dans le but de consolider la situation économique de la société (associés investisseurs) ou de renforcer sa capacité de travail (associés exploitants). Ces apports financiers extérieurs permettent d’investir, de désendetter l’entreprise ou tout simplement de restaurer la trésorerie à un niveau minimal pour le bon fonctionnement quotidien.
Olivier Delétoille, autre expert-comptable chez AdéquA, complète : « Lorsque les options de financement traditionnel se ferment, cette voie n’appauvrit pas les associés existants, bien au contraire. » Par exemple, une société d’exercice libéral (SEL) valorisée à 1 million d’euros avec une trésorerie fragile peut faire appel à un confrère pour augmenter le capital de 250 000 €. Les associés d’origine, possédant 100 % de la SEL, détiendraient, après l’opération, 80 % d’une SEL valorisée à 1 250 000 €, soit toujours 1 million d’euros. En plus, cet apport de liquidités permet de refinancer des emprunts antérieurs, contractés à des conditions avantageuses, et enrichit indirectement les associés d’origine. D’autre part, cette aide peut aussi favoriser une collaboration plus étroite entre officinaux d’une même zone, bénéfique pour tous.
Le prêt classique
Toutefois, il n’est pas toujours nécessaire d’ouvrir le capital pour profiter d’une contribution des confrères. Ces derniers peuvent aussi consentir des prêts classiques ou obligataires non convertibles, offrant ainsi au prêteur un placement rémunéré à un taux fixé d’avance. « En pratique, ce type de crédit est remboursable “à terme”, c’est-à-dire une fois les emprunts bancaires traditionnels réglés. Dans ce cas, le risque pris par le prêteur est légitimement rémunéré à un taux annuel de 6 à 10 % », ajoute Amaury Tierny. Ce mécanisme de financement, simple, efficace et transparent, offre aux pharmaciens qui ont atteint leur plafond légal de détention d’officines une solution pour continuer à aider des confrères tout en percevant une juste rémunération.
Ces soutiens sont souvent accordés par des personnes physiques ou, plus couramment, par des sociétés de participations financières de professions libérales (SPF-PL). Selon Thomas Crochet, avocat associé du cabinet Officiis : « Sur le plan juridique, une SPF-PL est destinée à détenir des titres de SEL, c’est pourquoi elle peut déjà effectuer des avances en comptes courants auprès des SEL dont elle est associée. Mais un prêt d’une SPF-PL à une SEL sans détention de titres ne rentre pas littéralement dans le cadre réglementaire. »