Ruptures de stock de médicaments : la faute aux prix trop faibles ?

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Ruptures de stock de médicaments : la faute aux prix trop faibles ?

Publié le 16 avril 2024
Par Magali Clausener
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La faiblesse des prix des médicaments en France a t-elle un impact sur les pénuries de produits de santé ? Réponse à travers une étude commandée par Les entreprises du médicament (Leem) sur 450 médicaments.

Le Leem a sollicité une analyse du cabinet Simon-Kucher & Partners (SKP) sur les prix des 450 molécules essentielles qui figurent dans la liste établie par le ministère de la Santé en 2023. Pour rappel, cette liste est destinée à prioriser les médicaments dont la relocalisation doit permettre à la France d’assurer sa souveraineté sanitaire. Ces 450 médicaments sont pour la plupart des molécules anciennes.

La moitié des médicaments avec un prix inférieur à 1 €

Il résulte de l’analyse de SKP que :

– les prix de ces médicaments sont globalement plus bas que ceux du reste du marché français : 56 % ont un prix fabricant hors taxe unitaire inférieur à 1 € et 36 % inférieur à 25 centimes, contre respectivement 41 % et 26 % pour les autres médicaments qui ne sont pas considérés comme essentiels ;

– leurs prix sont en moyenne entre 15 % et 30 % plus bas en France qu’en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie.

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Près de 500 baisses de prix

Par ailleurs, le Leem relève que les hausses de prix des médicaments restent très minoritaires en France par rapport au nombre de baisses : 9 hausses contre 499 baisses en 2022. En 2023, il y a eu 24 hausses.

L’organisation professionnelle rappelle que la Toulouse School of Economics (TSE) a mis en évidence dans un working paper de 2023 que les prix bas en France sont associés à un plus grand nombre de pénuries et une plus grande amplitude des ruptures d’approvisionnement sur le territoire.

En conclusion, le Leem réitère ses propositions :

– accélérer les hausses de prix pour les médicaments dont les conditions économiques ne permettent pas de sécuriser leur production ou leur mise à disposition ; – amorcer une réelle décroissance du montant de la clause de sauvegarde pour atteindre moins de 500 millions d’euros d’ici 3 ans ;

– considérer le médicament comme un investissement et non pas uniquement comme une dépense à couper pour le système de santé, en lui octroyant une croissance de financement au moins équivalente à celle des autres postes de l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam).