Ruptures de stock : pourquoi la situation est-elle toujours tendue sur les corticoïdes ?

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Ruptures de stock : pourquoi la situation est-elle toujours tendue sur les corticoïdes ?

Publié le 7 avril 2023
Par Yves Rivoal
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Alors que la situation semble s’améliorer sur le front du paracétamol et de l’amoxicilline, les approvisionnements en prednisone et prednisolone ne sont pas fluides. Plusieurs facteurs sont en cause.

« Lors d’une réunion en fin de semaine dernière avec l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), nous avons fait un point sur les ruptures, confie Pierre-Olivier Variot, le président de l’Union des syndicats de pharmacies d’officine (USPO). Si la situation semble s’améliorer sur la prednisone et la prednisolone, grâce à une baisse des pathologies, et donc des sorties, elle demeure fragile car les approvisionnements sont toujours très faibles. »

Ce constat dressé par le président de l’USPO est corroboré par le Gemme, l’association GEnérique Même MEdicament, qui représente les professionnels et industriels français des médicaments génériques et biosimilaires. « L’approvisionnement en prednisone et prednisolone est en tension depuis le mois de janvier, reconnaît Rémy Petitot, le responsable des Affaires publiques de Biogaran. Après une forte baisse des pathologies hivernales en 2020 et 2021, 2022 a été marquée par une très forte incidence de la grippe, de la bronchiolite et de virus. Résultat : le GERS a enregistré une augmentation de 75 % des prescriptions de la prednisolone effervescente et de 18 % pour la prednisone 20 mg entre mars 2022 et 2023. »

Les industriels ont aussi été confrontés à une rupture d’approvisionnement sur un excipient, le Kollidon, fabriqué par BASF en Allemagne. « Il a donc fallu le remplacer, ce qui a occasionné des retards sur les chaînes de production, souligne Rémy Petitot. Et comme la production se concentre sur très peu d’acteurs, en partie à cause des contraintes de prix pesant sur les produits matures et génériqués, les acteurs n’arrivent toujours pas à approvisionner le marché à hauteur des besoins, alors que les usines travaillent à flux tendus. »

Des ventes directes en hausse

Délégué général de la Chambre syndicale de la représentation pharmaceutique (CSRP), Emmanuel Dechin avance, lui, une autre explication. « Les pharmacies qui s’approvisionnent en direct ont, par précaution, constitué des stocks très importants, confie-t-il. Les ventes directes sont ainsi passées de 20 à 60 % sur la prednisone ou la prednisolone. Cela a aggravé une situation déjà très tendue pour des milliers d’officines qui n’ont pas pu être équitablement approvisionnées par les grossistes-répartiteurs. Il faudrait, à tout le moins, que l’ANSM pilote la mise en place de bonnes pratiques pour que les officines ne soient pas pénalisées », conclut Emmanuel Dechin.

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